C'est fou comme le momentum peut changer en quelques jours en playoffs. Il y une semaine ou deux, on se disait que Kevin Durant était l'arme fatale qui rendait cette équipe des Warriors invincible ou presque. Indéfendable, sûr de "mettre ses points quoi qu'il arrive" comme le disait Mike D'Antoni lui-même, "KD" semblait devoir annihiler tout suspense par sa simple présence : 37 points dans le game 1, 38 points dans le game 2...
Au sortir du game 5 disputé cette nuit dans le Texas, les Warriors sont pourtant au bord de l'élimination, menés 3-2 avant un game 6 sous haute tension.
Durant, lui, a quelque peu disparu de la circulation au moment où il était justement attendu de lui qu'il fasse la différence comme à son habitude. Voilà deux soirs consécutifs que l'ancien ailier d'OKC fait preuve de discrétion et d'une surprenante inefficacité. Après avoir shooté à 1/5 dans l'ultime période du game 4 et refusé de prendre le dernier tir, "offert" à Klay Thompson pour un airball, Kevin Durant a de nouveau été contrarié dans le game 5.
Avec 29 points au compteur en dépit d'une relative maladresse (8/22) à 6:40 de la fin, le membre de la All-NBA First Team se devait de peser sur cette fin de match accrochée. Par du scoring, de la défense ou du playmaking, Durant devait logiquement être dans la lumière. Sur ce temps restant, KD n'a pris que deux shoots, tous les deux ratés, et n'a réussi aucune passe décisive.
Et si c'était la conséquence d'une communication un peu poussive entre Steve Kerr et son joueur ?
Voyant Kevin Durant abuser du jeu en isolation et ne servir ses partenaires qu'en dernier recours, le coach des Warriors a tenté de lui faire comprendre ce qu'il attendait de lui lors d'un temps mort. Anecdote sur Michael Jordan et les Bulls à l'appui, lors du game 6 des Finales 93 contre Phoenix...
"Quand MJ était avec les Bulls, un jour en playoffs, il n'arrêtait pas d'essayer de scorer. Il marquait, mais ça ne nous permettait pas d'être dans le match. Phil Jackson lui a dit de regarder qui était libre sur le terrain. John Paxson, par exemple... (Paxson a marqué le panier de la gagne, NDLR). Et bien je veux que tu fasses confiance à tes coéquipiers. Et en début de possession. Là, ce que tu fais depuis le début, c'est que tu cherches d'abord à attaquer le cercle et ensuite à les servir. Je veux que tu fasses confiance au premier gars que tu vois, puis que tu te déplaces. Tu dois garder l'envie de scorer et d'attaquer, mais fais leur confiance !".
Un discours qui donne a priori envie d'être appliqué. Sauf que sur la possession qui a immédiatement suivi ce temps mort, voici ce qu'il s'est passé au grand dam de Steve Kerr.
Kevin Durant est (un peu trop) attentif à ce qui se dit sur son compte dans la presse et sur les réseaux. Il y a fort à parier qu'il tentera de réagir et de montrer à ses détracteurs qu'il peut être le héros de cette série. Marquer 40 points ne suffira peut-être pas. C'est d'un facilitateur de jeu et d'un type qui prend ses responsabilités au bon moment dont ont besoin des Warriors. KD a déjà prouvé par le passé qu'il était parfaitement capable de tenir ce rôle. A lui de prouver dans le game 6, puis le game 7, qu'il est bien le symbole de l'injustice que représente une rencontre disputée face à ces Warriors 2.0.