« Je pense que les gens ont un peu oublié à quel point il est talentueux », constate son coéquipier Pascal Siakam. « Ils ont oublié ce dont il est capable et à quel niveau il est capable de le faire. Il ne fait pas que marquer mais il défend aussi sur le meilleur attaquant adverse. »
Deux mois après le coup d’envoi de la saison, il donne déjà des éléments de réponse. Il est toujours (ou à nouveau ?) l’une des valeurs les plus sûres de ce championnat. Il est peut-être même le grand favori pour le trophée de MVP. Ce n’est que le mois de décembre, certes, mais les candidats sont plus ou moins connus : Stephen Curry, LeBron, Giannis et donc Kawhi. Le classement exact dépendra des dynamiques, des bilans, de la régularité et de l’état de santé de chacun. Tous facteurs confondus, le néo-Raptor semble pour l’instant avoir pris la tête. Il est le meilleur joueur de la meilleure équipe. Toronto caracole en tête de la NBA avec 21 victoires et 5 défaites. On peut se projeter dans le futur proche et anticiper une saison à plus de 60 wins – la première de l’Histoire de la franchise – pour les Dinos. On peut même les annoncer en finales en juin prochain sans perdre en crédibilité. Klay Thompson des Golden State Warriors a même déjà fait des Canadiens les principaux rivaux des doubles-champions en titre cette saison. Parce que leur équipe est complète, profonde et performante des deux côtés du terrain. Exactement à l’image de sa superstar finalement. Auteur de 36 points contre les Philadelphia Sixers cette nuit, Kawhi Leonard a déjà passé sept fois la barre des 30 pions depuis octobre. Et pas contre n’importe qui. Philly, donc, un concurrent direct, mais aussi Boston ou Golden State. Il se sublime dans les matches importants.« C’est un immense talent. Et il joue un peu plus dur quand le niveau est plus élevé », commente son coach, Nick Nurse.
C’est l’un des traits de caractère qui le sépare potentiellement de DeMar DeRozan, l’ancien chef de file des Raptors. Non pas que DeRozan ne sache pas hausser son niveau de jeu. Mais il a constamment échoué dans sa quête de faire franchir un vrai palier à son équipe une fois les playoffs arrivés. Leonard est potentiellement celui qui peut mener cette organisation à ses premières finales NBA. Parce que le champion et MVP des finales 2014 est quasiment revenu à son meilleur niveau.« Il est presque à nouveau lui-même. Il doit juste encore supporter les backs-to-back. Mais il est prêt et il évolue à son niveau habituel », confie Danny Green, coéquipier qui l’a accompagné de San Antonio à Toronto cet été.
Les dirigeants NBA interrogés par ESPN tendent à avoir le même raisonnement. Pour eux, Kawhi Leonard est quasiment le joueur qu’il était avant. Ce qui fait de plus en plus de cette saison quasiment blanche un souvenir lointain. Il a repris sa marche en avant. Il doit maintenant engranger du rythme pour continuer sa montée en puissance. Car c’est presque ça le plus excitant : il n’est pas encore vraiment à 100%. Si les Raptors sont aussi bons maintenant, qu’en sera-t-il quand il aura vraiment retrouvé toutes ses sensations ? Ils feront alors plus que jamais figure d’équipe à battre à l’Est du pays. Leonard doit par exemple progresser à trois-points. Il affiche un correct 36% de réussite mais ce pourcentage demeure légèrement en baisse par rapport à la saison 2016-2017 (38%). Sauf qu’il s’évertue à développer son jeu. Il ne prend plus des tirs arrêtés derrière l’arc. Il mime Curry en shootant en sortie de dribble. Histoire de basculer dans une toute autre dimension quand il aura maîtrisé cet aspect. En attendant, il tourne déjà à 26,1 points (record en carrière), 49% aux tirs, 8,6 rebonds (record en carrière), 2,9 passes et 1,8 interception. Des statistiques dignes d’un MVP en puissance. Histoire qu’il ne soit plus jamais oublié.