« On était super frustré après le début de match. On jouait très mal et c’est dur, dans ces circonstances, de se mettre en marche », nous a expliqué Andrei Kirilenko après la victoire. « Mais dans le deuxième quart-temps, Fridzon a commencé à mettre dedans et à enchaîner les paniers, à ce moment on s’est dit “Allez, on ne regarde plus le score, il faut juste qu’on les rattrape un par un et c’était très important pour nous d’arriver à la mi-temps sous les 10 points d’écart. Petit à petit, on s’est arraché pour revenir dans le match et on a réussi à l’emporter. »Et il ne faut pas être trop étonné par ce résultat puisque, depuis que David Blatt coache cette équipe, la Russie a eu plusieurs fois l’occasion de réaliser ce type de braquage. A l’Euro 2007, par exemple, les slaves étaient arrivés avec un statut d’outsider et étaient montés progressivement en puissance pour aller finalement jusqu’au bout en gagnant la plupart de leurs matches clefs sur les dernières possessions (face à la France en quart de finale et surtout face à l’Espagne dans le match pour la médaille d’or). La qualité de jeu et la force mentale démontrées par cette sélection dans les moments chauds n’étaient pas forcément une marque de fabrique auparavant. Les Russes avaient au contraire la réputation de faiblir souvent dans les situations cruciales. Kirilenko le reconnaissait d’ailleurs volontiers.
« Il y a quelques années, quand on arrivait sur les gros matches ou qu’on était dans le dur, on avait tendance à se mettre à jouer chacun notre tour et à essayer de sauver la situation individuellement. Maintenant, on reste soudé. Je pense que c’est la raison pour laquelle on a réussi à jouer aussi bien à la fin des matches. On ne parle pas, on reste ensemble et on joue comme si les cinq joueurs sur le terrain formaient un poing fermé. »Même si la Russie s’est inclinée hier matin 82-80 face à l’Australie, elle était encore sur le point d’ajouter un nouveau succès de dernière seconde à son palmarès avant que Patty Mills ne la crucifie d’un tir à trois-points à une seconde de la fin. Un premier revers qui ne change rien au classement des Russes, ni à la confiance que la victoire face à l’Espagne a dû leur insuffler.
« Cette victoire est très importante pour nous, puisqu’elle nous donne la première place du groupe et c’est une approche très différente quand tu sors des poules avec ce statut. Ça te donne confiance dans tes capacités et tu arrives en quart de finale avec une mentalité différente même si ça ne veut pas dire que c’est plus facile. »On imagine d’ailleurs que coach Blatt pourra justement se servir de la défaite face aux Boomers pour garder ses troupes bien concentrées à l’approche du match le plus important de la compétition mercredi. Mais sur ce premier tour, la Russie a impressionné par la qualité de son collectif et par son aptitude à gérer à merveille les possessions les plus importantes. David Blatt, qui a l’air toujours aussi survolté que son équipe soit à -2 au score ou à +25, nous racontait d’ailleurs que, pour lui, le basket ne se joue qu’une possession à la fois.
« Vous savez, il y a les macro coaches et les micro coaches », nous expliquait-il. « Moi je suis un micro coach, je n’arrive pas à voir le tableau fini, je ne vois que la possession qui est en train de se dérouler sous mes yeux. Et je crois que si on joue bien chaque possession et que si on réussit à bien faire chaque petite chose, au bout du compte ça débouche sur un résultat positif. »Ça pourrait même déboucher sur une jolie médaille…