Count the ring
[caption id="attachment_96256" align="alignleft" width="318"] Et il n'en resta plus qu'un...[/caption] Des titres, Kevin Durant n’en compte aucun. Un palmarès vierge de bague à moins de trois mois de ses vingt-huit printemps. Sans sa blessure en 2015, ou sans celles de Serge Ibaka en 2015 et de Russell Westbrook en 2013, le Oklahoma City Thunder aurait pu aller au bout. Sans une avalanche de trois-points de Klay Thompson dans le Game 6 des dernières finales de Conférences, le Thunder aurait pu aller au bout. Sans un transfert motivé par l’avarice d’un propriétaire déterminé à jouer le titre sans payer la « Luxury Tax », le Thunder aurait pu aller au bout. Mais les contextes, les histoires, les aléas... Zéro. Zéro, comme le nombre de bague de « KD ». Zéro, c’est tout ce qui est retenu au premier abord. Alors il s’en est allé. Pendant des années, nous avons reproché aux joueurs de ne parfois pas se concentrer sur le basket. De maximiser leurs bénéfices en évoluant au sein de marché attractif sur le plan marketing à défaut de chercher à jouer pour une équipe compétitive. Des critiques revenues à la surface lorsque « Melo » a préféré rester avec les New York Knicks plutôt que de rejoindre les Chicago Bulls. Durant avait pourtant prévenu : sa décision aurait une dimension basket. Pas financière - ou du moins si, sur la forme (un contrat d’un an afin de signer un deal gigantesque après la seconde hausse du Cap) mais pas sur le fond. Alors il s’en est allé. [superquote pos="d"]« Nous pouvons gagner sans toi. Tu peux gagner sans nous. Mais imagine combien nous pouvons en gagner ensemble. »[/superquote]Pendant des années, nous avons toujours avancé le même argument lorsqu’il s’agissait de comparer les joueurs et de retenir les plus grands champions. Nous avons compté les bagues. Nous n’avons cessé de le faire. Six pour Jordan ! Cinq pour Kobe ! Cinq pour Magic ! Et ainsi de suite. Vous saviez où était Durant à ce moment-là ? Il était un jeune adolescent, comme nous l’avons tous été à une époque. Il regardait les émissions télévisées sur la NBA. Il vivait une vie de fan. Il suivait la ligue avec passion. Comme nous, à la différence près que lui a décidé d’en faire son métier. Il a vu les mêmes débats. Il les a peut-être même animé avec ses amis, collègues ou coéquipiers au lycée. A l’université. Il a été préparé à ça. S’il faut compter les bagues, alors comptons. Zéro... pour l’instant. Car c’est bien principalement dans l’optique de gagner des titres qu’il a rejoint lundi les Golden State Warriors. C’est exactement l’ambition et le projet vendus.« Nous pouvons encore gagner quelques titres sans toi. Tu peux en gagner sans nous. Mais imagine combien nous pouvons en gagner ensemble. »Pas un. Pas deux. Pas trois. Pas quatre. Vous connaissez la suite. Un refrain entamé par un LeBron James tout frais sur le podium, acclamé par la foule et entouré par ses amis Dwyane Wade et Chris Bosh. Le « King » a donné de l’élan à une tendance vielle comme la ligue. Celle des regroupements de stars. Quelque part, la décision de Durant est le prolongement de « The Decision ». Tout comme « The Decision » était quelque part le prolongement de nos raisonnements, des codes que nous dictons tous, en tant que société, parfois consciemment et parfois inconsciemment. [caption id="attachment_329239" align="alignleft" width="318"] LeBron James est à l'un des vainqueurs du transfert de Durant à Golden State.[/caption] James a été détesté. Les supporteurs des Cavaliers ont brûlé son maillot comme ceux du Thunder ont brûlé celui de leur ancien héros après l’annonce lundi. Mais LeBron a quitté une équipe qui ne gagnait pas pour en monter une de toute pièce à Miami. Le Heat n’avait pas de collectif, un jeune coach, aucun « role player » et aucun vécu commun quand Bosh, Wade et James se sont associés à South Beach. C’est seulement maintenant, après le choix de Durant, que le choix fait par le prodige d’Akron à l’époque prend enfin un peu de nuance. Combien ont noté à quel point il était difficile de créer un collectif quand les trois stars fanfaronnaient sur le podium devant les fans du Heat ? Combien ont mis en perspective les challenges qui faisaient face au « Big Three » floridien ? La plupart d’entre nous se sont contentés de cracher sur la facilité choisie par Wade, Bosh et James en jouant pour la même équipe. Kevin Durant a lui décidé de rejoindre un collectif déjà en place. Il rejoint une équipe déjà construire et déjà sacrée. Une formation double finaliste qui a terminé la saison précédente avec un record de 73 victoires en 82 matches. Une décision qui réhabiliterait presque LeBron James aux yeux d’une grande partie d’entre nous. Parce que nous oublions. La haine ressentie à l’égard du « King » il y a six ans laisse désormais la place au dégoût envers celui qui critiquait les formations remplies de stars. LeBron est l’un des vainqueurs de la semaine. Il est le champion en titre et sa « legacy » vient de reprendre de sa splendeur. Il incarnera la saison prochaine le rôle du chef de la résistance des vingt-neuf équipes engagées contre les Warriors. Il est le super héros prêt à se dresser devant l’invincible armada. Et il a la putain de bague.