« Bonne question », rétorquait l’intéressé quand un journaliste lui demande comment il peut vraiment s’adapter aux Mavericks. « J’essaye de faire le boulot. Je fais ce que j’ai à faire et ce que les coaches me demandent de faire. Sans trop réfléchir. Le reste suivra naturellement. »Le reste représente ici le statut auquel Kristaps Porzingis aspire depuis qu’il a été drafté en quatrième position en 2015. Il se voit comme une star, encore aujourd’hui, et aimerait avoir l’opportunité de le montrer. Sauf que pour l’instant, tout ce qu’il montre, ce sont ses limites et surtout celles de son corps. Un jeune joueur – 26 ans en août – un tant perçu comme prometteur mais dont les multiples blessures au genou l’ont sérieusement fait perdre en mobilité.
Toujours la faute des autres
Admettre qu’il n’est plus physiquement en mesure de s’affirmer comme ce joueur là est particulièrement difficile. Il reste, comme ses pairs, un compétiteur qui n’a d’autre choix que de croire en lui. Personne n’arrive jusqu’en NBA, le championnat le plus relevé du monde, sans se faire confiance. Alors les soirs où ils ne marquent pas, ou peu, il charge de manière subtile mais pas vraiment discrète le plan de jeu des Mavericks.« Ce sont nos systèmes », lâchait-t-il après une défaite contre les Houston Rockets le 7 avril dernier, un match au cours duquel il avait inscrit 23 points mais sans prendre de tir dans le quatrième quart temps. « Mais ce n’est pas la première fois que ça arrive. »Une pointe (et plus que ça) d’agacement qu’il ne dissimule pas. Un tacle, même indirect, envers Rick Carlisle mais aussi Luka Doncic – avec qui il ne s’entend pas particulièrement bien –, qui se retrouve au cœur de toute l’attaque de Dallas quand son camarade se contente des miettes. C’était particulièrement vrai dans cette série. Le maître à jouer des Mavericks se retrouvait impliqué dans 75 à 80% des paniers marqués par les siens chaque soir. Des marques historiques. Luka Doncic et Kristaps Porzingis en froid ? Mark Cuban avoue ! Porzingis aurait bien voulu avoir plus de ballons à jouer. Et les coaches aimeraient sans doute que Doncic puisse se reposer par moment. Il semblait complètement claqué à la fin de ce Game 7, comme en témoigne sa différence d’impact entre la première et la seconde période. Mais à qui pouvait-il passer la balle ? Dans l’idéal, à un deuxième joueur de son calibre… donc a priori au géant balte. Sauf que ce n’est plus possible aujourd’hui. Malgré ses 221 centimètres, il ne sait pas (ne sait plus ?) se faire violence près du panier. Les Clippers l’ont pourtant incité à post-up en plaçant constamment un ailier sur lui, histoire d’être sûrs de pouvoir switcher les picks-and-pop entre les deux Européens. De la taille, du touché mais plus de puissance et peut-être même plus d’envie de se frotter dessous. Kristaps Porzingis se fait bouger plus qu’il ne bouge ses adversaires. Il est devenu un joueur au large. Un Brook Lopez de luxe. Sauf que sa perte de mobilité fait de lui une faille à exploiter pour les équipes qui défient les Mavericks. Il ne peut pas courir loin du panier et il ne protège pas le cercle non plus. Il ne domine pas aux rebonds.