C’est triste, un KAT soumis

Karl-Anthony Towns fait le pire début de saison de sa carrière. Plus inquiétant, la saga Jimmy Butler a l'air de l'avoir déstabilisé plus que quiconque.

C’est triste, un KAT soumis
Le jour de sa prolongation avec les Minnesota Timberwolves, Karl-Anthony Towns avait logiquement la banane. La garantie probable d'un départ rapide de Jimmy Butler, ce coéquipier trop exigeant et pas si heureux que ça d'être dans le Minnesota, un projet construit autour de lui et de ses qualités offensives uniques, un joli chèque de 190 millions de dollars sur lequel capitaliser... Tout était réuni pour une saison feel good. Dix jours après le début des hostilités en NBA, rien ne va déjà plus. Butler est toujours là et sa reconquête des fans n'a pas pris trop de temps. Après cinq minutes de bouderie et quelques huées lors du premier match à domicile, les "MVP, MVP !" ont rapidement été de sortie. Son leadership ne fait aujourd'hui aucun doute malgré ses états d'âme. Le coup de com' un peu grossier après avoir victimisé "KAT" et Andrew Wiggins à la salle ? Oublié. Jimmy Butler tient les rênes de l'équipe en attaque comme en défense et Towns s'est complètement effacé. On ne parle pas là d'un effacement positif pour le bien du collectif comme certaines stars l'ont fait par le passé. L'ancien joueur de Kentucky est fantomatique et traîne une morgue qu'on ne lui connaissait pas. On ne sent chez lui ni l'envie de se donner à fond, ni la capacité d'y arriver dans l'immédiat.

KAT échaudé craint le Butler

Peut-être est-ce délibéré et le signe que Towns est vexé de voir la direction ne pas blâmer une seconde Butler. Peut-être est-ce simplement Tom Thibodeau, pour qui conserver l'arrière All-Star semble crucial, qui ne l'utilise pas bien. Toujours est-il que ses stats sont alarmantes et montrent un vrai retard à l'allumage. L'échantillon est faible (5 matches), certes. Mais "KAT" prend quatre shoots de moins en moyenne (12) que lors de sa saison rookie en 2015 et tire à 42.6% en global. C'est faible, même pour un intérieur capable de "stretch". Le pire est sans doute l'impression visuelle. Le langage corporel du Dominicain d'origine est au mieux curieux, au pire outrageant. Face à Toronto cette semaine, on a quand même vu l'intéressé lâcher un airball sur un tir à 3 points - ça arrive - et immédiatement demander à Thibodeau de le sortir du terrain.

"KAT a ce regard qui dit qu'il n'a pas envie de jouer ce soir. Il est temps de faire entrer Gorgui Dieng", ont constaté dépités les commentateurs de la scène.

"KAT has that look on his face that says he doesn't want to play tonight"

Il aurait dû confronter Butler

L'absence de plaisir et le manque d'adrénaline se lisent sur son visage. Dans une équipe en pleine opération tanking, ce serait déjà problématique. Pour une franchise qui n'ambitionne rien d'autre qu'une deuxième participation consécutive aux playoffs, c'est une énorme épine dans le pied. Malgré trois défaites en cinq matches, l'objectif n'est évidemment pas hors d'atteinte. Simplement, il faudra vraiment s'inquiéter pour les Wolves si rien ne se matérialise d'ici le mois de février pour Jimmy Butler et que les problèmes d'alchimie qui touchent les joueurs majeurs du groupe persistent. "KAT" est un garçon poli et bien élevé, mais expliquer sa façon de penser à "Jimmy Buckets" et le confronter semblait nécessaire. Son retour dans le groupe comme une fleur, les déclarations pour rappeler à quel point il est indispensable, la soumission des dirigeants, tout ça aurait dû déclencher quelque chose de viscéral chez Towns. Le refus qu'un joueur, même de haut niveau, puisse semer le chaos dans la franchise sans être pénalisé, aurait dû le faire réagir, lui le franchise player théorique. Aucun insider n'a rapporté d'altercation malgré les larges fuites constatées dans la communication des Wolves ces dernières semaines. Karl-Anthony Towns a donc accepté la situation, optant pour le silence et la protestation passive avec des difficultés peut-être même pas volontaires. C'est malheureusement aussi ça, l'effet Butler.