« Je veux devenir un grand joueur, c’est pour ça que je joue. Je m’entraîne tous les jours pour être le meilleur », déclarait l’ancien pensionnaire de San Diego State à l’époque.
Kawhi Leonard, la nouvelle star
Kawhi Leonard n’a pas pleuré lorsque les Spurs ont perdu. Il n’a pas rechigné à la tâche lorsque Gregg Popovich lui a demandé de contenir Kevin Durant en finale de Conférence dès sa saison rookie ou LeBron James en finale NBA. Il ne s’est pas plaint lorsque son coach a limité son temps de jeu. Il n’a pas non plus rabattu la couverture médiatique vers lui lorsque ses performances méritaient d’être mises en valeur.« Il y a des gars qui sont attirés par la lumière et d’autres non. On n’a rien fait pour le transformer, il était déjà comme ça en arrivant. Il est calme, humble et il veut être un grand joueur. Il travaille dur avant et après l’entraînement », assurait Gregg Popovich. « Je pense que Kawhi est la relève de Parker, Duncan et Ginobili. Il est formé dans le même moule. Ce sera bientôt lui la star du show. Il a été phénoménal et il a progressé plus vite que n’importe qui. »Justement, sa progression était attendue cette année. On suppose que certains ont dû bondir en lisant le titre de l’article. Car si l’on jette un rapide coup d’œil aux statistiques, il est absurde de présenter Kawhi Leonard comme le meilleur joueur des San Antonio Spurs, une franchise qui compte dans ses rangs l’un des meilleurs joueurs de l’histoire avec Tim Duncan, un meneur Hall Of Famer, Tony Parker, et un arrière fantasque lui aussi promis au panthéon du basket US, Manu Ginobili. Cette saison, Leonard tourne à 12,3 points à 51,8% aux tirs, 37% à trois-points, 6,3 rebonds et 1,7 interception en 29 minutes de jeu. Des chiffres solides mais qui pourraient presque passer inaperçus. Des statistiques en deçà des standards des superstars, un statut que l’on a pourtant promis au jeune joueur de 22 ans.
Un joueur efficace en défense... et en attaque
En fait, il faut voir Kawhi Leonard dans ses œuvres pour comprendre. Il joue avec une énergie débordante. Il est appliqué, passionné, concentré. Et terriblement efficace des deux côtés du parquet. Défensivement, le natif de Los Angeles est une teigne. Il a pour mission de stopper le meilleur marqueur adverse chaque soir et il est l’un des meilleurs joueurs de la ligue dans ce domaine. Selon Synergy Sports, les adversaires directs de Leonard inscrivent 0,77 pt par possession, ce qui classe le chien de garde des Spurs devant LeBron James (0,85), Paul George (0,83), Thabo Sefolosha (0,95), Jimmy Butler (0,82) ou Tony Allen (0,92). Avec ses longs bras, Kawhi est une machine à interceptions (mais aussi à blocks). Sa taille, sa mobilité, sa puissance physique et son envergure font de lui un défenseur d’élite capable de faire la différence dans les moments importants. Ce fut le cas à Orlando il y a quelques jours (victoire 121-112 des Spurs).« Il a fait deux grosses interceptions en fin de match. Il a tué la rencontre », résumait alors son coéquipier Manu Ginobili.Les connaisseurs ont déjà eu un aperçu des qualités défensives de Kawhi Leonard lors de sa première saison NBA. Le joueur a alors éclaté au grand jour lors des finales NBA lorsqu’il a – bien aidé par la défense collective des Spurs – « ralenti » LeBron James durant la majeure partie de la série. Mais pour devenir un grand joueur, le futur des Spurs, il devait encore progresser en attaque. On a évoqué plus haut les statistiques « basiques » du joueur. Attardons-nous légèrement sur les nouvelles données disponibles grâce au système de traçage des caméras VCU (pour faire simple : Synergy Sports, encore). Leonard est l’un des joueurs les plus efficaces de la ligue en attaque. Il profite certes du système extrêmement bien huilé des Texans mais pas seulement. L’ailier rapporte 1,06 pt par possession en isolation et 1,20 pt lorsqu’il évolue au poste bas, ce qui le classe respectivement en cinquième et première (!!!!) position au sein de la NBA ! Leonard n’est pas une machine à scorer mais il est capable de faire la différence, seul, balle en main (grâce à sa puissance) ou au poste bas (où il est soit a) plus fort, b) plus rapide, que ses adversaires directs). Il faut cependant nuancer ses chiffres. En effet, Leonard a été peu utilisé dans ce genre de situation (moins de 60 possessions à chaque fois) et il est surtout employé comme un « spot-up shooteur » ou en transition (où il est également l’un des joueurs les plus efficaces de la NBA). Mais les Spurs tendent à exploiter de plus en plus les qualités offensives de Kawhi à l’approche de la fin de la saison. Deuxième nuance.
Un joueur d'impact décisif
Le 26 février dernier, Kawhi Leonard fait son retour dans la rotation des Spurs face à Detroit. Il inscrit 15 points, prend 6 rebonds et délivre 4 passes décisives en 28 minutes. Les Texans l’emportent. Ils n’ont tout simplement pas perdu depuis. Le retour de Leonard coïncide avec la série de quinze victoires des San Antonio Spurs, la meilleure série de l’histoire de la franchise en saison régulière (ils ont gagné 22 matches de suite à cheval sur les playoffs – avec Leonard – en 2012). Est-ce vraiment un hasard ? Comme à son habitude, le joueur taiseux à son explication bien rationnelle.« J’ai profité de ma blessure pour regarder l’équipe jouer et pour analyser notre jeu, histoire de voir comment je pouvais aider. Maintenant que je suis de retour, j’essaye juste d’être plus actif en attaque et d’apporter toujours autant d’énergie en défense. Comme on peut rapidement prendre le large. »Sans Kawhi Leonard, les San Antonio Spurs ont affiché un bilan miami-esque de 8 victoires et 6 défaites… La franchise est en pleine forme au meilleur moment, juste avant les playoffs. Revenons aux statistiques. Lors des quinze derniers matches, Leonard tourne à 14,2 pts et 6,7 rebonds en 30 minutes, soit presque 17 points et 8 rebonds sur 36 minutes. On se rapproche des standards des « stars ». Le jeune homme sera sans doute l’un des hommes clés du succès des Spurs durant les prochains playoffs. Il devrait même profiter de la surveillance renforcée sur Tony Parker, Tim Duncan et Manu Ginobili pour briller en attaque tout en défendant sur le meilleur joueur adverse. A l’issue des finales NBA, nous avions écrit ces lignes : « Kawhi Leonard ne sera pas le leader de la franchise la saison prochaine mais le passage de témoin a été bien entamé cette nuit. » Le deuxième passage du relais est attendu dans les prochaines semaines…