Kris Dunn a connu bien des galères dans sa vie. Pré-ado, il vivait seul avec son grand frère à peine plus âgé pendant que leur mère faisait des allers et retours en prison. Jusqu’au jour où elle a fini à manquer à l’appel pendant plusieurs mois. Les deux enfants se sont alors débrouillés seuls pour manger. Vols, jeu de hasard, duels sur le playground… tous les moyens étaient bons pour amasser de l’argent. Leur père, qui avait déjà refait sa vie à plusieurs centaines de kilomètres de là, a finalement eu vent de la situation. Il a roulé toute une nuit pour aller chercher ses gamins. Il leur a donné un nouveau foyer. Des bases plus solides. Et une opportunité de s’en sortir.
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Donc oui, des épreuves, Dunn en a traversé un paquet. Mais sortir du banc ? Apprendre à gérer la frustration d’un tout petit temps de jeu ? Jamais. Ça lui a fait tout drôle de passer de son statut d’icône à l’université de Providence – où il a effectué un cursus complet – à porteur d’eau en NBA. Bien que drafté en cinquième position par les Minnesota Timberwolves en 2016, le jeune meneur n’a que très peu vu le terrain lors de sa saison rookie.
« Imaginez que toute votre famille vienne vous voir jouer et vous restez cloué sur le banc. Ça ne m’était jamais arrivé ! C’était dur. J’étais presque embarrassé. Toute ma vie, ma famille m’a vu comme l’élu. Comme la star. J’avais le sentiment de les laisser tomber. Il y a des moments où je n’osais même pas les regarder dans les yeux après les matches. J’avais l’impression de plus être la personne qu’ils connaissaient », explique l’intéressé.
La frustration de ne pas jouer était donc amplifié par la pression qu’il se mettait lui-même sur les épaules. En tant qu’athlète pro, ou aspirant à devenir athlète pro, Kris Dunn était (est !) une fierté pour une famille qui a affronté l’adversité à de nombreuses reprises. Mais il en a profité pour grandir. Encore. Lui qui était déjà considéré comme plus mature que ses camarades de promotion, aussi bien mentalement que physiquement – ce qui en faisait d’ailleurs un candidat au ROY – en a profité pour en sortir encore plus fort.
Un jeune qui a pris le taureau par les cornes
Ses déboires aux Wolves, il les a mis de côté. Son transfert à Chicago – il a été inclus dans le package pour Jimmy Butler – lui a donné une occasion de relancer sa carrière. Enfin… de la lancer plutôt. Il jouait à peine 17 minutes l’an dernier alors qu’il en passe désormais dix de plus. Ses statistiques sont donc elles aussi évidemment revues à la hausse. Il est passé de 3,8 points et 2,4 passes à 11,8 pts, 4,7 rbds et 4,4 pds. Il a notamment gagné sa place dans le cinq d’une équipe des Bulls en reconstruction. Ça se voit qu'il a repris confiance. Il est plus agressif. Moins hésitant. Et donc en conséquence plus adroit. Le jeu se ralentit peu à peu pour lui.
Le garçon monte doucement en régime. Il a aligné 13,5 points à 46%, 56% derrière l’arc, 4,8 rebonds et 5,3 passes sur les dix derniers matches. L’échantillon est faible, certes. Mais à ce rythme, Kris Dunn peut s’éviter l’étiquette de « bust » rapidement collée à tous prospects qui performe en-deçà des attentes. Sa place dans le projet des Bulls est aussi floue que le projet en lui-même. Il a au moins une opportunité. Et, encore une fois dans sa vie, il a prouvé qu’il était capable de surmonter une épreuve et d’en sortir grandi.
Le record en carrière de Kris Dunn contre les Suns
https://www.youtube.com/watch?v=jPpNQeCml3Q