Sur courant alternatif au début des playoffs, Luka Doncic est revenu à son meilleur niveau face à Minnesota en finale de Conférence Ouest pour porter les Mavericks vers leur premières Finales NBA depuis 2011. Auteur de 32,4 pts à 47,3% (43,4% à 3 points), 9,6 rbds et 8,2 asts de moyenne et d'actions décisives pour tuer les matches, la star slovène a crevé l'écran. A tel point que l'ancien du Real apparaît plus dangereux que jamais au moment d'affronter les C's. Et s'il est utopique de penser qu'un tel joueur puisse être stoppé, Boston pourrait bien avoir la solution idoine pour freiner le prodige de 25 ans : Jrue Holiday.
Les dirigeants de la franchise du Massachussetts avaient flairé le bon coup, l'été dernier, en le faisant venir de Portland en échange de Malcolm Brogdon. Et si le move du front office, qui, en contrepartie d'un joueur qui n'aura jamais complètement fité aux Celtics, récupérait l'un des plus féroces défenseurs de la ligue, semblait intéressant sur le papier, il pourrait bien se révéler plus judicieux encore. Car le champion NBA 2021 avec les Bucks semble bien être la meilleure arme face au génie de Luka Doncic. Explications.
Fatiguer Doncic, la solution pour Boston
S'il est évident que Joe Mazzula souhaitera avant tout limiter l'apport du supporting cast des Mavs quitte à vivre avec les exploits de Luka comme ce fut le cas en saison régulière (2 triple-doubles à 33 et 37 points de Doncic, mais autant de victoires pour Boston), il est certain, aussi, que le coach des Celtics tentera quoi qu'il arrive de diminuer l'influence sur le jeu de ce dernier. Et pour cela, les solutions ne sont pas légion. La seule qui pourrait enrayer la machine slovène consisterait à le fatiguer, en le harcelant sans cesse et en contestant le moindre de ses déplacements, à l'instar de ce qu'a fait Lu Dort au premier tour des playoffs. Lui rentrer dedans, le faire travailler davantage, pour user le N°77 sur la longueur du match. Un travail de sape de tous les instants qui pourrait, au-delà de faire baisser ses pourcentages, limiter la lucidité de la star dans ses prises de décision et, surtout, altérer ses connexions avec le duo Gafford-Lively pour des paniers faciles.
Et pour remplir cette mission défensive de très haut niveau, qui de mieux que Jrue Holiday, 6ème joueur dans la course au DPOY cette saison ? Fort sur l'homme, rugueux, excellent pour anticiper les déplacements de ses vis à vis (coucou Andrew Nembhard), l'ancien Sixer a les armes pour ralentir et user Luka sur demi-terrain et plus encore, si le Slovène venait à monter la balle. Excellent défenseur sur le porteur du ballon, l'ancien de UCLA pourrait gêner Luka sur la défense du pick & roll en drop coverage, largement utilisé par Boston, mais aussi le forcer, au moins par séquence, à lâcher la gonfle pour limiter sa capacité de création. Une aubaine pour Jrue, à même de défendre en overplay sur de longues séquences et de limiter les retours de passes vers Doncic.
Jrue Holiday, taillé pour relever le défi physique
Mais ce n'est pas tout. Fort au sol, naturellement puissant malgré une taille modeste (1,93m), l'ancien de UCLA apparaît aussi en mesure de s'opposer à Doncic dans le défi physique, et de le gêner sur le post-up. Car la star texane, sous ses airs d'ado en surpoids, et à l'image d'un LeBron James, est un big body. Au point d'imposer ses 104 kg à l'ensemble des arrières de la ligue qui se risqueraient à le défier. Insuffisant pour bouger Jrue Holiday, qui à l'image de son futur adversaire, profite de sa puissance au sol et de sa dureté pour dominer ses vis à vis dos au panier, y compris ceux à qui il rend des centimètres.
Autrement dit, qu'il s'agisse de ralentir Luka, de le gêner ou de le couper du ballon, Jrue Holiday semble tout avoir en magasin pour empoisonner la série du champion d'Europe 2017. Mais ce qui rend son profil si spécial face au talent et à la roublardise de Doncic, c'est bien son flair. Son intelligence. Sa lecture. Sa capacité à ne pas mordre dans les feintes (1,6 faute par match cette saison, plus faible moyenne en carrière) pour mieux contester son vis à vis. Toutes les petites choses qui ne s'apprennent pas, qui font les défenseurs ultimes, à l'image d'un Draymond Green (bon, pas forcément celui de cette année, hein...). Une science du placement et de l'anticipation qui lui donne une longueur d'avance. Un incroyable privilège face à un joueur tel que Luka, capable de créer pour lui comme pour les autres en un claquement de doigts.
Quels que soient les plans de Joe Mazzula pour limiter Doncic, le match-up défensif que proposera Boston au leader des Mavs s'annonce passionnant. Et l'ancien Merengue pourrait bien vivre une toute autre série que celle disputée face aux jeunes loups du Minnesota. Car avec Derrick White, Jaylen Brown, et, donc, Jrue Holiday, le technicien du Massachussetts dispose de ce qui se fait de mieux ou presque parmi les extérieurs de la ligue pour se relayer sur l'icone slovène, et lui rendre les matchs le plus difficile possible.
Et si Brown s'est largement occupé de Luka sur les deux matchs de SR, les playoffs sont un tout autre monde. Un monde que connaît bien le N°4 des Celtics, champion avec les Bucks en 2021 grâce notamment à sa défense de fer sur... le maître à jouer adverse, Chris Paul. Premiers éléments de réponse à 2h30 dans la nuit de (ce) jeudi à vendredi.
En revanche, dans des situations de post up, à chaque fois que Luka a eu Holiday sur lui en régulière, il l'a enfoncé comme un enfant. Aussi fort au sol soit-il, il n'est pas Dort.