Les New York Knicks n'ont malheureusement pas eu beaucoup de joueurs vraiment emblématiques et adorés par les fans ces dernières années. Historiquement, les habitués du Madison Square Garden ont un faible pour les outsiders, les joueurs qui n'auraient pas dû se retrouver sur le devant de la scène mais ont su s'accrocher ou profiter d'une opportunité pour faire leur trou. On pense évidemment à Jeremy Lin, mais la "Linsanity" a été de très courte durée. John Starks est encore aujourd'hui une icône à New York, tant il a incarné l'abnégation, l'absence totale de peur et le fait qu'un détail peut changer le cours de l'histoire.
Pendant 8 saisons, Starks a été l'un des visages de l'un des meilleurs groupes des Knicks, avec de belles campagnes de playoffs et une identité de jeu basée sur la dureté totale. Pourtant, celui qui a fêté ses 57 ans en août dernier n'était pas censé devenir un incontournable à Big Apple ou même en NBA tout court. Une blessure, provoquée par Patrick Ewing, mais aussi et surtout par sa propre audace, ont modifié sa trajectoire.
En 1990, John Starks sort de deux années passées en ligue mineure, après des débuts à Golden State en temps que joueur non-drafté. A 25 ans, il se dit que tenter d'intégrer un roster NBA est encore possible, même si l'optimisme n'est pas de rigueur autour de l'arrière sorti d'Oklahoma State. Il est donc mis à l'essai par les New York Knicks, qui se cherchent alors encore, un an avant l'arrivée de Pat Riley au coaching. Pat Ewing est déjà là, avec Charles Oakley, Mark Jackson ou encore Maurice Cheeks et Gerald Wilkins.
L'envie et l'insouciance de John Starks plaisent au front office, qui lui font signer un contrat en octobre, sans pour autant attendre de lui monts et merveilles. Starks, dont le temps de jeu s'annonçait très limité, n'est pas du genre à attendre passivement de se faire une place, il affiche son tempérament un jour à l'entraînement. Voyant Patrick Ewing se dresser devant lui lors d'une opposition, l'intéressé se dit qu'un bon gros dunk sur la star locale l'aidera à impressionner tout le monde. Raté. Nous sommes dans les années 90 et Ewing n'a d'autre réponse que celle d'envoyer au sol l'effronté. En retombant, John Starks se tord salement le genou et se fait une grosse entorse.
Podcast #56 : Les promesses du media day, info ou intox ?
Comme l'a raconté plus tard Jeff Van Gundy, alors assistant-coach, la direction des Knicks avait prévu de couper Starks à son retour de blessure, si celui-ci intervenait avant la fin du mois de novembre. En effet, le règlement de la ligue empêchait alors les franchises de couper des joueurs blessés sous contrat, lorsque ladite blessure excédait un mois.
John Starks n'ayant été jugé apte à rejouer qu'au début du mois de décembre, New York a été contraint de le conserver. Jamais une blessure n'aura été aussi opportune pour un joueur et une franchise. Starks, qui dit encore aujourd'hui remercier Ewing d'avoir provoqué sa blessure, devient une excellente doublure pour Gerald Wilkins au poste 2 dès son retour. A son arrivée quelques mois plus tard, Pat Riley voit en lui un élément parfaitement adaptable dans ce qu'il veut mettre en place en termes de mentalité : l'envie de tout casser, sans baisser la tête devant rien, ni personne.
Starks surfe sur cette confiance et devient, en quelques saisons, un membre emblématique des Knicks, qui regardent les Bulls droit dans les yeux en playoffs lors du premier Three-Peat, et atteignent les Finales NBA en 1994 contre Houston lors de la première retraite de Michael Jordan.
John Starks, arrivé presque là par erreur, boucle 8 saisons à New York avec des accomplissements individuels (All-Star en 1994, 6e homme de l'année en 1997, membre du deuxième cinq défensif en 1993) et collectifs inespérés et une place dans la légende des Knicks. Son numéro 3 ne sera sans doute jamais retiré en compagnie de celui de Pat Ewing, mais il a bien une place durable dans un endroit avec au moins autant de valeur : le coeur des fans.