1. Le coach
Il y a quelques situations bien chaudes qu'on ne souhaiterait pas à notre pire ennemi (même ce con de voisin qui s'est encore garé comme une bouse en empiétant sur notre place de parking, ou ce chouchou du patron qui prend 8 pauses clopes et 6 pauses café pendant que les autres taffent). Entraîner ces Lakers 2015-2016 en est une. On est bien conscient que ce n'est pas non plus la même tannée que de coacher les Sixers, tellement à la masse qu'ils entrent parfois sur le terrain à 6, mais le contexte est particulier et les attentes autour de LA sont plus grandes qu'ailleurs. Byron Scott n'est évidemment pas le seul responsable de ce merdier.
Cela dit, la passivité et l'absence de choix forts dans son coaching sont assez désespérantes. On a réellement l'impression que Scott est juste un spectateur privilégié qui a le droit de regarder le match un peu plus près que les autres. Bras croisés et sourcils froncés, il laisse les choses se passer sans réelles tentatives de systèmes, d'axes de jeu un peu innovants ou adaptés à la situation. On ne dit pas qu'il existe 50 techniciens capables de faire beaucoup mieux dans cette situation, mais Byron Scott n'est clairement pas l'homme de celle-ci. Pourquoi pas un universitaire avec un projet rafraîchissant et clair, à l'image de ce qu'ont fait les Celtics avec Brad Stevens ?
2. Le roster
Sur le papier, il y a quand même de quoi faire quelque chose de correct. Roy Hibbert est censé être l'un des meilleurs pivots de la ligue (même si son mojo s'est égaré dans l'Indiana il y a déjà deux ans), Lou Williams est le 6e homme de l'année en titre, les jeunes ne sont pas des manchots (D'Angelo Russell et Julius Randle sont des lottery-picks, Jordan Clarkson un steal au 2e tour et Larry Nance Jr un Marsupilami) et avoir une wild-card comme Nick Young peut très bien être un atout. Sauf que la mayonnaise n'a pas pris, quoi de plus normal à l'Ouest, et c'est finalement un vilain gloubi-boulga amené à être désintégré l'an prochain dont dispose Byron Scott. Pour faire rester Kobe, il faudra plus que du menu fretin. Mitch Kupchak va devoir bosser comme il faut pour ramener des joueurs de calibre supérieur capables de sauver le navire. Via un trade ? On se souvient que des rumeurs parlaient d'un vif intérêt pour DeMarcus Cousins, avec la possibilité d'utiliser le pick du 1er tour 2015 dans la transaction. Pour redevenir compétitive rapidement, la franchise pourrait-elle se permettre de refuser un deal impliquant Russell ou Randle s'il permet de faire venir "Boogie" ? L'autre priorité, en plus de l'ajout d'un All-Star, serait évidemment d'amener un peu d'expérience et de leadership dans ce vestiaire. Kobe semble trop seul pour cette tâche et ne peut s'y jeter à corps perdu s'il est déjà en difficulté avec ses propres performances. Quelques vétérans sur le modèle de ce qu'ont fait les Wolves avec Kevin Garnett, Tayshaun Prince ou Andre Miller pour encadrer Andrew Wiggins, Karl Towns et consorts ne seraient ainsi pas de trop...3. L'attitude
C'est l'un des soucis qui sautent le plus aux yeux dans ce début de saison. Être en crise de résultats, galérer dans le jeu, OK. Donner l'air de n'en avoir strictement rien à foutre est, par contre, intolérable. Byron Scott était connu comme un spécialiste de la défense il y a quelques années. Visiblement, ses méthodes en la matière ne fonctionnent plus du tout. On pourrait faire une vidéo de 10 minutes sur les errements des Lakers lorsqu'ils subissent une possession adverse ou doivent défendre en un contre un. Ces quelques images devraient suffire, entre du gruyère time et une séquence impliquant Marcelinho Huertas qui permettrait à n'importe quel basketteur du dimanche de croire en une carrière NBA.
4. Le jeu
Cela va de pair avec ce que l'on a dit sur Byron Scott, mais l'équipe n'a absolument aucune identité. Impossible de dire si ce groupe aime joue up-tempo, favorise la défense, le jeu en transition, le run and gun ou le triangle... Kobe Bryant est susceptible de s'adapter à tous les styles, mais il va falloir en définir un. Dans l'absolu, tout miser sur la défense parait compliqué, surtout pour le "Black Mamba", mais c'est de toute manière un secteur où les Lakers vont devoir bosser durant l'été pour avoir une chance d'exister à l'Ouest. Offensivement, impossible aussi d'avoir autant de joueurs indisciplinés et dont l'ADN comporte le gêne du shooteur compulsif. Si l'effectif change peu, il faudra alors inculquer à tout le monde l'envie de partager la balle et de prendre des tirs moins compliqués. Forcément, le public du Staples Center aimerait retrouver un style flashy en même temps que des résultats. Ce n'est pas incompatible et les champions en titre à 5 heures de route de là en Californie l'ont prouvé...
