La Slam Nation était une aventure fabuleuse, mais elle n'avait pas l'exclusivité de ma vie.REVERSE : Zavarov (international soviétique, finaliste de l'Euro 88, qui a joué à la Juventus et à Nancy – ndlr) t’a entraîné à Saint-Dizier et il est élogieux à ton sujet ? KADOUR ZIANI : Nicolas de Virieu a refait des interviews de lui pour un film qu’il fait sur moi. Zavarov a dit que j’aurais pu être pro. Comme j'étais fort, il avait préparé un rendez-vous pour me faire rentrer à Nancy, avec Laszlo Bölöni. Je ne suis jamais allé au rendez-vous. Il ne le sait pas, mais la veille j'ai joué au basket, je me suis bagarré et je me suis cassé la main. C'était peut-être un coup du destin, mais Zavarov savait aussi que je ne voulais pas sacrifier mes passions et me concentrer sur un seul sport, juste pour l’argent. REVERSE : Tu as brillé en athlétisme aussi, notamment en saut en hauteur. KADOUR ZIANI : Oui, j’en faisais à l’école aussi. Au lycée, j’ai commencé à sauter au-delà des 2 m, à 16 ans. J’ai fait les championnats de France UNSS, puis des stages avec le CREPS de Reims, où il y avait par exemple Eunice Barber. J’ai atteint le record de Champagne-Ardenne, avec 2,18 m. Ça commençait à devenir bien. Mais là aussi, je ne voulais pas devenir « pro ». On me disait « Il faut que tu sois un pro pour en vivre ». Mais moi, je ne pouvais pas arrêter les autres sports. Je l'ai mal vécu qu'on me demande de choisir. Même la Slam Nation qui était une aventure fabuleuse, elle n'avait pas l'exclusivité de ma vie. Il fallait que je fasse d'autres choses par ailleurs. Faire tous les sports, être complet, c'est ce qui m'a permis de devenir un vrai athlète. En fait, je faisais du crossfit avant l’heure.
Faire tous les sports, être complet, c'est ce qui m'a permis de devenir un vrai athlète.REVERSE : Quand as-tu découvert le basket et le dunk ? KADOUR ZIANI : Dans le quartier, nous c'était plus le foot. Mais on avait un pote, Dadou, c'est lui qui a ramené la NBA chez nous, il se prenait pour James Worthy, avec des grosses lunettes. Des fois, on n'avait pas de ballon de foot donc on lui demandait « On peut jouer avec toi à ton sport bizarre, là ? » (Rires). Il nous a montré des cassettes NBA, il nous a montré le style vestimentaire, il nous a mis dedans. Après je voyais que je sautais haut, que j'accrochais le cercle. « Hé, mais ça veut dire que tu peux dunker ? » J'ai commencé avec un caillou ou une bille. Après j'étais accro. Quand j'ai vu que je commençais à être chaud, je m'y suis consacré à fond. Les autres devenaient fous, ils voulaient faire des matches, moi je ne voulais faire que des dunks (rires). [caption id="attachment_395165" align="alignright" width="298"] Ce grand entretien est extrait du numéro 63 de REVERSE[/caption] REVERSE : Tu avais des idoles, des mecs qui t'inspiraient ? KADOUR ZIANI : Spud Webb, Dee Brown, Clyde Drexler et Michael Jordan bien sûr. Je regardais les cassettes, après je voulais faire comme eux. Il y a aussi Kenny « Sky » Walker (vainqueur du Slam-Dunk Contest en 1989 - ndlr). Il était grand donc c'était moins beau dans la perception, mais je voulais faire comme lui parce que sa façon de finir était trop terrible. Les double-moulin, les cobras, c'est sur lui et Jordan que je me suis basé. Je me suis inspiré et j'ai voulu améliorer. Rendre hommage mais en voulant les dépasser. Je voulais dunker comme eux, partir des lancers-francs, sauf que moi je ne faisais pas 2 m. C'était un avantage.