En théorie, John Stockton, qui fête ses 62 ans aujourd'hui, n’aurait sans doute jamais dû rejoindre la Dream Team montée par USA Basketball pour les Jeux Olympiques de Barcelone. Sa sélection et le fait qu’il ait réussi à aller jusqu’au bout de l’aventure tient déjà du miracle.
Le trashtalk génial et méconnu de Larry Bird avec la Dream Team
Qui sait si le comité de sélection l’aurait choisi si Isiah Thomas n’avait pas été autant détesté par Michael Jordan (et une bonne partie du reste de l’équipe) ? Que ce serait-il passé si Chuck Daly n’avait pas cru Stock quand il lui a garanti que sa fracture du péroné, subie durant le tournoi qualificatif, serait remise à temps pour les JO, à peine plus d’un mois plus tard ? De toute évidence, malgré son talent et son statut de jeune All-Star tout était en place pour qu’il manque une nouvelle fois l’occasion de représenter son pays, après avoir été parmi les derniers joueurs coupés lors des sélections pour les Jeux de 1984.
Mais comme durant toute sa carrière, l’éternel meneur aux shorts courts a défié les probabilités pour sortir victorieux… et c’est tant mieux, parce que sans lui, la Dream Team n’aurait peut-être jamais existé.
C’est ce qu’il raconte dans son autobiographie, « Assisted », dans laquelle il prend d’ailleurs plus de temps à détailler son parcours aux Jeux Olympiques qu’à l’essentiel de sa carrière NBA. Il faut se rappeler que, jusqu’alors, les joueurs pro américains n’avaient encore jamais participé aux olympiades et que la NBA et USA Basketball ont eu toutes les peines du monde à convaincre toutes les parties intéressées de se mettre au diapason pour le bien de la sélection.
L’un des plus gros problèmes « de dernière minute », a été de faire accepter à certains joueurs et à leurs équipementiers personnels (Nike, adidas, LA Gear, Converse…) que seul le logo Reebok apparaisse sur les maillots, shorts et survêtements des athlètes. Et c’est précisément là que Stockton, à la surprise générale, a joué un rôle décisif. Lui le meneur d’un marché si petit que même les fans NBA peinaient à reconnaître dans la rue.
« Pendant l’été, j’avais entendu dire que les athlètes signés chez Nike allaient déclarer forfait pour les Jeux Olympiques, ce qui était totalement inacceptable selon moi », raconte-t-il dans son livre.
« Du coup, je me suis un peu précipité et j’ai immédiatement appelé mon représentant chez Nike pour lui demander fermement de ‘‘mettre fin à mon contrat parce qu’il était hors de question que je me retire des Jeux Olympiques’’. »
Surpris par le coup de téléphone de John Stockton, le représentant de la marque au swoosh l’a tout de suite rassuré en lui expliquant qu’il n’y aurait pas besoin d’en venir à des mesures aussi extrêmes et que John pourrait jouer sans aucun problème. Mais histoire d’être totalement sûr, Stock a ensuite décidé d’appeler directement Dave Gavitt, le boss de USA Basketball à l’époque.
« Je lui ai parlé de ma conversation avec Nike et je lui ai confirmé que je serai présent avec la sélection. Je lui ai très clairement fait savoir que rien ne m’empêcherait d’être là. »
Quelques semaines plus tard, alors qu’ils se promenaient sur les hauteurs de la ville d’Eze, dans les Alpes-Maritimes en attendant le début des Jeux, et que l'histoire fabuleuse de la Dream Team était en marche, ce même Gavitt lui a expliqué à quel point son coup de téléphone impromptu avait été déterminant.
« Mon appel avait interrompu un meeting dans lequel il était question de laisser tomber cette équipe et de sélectionner des joueurs de fac à la place, tellement la question des contrats avec les équipementiers semblait insurmontable. Dave m’a dit qu’à la suite de mon coup de téléphone, il avait dit aux autres responsables qu’au bout du compte, il serait peut-être possible d’arriver à mettre sur pied cette équipe. Mon engagement inconditionnel à jouer leur a semble-t-il donné le dernier coup de boost nécessaire. Et c’est comme ça que USA Basketball a marqué l’histoire. »
Comme toujours et en toute simplicité, John Stockton a délivré la passe parfaite dans un timing impeccable. Le basket mondial peut lui dire merci.
Bonus : 20 ans plus tard, Stockon recrée son shoot mythique