De la loi de la réciprocité
Les deux semblent entretenir une relation étrange. Joe et Pam ont pourtant vécu avec Kobe après sa signature chez les Lakers en 1996. Joe a roulé dans une BMW offerte par son fils. Il est devenu membre exécutif de l'Olimpia Milano après que Kobe en est devenu propriétaire à 50% en 2000. Et pourtant en 2003, Joe est resté étonnamment silencieux lorsque son fils fut accusé d'agression sexuelle. Peut-être que la réussite définitive en NBA a représenté une rupture car le lien qui a uni les deux en Italie a été puissant : Joe lui a transmis la passion, a aiguisé son imagination et son inventivité, décortiquant le dribble de Magic et le drop step de Larry Legend, gobant quantité de rebonds et participant à des un-contre-uns si intense que Pam, la mère devait y mettre un terme. En somme, Joe n'a jamais été un tueur et ne possède le sang froid de Kobe mais Jellybean aura inculqué à son fils, un instinct, une émotion, le souffle de la passion. Si différent de son père, Kobe semble, en fait, tirer sa rage de vaincre de sa mère et de la famille de sa mère. De fait, son oncle maternel a eu une carrière NBA fugace (7 matches avec Washington au début des années 1980) et ses cousins germains John Cox - aujourd'hui professionnel au Havre - et Sharif Cox ont longtemps fait office de sparing partners pour Kobe. Notamment Sharif, qui le battait inlassablement en 1x1:« Le fait de perdre ces matchs contre Sharif a en partie construit le devenir de Kobe », explique même John Cox.Par ailleurs, si intense soit-elle, la relation que Kobe entretient avec son père est marquée par une réciprocité très étonnante. Joe a accompagné son fils en NBA. Lors sa saison rookie, au cours de laquelle Kobe a entretenu des rapports très froids avec ses coéquipiers alors qu'il sortait à peine du lycée, Joe a épaulé son fils. Il lui a appris à devenir un joueur confiant, sûr de ses moyens, capable de rêver en grand. Étrangement, les qualités humaines qui ont freiné la carrière de Joe auront en partie permis à Kobe de s'envoler vers les cieux de sa légende.
« Le plus important, à nos yeux, était d'élever nos enfants afin qu'ils soient de meilleures et de plus fortes personnes que nous le sommes », confie ainsi Joe Bryant.Au cours de son match contre les Malaysia Dragons, l'une des meilleures équipes du championnat, Joe Bryant est parvenu à conquérir la victoire. Hystériques, les joueurs ont hurlé avec une foule de 300 supporteurs en délire. Parmi eux, Joe Bryant qui applaudissait ses joueurs avant d’être porté en triomphe, comme s'il avait remporté le trophée Larry O'Brien. Surmontant une foule surexcitée, son sourire a laissé place à ses dents du bonheur qui ont illuminé la salle alors qu'on pouvait facilement imaginer Kobe, concentré, en train d'analyser une vidéo. Voilà peut être l'écart qui les lie : Joe Bryant ne sera sûrement jamais parmi les grands, mais il est heureux. À l'inverse, Kobe Bryant, éternel insatisfait, n'atteindra peut-être jamais l'idée de bonheur et c'est précisément qui en fait un grand. L'article de Chris Ballard sur Sports Illustrated