KD-Westbrook, 8 ans et toutes leurs dents

Une relation d'amitié indéfectible et une connivence sportive sont nées de l'association entre Kevin Durant et Russell Westbrook à la fin des années 2000.

KD-Westbrook, 8 ans et toutes leurs dents
Voilà 8 ans que les aléas de la NBA et le flair de Sam Presti ont réuni Kevin Durant et Russell Westbrook sous la bannière du Thunder. Après un an seul à Seattle, "KD" a trouvé dans l'Oklahoma un compagnon de route avec qui il s'apprête à disputer la troisième finale de Conférence de sa carrière. Rarement deux des dix meilleurs joueurs de la ligue ont eu l'occasion et la chance d'évoluer ensemble durant toute la première partie de leur carrière dans la ligue. La route a été sinueuse, les prises de bec fréquentes, mais il semble que les deux phénomènes aient enfin atteint un stade de maturité et de compréhension dans leur relation de basketteurs. On ne nous enlèvera pas l'idée que le caractère de Westbrook et sa gestion douteuse des fins de matches en dépit de qualités surnaturelles ont parfois freiné la trajectoire de la franchise. Ni que, paradoxalement, Durant a du mal à être le leader exclusif d'une équipe, tout meilleur attaquant de sa génération qu'il est. Mais lorsqu'ils combinent leurs efforts comme lors des trois derniers matches face aux Spurs, les deux compères donnent vie à un basket offensif électrisant capable de renverser des montagnes. Les Spurs en étaient une. Golden State en est une autre. Quelle que soit l'issue de cette nouvelle série où le Thunder sera à nouveau en position d'outsider, l'essentiel a été assuré : Kevin Durant a probablement pris conscience ces derniers jours qu'aucune autre destination ne pourrait lui assurer les mêmes garanties qu'Oklahoma City. Surtout, il sait qu'il ne trouvera jamais un partenaire avec lequel il se sent aussi à l'aise sur et en dehors du terrain. Pour la 34e fois de leur histoire, Durant et Westbrook ont marqué au moins 25 points tous les deux dans un match playoffs, au point de dépasser un certain duo Kobe-Shaq en la matière.  Voici quelques morceaux choisis de déclarations qui prouvent que KD et Russ ont du mal à voir la vie l'un sans l'autre. Et qui prouvent qu'il y a finalement très peu de chances que le premier "exporte ses talents".

"Je t'aime, mec"

KD et Westbrook se sont engueulés comme du poisson pourri à plusieurs reprises. On se souvient de cette petite altercation durant un temps mort en 2012, lors d'un match face à Dallas. Elle avait fait du bruit à l'époque, la presse annonçant que leur relation était devenue orageuse et en déduisant que Russell Westbrook voulait sa propre équipe. C'était avant que l'on ne découvre la vraie nature de leur relation.
"Voilà ce qui nous définit, Russ et moi : nous essayons toujours de sortir grandis des situations. Il y aura toujours des obstacles et du fracas sur le chemin, mais on les surmontera".
Dans son discours post-obtention du titre de MVP, Durant avait aussi expliqué :
"Il y a des jours où j'ai juste envie de te mettre par terre et de te dire de la fermer. Mais je sais que parfois c'est la même chose de ton côté. Je t'aime mec. Je t'aime vraiment. Beaucoup de gens te critiquent de manière injuste et je serai toujours le premier à te défendre".
https://www.youtube.com/watch?v=oC60fr21jLM  

"Russ fait des erreurs, je dois les accepter"

Les médias ont souvent pointé du doigt les excès d'individualisme et le côté tête brûlée de Westbrook, arguant que Durant ne pourrait jamais s'exprimer pleinement en sa compagnie. Le quadruple meilleur scoreur de la ligue n'est pas de cet avis et il s'en est ému :
"Je n'ai jamais laissé ce que les autres disaient sur nous interférer avec ma façon de travailler et de voir les choses. Russell fait des erreurs, je dois les accepter. Je fais des erreurs, Russell doit les accepter. Nous ne sommes pas les seuls joueurs de cette équipe et nous devons faire fonctionner le groupe en résolvant à chaque fois les situations difficiles".

"Kevin est le meilleur joueur du monde"

Russell Westbrook est moins dans la déclaration d'amour publique. Mais il n'en voue pas moins une admiration sans borne à son coéquipier. Après son terrible 7/33 de KD contre Dallas au 1er toir, il avait ainsi clamé :
"Bien sûr que l'on va continuer à alimenter Kevin. C'est le meilleur joueur du monde. Vous pouvez avoir des soirées comme ça. Mon job est de le trouver de la meilleure des façons afin qu'il mette des shoots faciles. Il en raté beaucoup ce soir mais je connais Kevin. Ça fait longtemps que je suis avec lui et je sais que ça n'arrivera plus."
Un soutien qui avait poussé Durant à le remercier et à expliquer les raisons de leur association si prolifique.
"Russell est un gars franc du collier et qui va dire tout ce qu'il pense. C'est un livre ouvert. Je suis plus dans une posture d'observateur, de taiseux qui garde les choses pour lui. C'est ce qui fait qu'on se complète bien et que l'on travaille bien ensemble."
Dans cette même série, Mark Cuban avait déclaré que selon lui Westbrook n'était pas une superstar. Une sortie qui avait déclenché la colère de "KD", qui n'avait pas hésité à traiter d'idiot le propriétaire texan. L'admiration n'est pas à sens unique, le "Slim Reaper" ayant déclaré un jour que "Russell est notre meilleur joueur".
"C'est comme ça que je le ressens. On se met tous les deux sur un piédestal. Il trouve que je suis le meilleur joueur du monde et je pense la même chose de lui".

"Je me suis ouvert à Russ, j'étais vulnérable"

Si au début de leur aventure commune à OKC les deux All-Stars étaient de bons camarades, leur relation a pris un tournant lorsque Durant a connu des problèmes personnels il y a 4 ans. Si Kendrick Perkins lui a apporté un conseil et un soutien précieux, c'est Westbrook qui s'est mué en confident, révélant une personnalité plus à l'écoute et posée qu'il n'y paraît.
"A une époque, j'ai eu de gros problèmes avec ma famille. J'en avais vaguement parlé à Russell, mais jamais en profondeur. Puis, un jour, je me suis ouvert à lui et j'étais assez vulnérable. Il m'a montré à quel point je pouvais compter sur lui. J'ai su à ce moment-là que je pouvais me confier à lui. C'était une facette différente de sa personnalité. Depuis ce jour, nous sommes encore plus proches. Parfois, on va se rentrer dedans. Parfois, je n'aime pas ce qu'il fait sur le terrain et lui n'aime pas ce que je fais. De temps, en temps, je vais lui dire de surveiller son comportement. Puis lui me dira d'être plus vocal, de sortir de ma carapace. C'est aussi ça, avoir un frère. Je sais que si j'ai besoin de quoi que ce soit en dehors du basket, il sera lui. Il fait partie de ma famille".
  Reste à voir si cette belle amitié suffira au Thunder pour créer un exploit retentissant face à une autre équipe qui s'est appuyée sur les relations humaines pour gravir les échelons : les Golden State Warriors.