Kobe et Jellybean Bryant, destins croisés

Chris Ballard de Sports Illustrated est allé rencontrer Joe Bryant, "père de", pour mieux comprendre la personnalité du fils.

Kobe et Jellybean Bryant, destins croisés
Le site de Sports Illustrated publiait aujourd'hui un magnifique article de Chris Ballard sur la relation on ne peut plus complexe entre Kobe Bryant et son père, qui était initialement passé dans la version papier du célèbre magazine. Plutôt que de n'en tirer que quelques citations, nous avons choisi d'en faire une traduction résumée afin que les non anglophones puisse profiter au mieux du travail de Ballard. Pour ceux qui comprennent l'anglais, nous ne saurions trop vous conseiller d'aller lire son article dans son intégralité ici. Pour les autres, en voici notre version.   En 1981, Kobe n'a que 3 ans mais, déjà, il se voit Bryant. Alors que son père, Joe Bryant, s'apprête à débuter son match avec les Clippers, Kobe file dans sa chambre, met la main sur un jersey des Clippers et fonce devant la télévision. Son père prend un shoot ? Kobe l'imite sur sa planche Dr. J. Bryant père use de son agilité pour s'ouvrir un chemin vers l'arceau et voilà que Bryant fils efface des défenseurs imaginaires, feintant le lampe et le divan. Kobe n'a que 3 ans. Il veut faire comme son père. Trente ans ont passé, Kobe a 33 piges. Il a fait mieux que son père, mais peu importe. Joe Bryant a fait découvrir le basket à Kobe. Il a joué pour 10 équipes différentes et dix-huit ans durant. Il a entrainé en WNBA, ABA, au Japon, au Mexique, en Italie. Il a même dirigé une équipe dans la SlamBall league. En somme, il a nourri la passion de Kobe en lui offrant un panorama élargi du jeu. Aujourd'hui, 13 300 kilomètres séparent Kobe de Joe. Alors que son fils court après une sixième bague qui viendra magnifier sa légende, le père est allé rechercher un dernier défi, dans la moiteur et l’exotisme de Bangkok. À la tête des Cobras, dans l'AirAsia ASEAN Basketball League, Joe Bryant tente de rassasier sa soif de basket. Le paternel vit dans un petit appartement, baragouine à peine trois mots en thaïlandais et circule dans l'agitation de Bangkok en transports en commun. Arrivé au petit matin, au début du mois de janvier, Joe Bryant s'était assis sur le banc le soir même. La passion. Aussi enflammée et pourtant si différente, que celle qui anime le regarde de la star californienne. Longtemps, les gens ont regardé Kobe en cherchant quelque trace de Joe. De fait, le gamin chétif qui prenait possession du parquet italien lorsque son père rentrait au vestiaire avait tout de son père. Joe « Jellybean » Bryant était une légende des playgrounds de Philly, respecté pour un handle digne d'un meneur, son shoot longue distance et son jeu assassin au poste qui rappelait la force que lui conférait sa puissance physique. Tellement de moves qu'il semblait bouger comme de la gelée : de manière déroutante et trouble. Jellybean. Les Italiens en étaient tombés amoureux et le plaçaient, dans un emportement typiquement méditerranéen, devant Magic et Jabbar. Sur le terrain, Joe dribblait comme un saltimbanque, irradiant la foule de son sourire et jouant avec elle. De sa saison junior NCAA, on retient une action qui résume l'état d'esprit de Jellybean. Contre Lafayette, à deux minutes du terme et avec 8 points d'avance en faveur de La Salle, Joe Bryant chipe la gonfle et file vers l'arceau. À une époque où le dunk était interdit et sanctionné par la NCAA, Jellybean s'envole et claque un énorme dunk à deux mains :
« Coach, j'étais obligé ... J'ai attendu toute la saison pour faire ça », s'excusa-t-il, rieur, envers coach Westhead.
Pour Jellybean, le basket était une aventure, un spectacle. Peut-être était-il en avance sur une époque qui peinait à voir au-delà des œillères des fondamentaux. Peut-être cela lui a-t-valu une expérience NBA relativement courte, lui ouvrant par ailleurs les voies d'une carrière en forme de bohème.