5. Le développement des jeunes
Au vu de la situation des Lakers, gagner 18 matches plutôt que 14 importe peu et ce n'est pas une victoire de plus ou de moins dans le bilan final qui incitera Kobe à revenir ou non. S'il sent qu'il y a des perspectives sympathiques et de quoi accepter de grimacer après un back to back loin de sa famille l'an prochain, Kobe trouvera peut-être la motivation pour poursuivre. Responsabiliser les jeunes tout en leur adjoignant des vétérans qui sauront leur parler et les mettre en confiance parait indispensable. Coller des pétards ambulants bouffeurs de ballon à côté de D'Angelo Russell est contre-productif pour son développement. Le laisser organiser le jeu, quitte à ce qu'il tourne à 6 turnovers par match dans un premier temps, semble déjà plus intéressant pour lui. De même, donner des consignes et des objectifs clairs à Julius Randle plutôt que de le laisser faire des stats de manière anarchique, servira à la fois l'ex-intérieur de Kentucky et les Lakers. L'avenir passe par eux et non plus par Kobe, tout le monde doit se faire une raison sans pour autant envoyer la légende à l'hospice.
6. Le GM
Quitte à opérer un lifting, autant qu'il soit complet. Mitch Kupchak a fait du bon boulot pendant de longues années, mais le General Manager des Lakers n'est peut-être plus dans le coup. Miser autant sur Steve Nash, qui n'aura finalement porté la tunique purple and gold que quelques fois, faire venir Dwight Howard à un an de la fin de son contrat sans prendre le temps de se demander si sa personnalité matchait avec celle de Kobe et des autres anciens, faire confiance à Mike D'Antoni, puis à Byron Scott... Autant d'erreurs que les Lakers payent cher aujourd'hui. Là aussi, une vision plus moderne et plus en adéquation avec la réalité de la NBA aujourd'hui semble nécessaire. Kupchak pourrait parfaitement rester au sein de l'organisation qu'il a contribué à faire prospérer, tout en prenant du recul et en déléguant ses responsabilités à un tiers, si possible qui possède déjà une connexion avec les Lakers.
7. Le fiston
C'est toujours bien de savoir qu'une franchise historique reste dans la famille, surtout quand cette famille a autant fait pour l'équipe, la ville de Los Angeles et la NBA en général. Mais il faut bien reconnaître que Jim Buss, le fils du regretté docteur, fait n'importe quoi depuis que son paternel est décédé. Ses déclarations sur le fait que la presse l'a pris en grippe gratuitement sans jamais lui octroyer le moindre mérite pour les titres acquis dans les années 2000 étaient quasi indécentes. Ses désaccords avec sa soeur Jeanie, dont le discours est nettement plus cohérent, sont aussi handicapants. Les deux ne parviennent notamment pas à s'entendre sur la deadline à laquelle on pourra considérer que les Lakers doivent avoir fini leur reconstruction et viser le titre. Ce flou artistique conduit à des choix à géométrie variable et les Lakers semblent constamment dans l'improvisation. S'orienter vers un rachat ou laisser les clés de la boutique à Jeanie sans s'impliquer davantage serait un choix judicieux pour Jimbo.
8. Le plus important : Kobe
Kobe se fout de la gueule du monde. S'il ne change pas, les choses autour de lui ne changeront pas non plus et il partira sur cette saison de merde, indigne de sa légende, simplement parce que il veut faire les choses comme il l'entend et tirer 25 fois par match. Il est, sur le terrain en tout cas, la raison pour laquelle les Lakers ont du mal à sortir du trou, mais s'auto-persuade que c'est de cette manière que les jeunes autour de lui progresseront. Durant l'intersaison, on avait trouvé Kobe extrêmement positif et pédagogue avec Julius Randle et D'Angelo Russell. C'est probablement toujours le cas en interne. Sauf que le "Black Mamba" n'est pas encore un membre du staff mais bien une star, même sur le déclin, qui doit montrer l'exemple sur le terrain. Défendre dur, choisir ses shoots de manière judicieuse, faire passer l'intérêt collectif avant le sien, etc... Voilà ce que l'on a envie de voir quand le #24 est sur le terrain. On sait parfaitement qu'à 37 ans et avec les blessures qui l'ont frappé, il ne pourra plus marquer 80 pions dans un match où enchaîner 10 matches à 40 points. Mais en utilisant son QI basket et son intelligence tout court, Kobe pourra trouver le moyen d'être un joueur, un partenaire et un leader modèle. Reste à savoir s'il en a vraiment envie.