Kevin Durant n’a encore joué que trois matches sous le maillot des Phoenix Suns. L’échantillon n’est pas très conséquent, certes, mais les premiers résultats restent particulièrement excitants. L’efficacité de l’ailier dans sa nouvelle équipe relève tout simplement de l’indécence.
Parmi les meilleurs joueurs du monde, Durant constitue logiquement la première arme offensive des Suns. Et la lame terriblement aiguisée du "Slim Reaper" est tombée dans un arsenal déjà redoutable avant son arrivée. Sa présence aux côtés de Devin Booker, Chris Paul et Deandre Ayton est un cauchemar pour les 29 autres franchises de la NBA.
La menace est partout sur le terrain, rendant ainsi le collectif horriblement difficile à défendre. Le spacing est optimal et le mouvement du ballon fluide. L’attaque de Phoenix facilite la vie de KD, qui n’en avait pourtant pas besoin pour briller. Dans ce contexte, l’ancien franchise player des Nets dynamite tous les standards statistiques.
Depuis son transfert, des pourcentages lunaires
Avec 26,7 points, 7,3 rebonds et 3,7 passes, Kevin Durant est, à première vue, dans ses moyennes habituelles. Le quadruple meilleur scoreur de la ligue n’avait cependant jamais été aussi précis.
69 % de réussite au tir, c’est le chiffre qu’il faut retenir. En épurant sa sélection de shots (-4,8 tentatives par match par rapport à Brooklyn), l’ailier maximise ses formidables talents offensifs. "Easy Money Sniper" n’a jamais aussi bien porté son surnom.
Dans le détail, c’est d’abord à mi-distance que brille ce dernier, là où il crée ses propres opportunités. Cet exercice constitue depuis longtemps sa spécialité, tant par le volume que par l’efficacité.
Sur le volume, les chiffres n’ont pas bougé. Durant prenait environ 60 % de ses tirs en mid-range avec les Nets cette saison, c’est toujours le cas dans l’Arizona. En revanche, il n’a jamais dépassé les 59 % de réussite dans sa carrière — record qu’il a justement atteint à Brooklyn en 2022-2023. À Phoenix, son pourcentage est de 72 % d’après Cleaning The Glass, base de données qui élimine le garbage time. Un pic qui mériterait presque une suspension pour excès de justesse.
Ailleurs, le nouveau joyau de Monty Williams se laisse simplement porter par le collectif. 86 % de ses trois points et trois quarts de ses tirs au panier suivent la passe d’un coéquipier. Et cela lui réussit merveilleusement bien.
À titre d’exemple, il n’a pris que très peu de tirs dans la raquette depuis son transfert, mais il n’en a raté aucun. Plus important encore, il a rentré 58 % de ses tentatives à l’extérieur. La moyenne baissera certainement avec le temps, mais ce premier aperçu doit faire frissonner tout l’ouest des États-Unis.
Kevin Durant prévient : les gros noms ne suffisent pas…
Kevin Durant, le joueur le plus efficace de la ligue
Avec 166,7 points pour 100 tirs tentés, Durant est le scoreur le plus efficace de la NBA. Tout simplement. Ce rendement ahurissant n’a pas vraiment de point de comparaison cette saison. Mais puisqu’il faut bien donner un peu de relief à ce chiffre, essayons tout de même de dresser quelques parallèles.
La meilleure moyenne du joueur sur une saison complète est de 134, soit plus de 30 points de moins pour 100 tentatives. C’est la différence qu’il y a cette année entre Nikola Jokic (141,9) et Isaiah Stewart (111,2).
Luka Doncic et Joel Embiid, les deux meilleurs marqueurs de la saison, affichent pour leur part des moyennes de 124,6 et 128,7. Ces statistiques sont déjà excellentes, mais elles sont tout de même bien loin de celles de Durant aux Suns.
Ce chiffre, 166,7, n’est en réalité comparable qu’aux pivots auxquels on sert la majorité des tirs sur un plateau, essentiellement en pick and roll. Mason Plumlee, en tête de liste, montre une réussite similaire depuis son trade aux Clippers. Mais 77 % de ses tentatives viennent d’une passe décisive et 80 % de celles-ci se font près du panier. On ne sort que très rarement Plumlee de sa zone du confort et on lui donne la balle quand on est à peu près certain qu’il pourra marquer.
Aux Suns, le rôle de KD est bien moins important que quand il devait porter les Nets, certes. Il reste toutefois à des années-lumière de ces postes 5 finisseurs, similaires par les chiffres, mais opposés par les responsabilités. À Phoenix, plus qu’un gros poisson, Kevin Durant est un requin blanc dans une grande marre.
Kevin Durant et les Suns, 5 conclusions bien trop hâtives
Un premier échantillon à tempérer
Tous ces chiffres sont très encourageants et se font ressentir sur toute l’équipe. Le différentiel de +21,1 avec leur nouvelle recrue sur le terrain parle pour lui — sans perdre de vue que la faiblesse du banc depuis le transfert gonfle cette stat. En trois sorties, les Suns ont décroché autant de victoires : voilà l’essentiel.
Il faut néanmoins prendre ces premières données avec des pincettes. Premièrement, parce que cela ne représente que trois rencontres. Maintenir un tel niveau sur les 17 derniers matches de la saison est une tout autre histoire, sans parler des playoffs. Un peu de hype n’a jamais tué personne, mais cet échantillon ne nous permet pas de tirer de vraies conclusions.
Deuxièmement, parce que la dernière performance en date (37 points en 40 minutes, à 12-17 au tir) a été réalisée contre la sixième pire défense de la saison. La première, de la même manière, a été enregistrée contre la neuvième pire défense (23 points en 27 minutes, à 7-15). Et face aux Bulls, 7e meilleur defensive rating de 2022-2023 mais loin d’être une forteresse impénétrable, Kevin Durant s’est fait un poil plus discret (20 points en 31 minutes, à 7-10).
Cela ne retire rien au caractère lunaire, énorme, vertigineux de ses débuts dans l’Arizona. Mais, c’est dans la formule, ce n’est que le début. KD restera l’un des attaquants les plus redoutables de la ligue, à coup sûr, cela se fera simplement à un niveau plus… réel. Probablement, du moins.
Quoiqu’il en soit, l’ailier se maintient pour le moment au-dessus de cette logique et conforte les Suns sur leur petit nuage. Ses trois premiers matches annoncent parfaitement la tendance pour cette équipe qui vise le titre dès cette année. Si rien ne vient faire dérailler le train, l’arrêter avant son terminus se présente comme une mission impossible.