« Quand je regarde les réactions du public, on dirait que je suis le premier, que j’ai trahi la nation ! Alors que tout ce que je veux, c’est me mettre dans les meilleures conditions pour progresser et revenir en équipe de France encore meilleur. Ces réactions m'ont touché, je ne m'attendais pas à ça. J'ai été limite harcelé sur Facebook, je recevais plein de messages, c'est incroyable. » « Je comprends que ça déçoive les gens, parce que même moi quand j'étais à Cholet, que je voyais des gars qui refusaient, je me disais : "Mais c’est pas possible, comment ils peuvent faire ça !" Mais tu ne vois pas tout ce qu'il y a derrière. C'est la NBA, c'est mon avenir, derrière moi, j'ai ma famille... Maintenant je comprends pourquoi on peut être amené à refuser. »Aujourd’hui, Kevin Séraphin est sur l’échafaud. Que lui reproche-t-on au juste ? De privilégier sa carrière NBA au dépend de l’équipe de France ? Le joueur a expliqué vouloir « franchir un cap ». Il sort tout juste de sa troisième saison NBA, année difficile où l’ancien Choletais a été baladé entre son statut d’espoir et une place de quatrième intérieur dans la rotation. Invité de l’émission Basket Time sur RMC, le Guyanais est revenu plus en détails sur ses motivations :
« Je ne veux pas rester juste quatre ans en NBA. La saison prochaine est importante pour moi. Je sais que les Wizards misent beaucoup sur moi, j’appartiens au futur de l’équipe et je veux vraiment mettre toutes les chances de mon côté. Je n’ai pas envie d’être seulement un joueur de potentiel, je veux confirmer, je veux avoir les clés. Je n’ai pas eu la chance comme Tony (Parker) ou Nico (Batum) d’avoir les clés très tôt de l’équipe. Je veux franchir un cap. »Après ses vacances, Kevin Séraphin va donc bosser dur pendant l’été à l’instar de nombreux joueurs NBA. Le GM des Washington Wizards, Ernie Grunfeld a indiqué récemment que les jeunes joueurs de l’effectif avaient chacun un plan de travail pour l’été. Une manière de mettre la pression sur le natif de Cayenne, qui ne cache pas les envies de ses dirigeants :
« Je sais qu’ils ne sont pas trop favorables (à une participation à l’Euro), ils me l’ont fait comprendre. »[superquote pos="d"]"Tu dis que tu ne veux pas te retrouver je ne sais où… mais tu y es je ne sais où !" Monclar[/superquote]Egalement présent sur RMC, Jacques Monclar n’a pas hésité à lâcher ses quatre vérités au jeune joueur des Wizards :
« Kevin sait que je l’adore, mais quand j’ai quelque chose à dire, je le dis. Qu’on n’aille pas en équipe de France parce qu’on n’en a pas envie ou qu’on ne s’entend pas avec le coach, je peux tout comprendre… Mais qu’on dise que l’on progressera plus en travaillant à Washington, ça je suis absolument sûr que ce n’est pas vrai. »Le consultant de beIN Sport évoque alors ses arguments :
« Jouer contre des pivots européens, être investi et responsabilisé, surtout si Joakim (Noah) n’est pas là, et avoir un objectif de médaille d’or, c’est beaucoup plus intéressant que de faire des un-contre-un dans une salle, c’est pas de la compète ! Tu dis que tu ne veux pas te retrouver je ne sais où… mais tu y es je ne sais où ! En ce moment les Wizards c’est la franchise de la lose totale ! »Jacques Monclar suggérait à Kevin Séraphin de rester bosser avec le staff de Washington jusqu’en juillet avant de faire la préparation avec l’équipe de France et donc de mettre à profit « les progrès effectués avec les génies des Wizards (sic) en équipe de France à l’Euro ». Le joueur de 23 ans cherche peut-être à éviter d’arriver trop fatigué lors du training camp. En effet, il vient d’enchaîner un passage un Vitoria (durant le lockout), une saison NBA raccourcie, les J.O puis une nouvelle saison NBA, de laquelle il est ressorti « très fatigué », le tout en deux ans. Surtout, Kevin Séraphin a des projets d’entraînements plus ambitieux que des simples practices avec les Wizards. Comme Amar’e Stoudemire, LeBron James ou encore Dwight Howard, il envisage de bosser avec la légende NBA Hakeem Olajuwon cet été... Peut importe que l’équipe de France ait l’occasion de viser une médaille d’or cet été, Kevin Séraphin ne reviendra pas sur sa décision :
« J’ai encore dix ans d’équipe de France devant moi, je reviendrai plus fort. »Le joueur de Washington a tenu à prévenir le staff des tricolores, bien avant de prendre sa décision, envoyant même une lettre à la FFBB via son agent. Le sélectionneur Vincent Collet avait lui aussi été averti, lors de sa tournée aux Etats-Unis. Kevin Séraphin ou pas, le titre reste un objectif pour le coach de Strasbourg :
« C’est sa décision, j’en prends acte. Les objectifs de l’équipe de France n’ont pas changé. »Si l’équipe de France se retrouve auréolée d’un titre de champion d’Europe, en Slovénie en septembre prochaine, nul doute que les supporteurs oublieront le forfait « volontaire » de Kevin Séraphin. Et si ce dernier franchi un cap en NBA et revient effectivement plus forts, ils pourraient le pardonner. Cela fait tout de même beaucoup de "si"...