Qui blâmer ?
La tentation est grande, après ce qui s'apparente à un drame sportif, de tirer à feu nourri sur la direction et le staff des Warriors. Sauf que Steve Kerr l'a expliqué après le match, les médecins lui ont assuré cette semaine que la blessure de Kevin Durant "ne pouvait pas empirer". Non seulement elle s'est empirée, mais elle a frappé une partie du muscle bien plus cruciale et handicapante pour la suite de la carrière du joueur. Visiblement, le risque de répercussion existait bien. Sans quoi un mouvement aussi banal n'aurait pas pu provoquer un tel désastre. Il y a bien eu mésestimation du risque. "KD" voulait jouer à tout prix. Mais aurait-il pris cette décision si on l'avait alerté sur le risque encouru au niveau du tendon ? Le passage de Bob Myers, la voix tremblante, devant les médias, est absolument déchirant et montre la détresse dans laquelle tout le monde se trouve au sein de l'organisation."Kevin a passé 4 semaines avec des experts et des médecins. Il a passé des IRM. Nous étions confiants quant au processus et la décision de le faire jouer ce soir a été prise collectivement. Je ne pense pas qu'il faille blâmer quelqu'un. Mais je comprends que dans ce monde on veuille trouver des responsables. S'il le faut, vous pouvez me blâmer. C'est moi qui dirige les opérations basket".
Myers a aussi ciblé les gens qui ont mis en doute la volonté de Durant de participer à ces Finales. Un scepticisme qui a peut-être eu son effet sur le choix du joueur de tenter le coup."Kevin adore le basket. Des gens ont remis en question son envie de revenir dans l'équipe... C'est l'une des personnes les plus incomprises que je connaisse. Kevin est un bon coéquipier, une bonne personne et tout ça est injuste. J'ai de la chance de le connaître. Les gens qui l'ont autorisé à rejouer sont aussi de bonnes personnes".
Bob Myers retient ses larmes
La logique voudrait que Kevin Durant reste aux Warriors
L'avenir de Kevin Durant était déjà une source d'interrogations autour de la ligue et au sein de la franchise. On se souvient de l'altercation entre l'ancienne star d'OKC et Draymond Green, avec des mots apparemment très durs au sujet d'un futur départ utilisés par ce dernier. Quelle que soit l'issue de ces Finales, la problématique va changer s'il s'agit d'une rupture du tendon d'Achille. Tout le monde s'attendait à voir Durant opter pour un nouveau challenge. N'importe quelle franchise serait à la base prête à vendre père et mère pour décrocher la signature du double MVP des Finales. Mais qu'en sera-t-il maintenant que l'on sait qu'il risque de manquer toute la saison 2019-2020 ? Les Knicks, les Nets et les Clippers, qui sont ses trois courtisans les plus sérieux, oseront-ils offrir un contrat faramineux à un joueur, aussi fort soit-il, frappé par cette blessure ? On le répète à chaque fois qu'un basketteur est victime d'une rupture du tendon d'Achille, mais rares sont ceux qui reviennent à un niveau similaire après être passés par là. Les Knicks s'imaginaient déjà associer Kevin Durant à une autre star et partir à l'assaut de l'Est la saison prochaine. Les Nets voyaient en lui la pièce manquante pour passer un cap. Idem pour les Clippers. Tous les trois sont sans doute en train de songer à une solution de repli ou à la pertinence de miser aussi gros sur lui. Finalement, ce sont peut-être les Golden State Warriors qui seront les "gagnants" de l'histoire. Kevin Durant dispose d'une option pour activer une nouvelle année de contrat à hauteur de 31.5 millions de dollars. S'il est effectivement blessé gravement, la logique voudrait qu'il opte pour la sécurité financière. Et ce sera alors une occasion pour les Warriors de lui montrer à quel point ils tiennent à lui. Lui, tient à eux. Son post Instagram immédiatement après le coup de sifflet final le prouve."La Dub Nation va faire un putain de bruit pour le game 6. Je souffre profondément dans mon âme à l'heure qu'il est. Je ne vais pas vous mentir. Mais voir mes frères aller chercher cette victoire, ça a été comme un shot de tequila. Ça m'a redonné vie".