La mort de Kobe Bryant n'est toujours pas digérée, alors que l'on va bientôt déplorer les quatre ans de sa disparition. L'ex-Staples Center, seule aire de jeu que Kobe a connu durant ses vingt années de carrière et qui a été le théâtre de nombreux exploits, est toujours hanté par ses exploits. Cinq titres, un trophée de MVP de la saison régulière, deux des Finales NBA.
Et puis, il y a eu ces performances "kobesques". Ses 62 points en trois quart-temps contre Dallas, ses 55 points face à Michael Jordan, ses 60 points pour conclure une carrière immense. On en oublie une, la plus belle, la plus impensable, la plus légendaire. C'était il y a 18 ans, jour pour jour.
Il était impossible de ne par parler à nouveau de cette soirée incroyable, où le monde du basket a été suspendu pour voir jusqu'où un joueur pouvait aller dans l'excellence. Récit.
22 janvier 2006, Los Angeles Lakers - Toronto Raptors
Il y a des performances qui marquent une carrière qu’elles soient collectives ou individuelles. Et il y a celles qui marquent son sport à jamais. Ce soir là, Kobe Bryant va réaliser l’impensable et certainement la plus invraisemblable performance de l’histoire du basket avec les 100 points de Wilt Chamberlain en 1962.
« Je pense que la plupart des gens trouveront ça dingue, mais inscrire 81 points ne m’a pas surpris. (…) J’espère que les gens ne prendront pas ça pour de l’arrogance, mais vous devez comprendre qu’à mon âge, 27 ans, au top de ma forme, cela ne m’a pas surpris », a-t-il expliqué sur ESPN, 10 ans après cet invraisemblable carton.
« Il y a beaucoup de joueurs, maintenant, qui pensent que marquer 80 points n'est pas possible. 50 si t'es chaud, 60... Moi je n'ai jamais pensé comme ça, jamais. J'ai toujours pensé que mettre 80 points était possible, que mettre 90 était possible, que mettre 100 était possible.»
Des déclarations, une décennie plus tard, qui ne surprenaient même plus venant d'un joueur qui a été façonné par la confiance qui l'habitait. Une confiance démesurée.
22 janvier 2006, Toronto se présente au Staples Center pour y affronter des Lakers en pleine reconstruction après une année à digérer le départ de Shaquille O’Neal vers Miami. En somme un match de saison régulière comme un autre. Kobe Bryant, au sommet de son art et meilleur marqueur de la ligue, n’est que trop seul pour tenter d’amener son équipe en playoffs, pas étonnant quand ses coéquipiers de l’époque s’appellent Smush Parker, Kwame Brown ou encore Chris Mihm.
À la place, il multiplie les cartons et tourne à plus de 35 points par match, meilleur total sur une saison depuis les 37,1 points de moyenne de Michael Jordan en 86-87. Au mois de novembre, il inscrit 62 points en seulement trois quart temps face aux Mavericks de Dallas.
L'incroyable et touchante anecdote de Kobe Bryant sur son match à 81 pts
55 points en deuxième mi-temps
Pourtant même à la mi-temps, personne n’imagine le scénario de ce Los Angeles Lakers - Toronto Raptors. Les Canadiens dominent la rencontre et Kobe n’en est « qu’à » 26 unités. Changement de décor dans le 3ème quart temps, Kobe, plus agressif, enchaîne les points. 27 pions pour effacer un retard de 18 longueurs. Avant même le quatrième quart, il totalise 53 points.
Complètement déchaîné, le natif de Philadelphie ne s’arrête pas là. Les 60 sont atteints à 6’30 de la fin. Deux minutes plus tard, c’est la barre des 70 qui est franchie et par conséquent son nouveau record en carrière. Il dépasse également son idole, Michael Jordan, dont la meilleure marque est bloquée à 69 unités.
Il reste quatre minutes, tous les spectateurs restent ébahis par ce qu'il se passe sur le terrain. Le score devient alors anecdotique tant on attend où s’arrêtera l’arrière californien. Les records tombent les uns après les autres. Sur deux nouveaux lancers francs, Bryant dépasse Elgin Baylor et ses 71 points pour établir la meilleure marque pour un Laker sur un match.
De superstar à légende
À 45 secondes du terme de cette rencontre historique, il inscrit ses 80 et 81èmes points, la deuxième meilleure performance de tous les temps derrière l’indétrônable Wilt Chamberlain. Acclamé par les chants « MVP » des 18000 spectateurs à sa sortie du terrain, sa ligne de statistiques est surréaliste : 81 points à 28/46 aux shoots (60%), 7/13 à 3 pts et 18/20 aux lancers, 6 rebonds et 3 interceptions.
« C’est difficile de parler. Même en rêve, je n’avais jamais imaginé cela. C’est juste une de ces soirées où tout peut arriver… », sont les premiers mots du Black Mamba.
Kobe Bryant n’a surement pas réalisé, sur le moment, ce qu’il venait de faire pendant 48 minutes. 48 minutes et 81 points qui l’ont fait passer de superstar à légende du sport.