Joel Embiid out, qui pour le trophée de Rookie Of The Year ?

Le Camerounais des Philadelphie Sixers mérite-t-il déjà l’Award ? Si non, qui d’autres pour prétendre au ROY ?

Joel Embiid out, qui pour le trophée de Rookie Of The Year ?
Parmi la vague d’alertes « fin de saison » qui s’est abattue ce weekend, celle annonçant le très probable forfait de Joel Embiid pour la dernière vingtaine de matches est peut-être la plus triste. Le jeune homme a redonné vie à des supporteurs des Sixers éreintés par trois saisons de « tanking », de défaites, de moqueries. Sa blessure, mais aussi celle de Ben Simmons et le transfert de Nerlens Noel, est un coup de poignard pour les supporteurs. Il n’a pas seulement séduit à Philadelphie. Il a conquis la ligue en l’espace de quelques mois. Il a montré les flashs d’une potentielle superstar à même de renouer avec le glorieux passé des pivots dominants. En plus de tout ça, il est le joueur le plus drôle de la NBA. Il va nous manquer (jusqu’à la saison prochaine). Les dirigeants des Sixers ne prendront sans doute plus de risque avec le géant camerounais. Touché au genou, il va passer les prochains mois au chaud. Après tout, il a déjà manqué deux saisons complètes depuis sa draft en 2014. Son temps de jeu était limité à une vingtaine de minutes depuis son grand retour et il a même été laissé au repos lors des backs-to-backs. Embiid a donc joué 31 matches en tout et pour tout. Une première saison conclue avec 20,2 points à 46%, 36% derrière l’arc, 7,8 rebonds et 2,5 blocks en 25 minutes. Non seulement il a marqué les esprits, mais il est aussi de très loin le rookie le plus productif. Il n’a aucune concurrence… à part lui-même finalement. Son corps n’a pas tenu le coup, OK, mais doit-il pour autant être disqualifié de la course au trophée de Rookie Of The Year ? Avec moins d’une moitié, voire à peine le tiers, d’une saison dans les jambes, les votants peuvent-ils tout de même le récompenser ? Aux autres débutants de profiter de son absence. Seul hic, comme indiqué plus haut, les candidats crédibles manquent à l’appel.

Dario Saric, le seul autre rookie à prétendre au ROY

[caption id="attachment_216987" align="alignleft" width="318"] Dario Saric est le deuxième meilleur marqueur parmi les rookies avec 11 pts par match.[/caption] Un seul autre joueur sort vraiment du lot, et lui aussi porte la tunique de Philadelphie. Dario Saric est le deuxième meilleur marqueur parmi les rookies avec 11,3 points par match. A part Embiid et le Croate, aucune première année ne passe la barre des dix pions ! Le trophée de ROY ne se limite pas au scoring mais les statistiques individuelles ont de même une influence importante sur le choix des électeurs. Dans ce domaine, Saric est bien en avance sur ses camarades. D’autant plus qu’il peut encore gonfler ses statistiques. Sans Simmons, sans Noel et sans Embiid, le voilà assuré de finir la saison dans le cinq de Philly… et de faire du chiffre. Il a par exemple conclu le mois de février avec 17 points et 8 rebonds de moyenne. Il affiche 20 pts, 11 rbds et 5 pds lors des trois derniers matches suivants le break du All-Star Weekend. Le joueur de 22 ans excelle dans son rôle d’ailier-fort gestionnaire. Il a cette capacité à lire le jeu et à organiser depuis le poste haut en tête de raquette. Il prend les intérieurs de vitesse, drive vers le cercle, ressort pour les shooteurs démarqués. Illustration hier soir contre les Golden State Warriors, la meilleure équipe de la ligue. https://www.youtube.com/watch?v=a45xJn68jFo Il n’a toujours pas réglé la mire aux tirs. Il a légèrement progressé en février en termes d’adresse avec 44% de réussite mais son shoot à trois-points n’est pas assez efficace (31%) pour étirer les défenses. Les Sixers auront peut-être un problème « de riches », un de plus, une fois Simmons rétabli. Il pourrait y avoir double-emploi entre le Croate et l’Australien. Mais concentrons-nous sur le présent. Saric a les arguments pour s’imposer comme le joueur majeur et le moteur de Philadelphie en cette fin de saison. Le jeu devrait tourner autour de lui. Une occasion pour se placer en concurrent viable au ROY. [superquote pos="d"]Une cuvée très faible... comme annoncé [/superquote]Cette cuvée était présentée comme « faible » (rappelons au passage une fois de plus que Joel Embiid a été drafté en 2014) et elle est restée fidèle à la description peu flatteuse des scouts. Il n’y a pas de superstar capable d’avoir un impact immédiat. Très peu d’All-Stars potentiels, aux éventuelles exceptions de Ben Simmons, voire Brandon Ingram. Quelques joueurs ont tout de même des profils intéressants et s’imposeront peut-être comme de bons éléments d’une rotation NBA avec le temps. Mais pour l’instant, ce n’est pas loin d’être le désert. [caption id="attachment_316608" align="alignleft" width="318"] Malcolm Brogdon, venu de Virginia, est le steal de cette draft.[/caption] Malcolm Brogdon est la bonne pioche de cette draft. L’arrière passé par Virginia a été sélectionné au second tour par les Milwaukee Bucks. Lui est prêt pour la NBA. Il est plus discret, Wisconsin oblige, mais ses prestations sont solides : 9,7 points, 44% aux tirs, 41% aux tirs, 4,2 passes et un différentiel positif de +2,1. Ceux qui accordent plus de valeur à l’efficacité opteront peut-être pour Brogdon plutôt que Saric. Mais les Bucks gagnent à peine plus de matches que les Sixers. Il est rookie, mais il a déjà 24 ans. Sa marge de progression n’est pas aussi importante. Il est déjà un bon joueur de complément et il a une belle opportunité de carrière devant lui. Mais c’est peut-être trop light pour un titre de ROY. Yogi Ferrell est sorti de nulle part (non drafté) mais le nouveau meneur titulaire des Dallas Mavericks a passé une partie de la saison en D-League et il a joué encore moins de matches qu’Embiid. Il s’est bien adapté au système de Rick Carlisle et il donne le tempo de l’attaque des Texans. C’est aussi (surtout) un shooteur, ce qui est évidemment un atout non négligeable à l’ère du « pace-and-space ». Mais il a déjà 23 ans et ne fait pas vraiment office de candidat. https://www.youtube.com/watch?v=G4B9HmLUc6k D’autres rookies ont alterné les hauts et les bas. Buddy Hield aura des opportunités à Sacramento mais son manque de polyvalence a été mis en lumière et il n’a pas non plus fait des merveilles au shoot, son point fort annoncé. Jamal Murray montre des choses intéressantes par intermittence mais il sort du banc pour une équipe à la lutte pour la huitième place à l’Ouest. Ingram a le temps de jeu le plus conséquent parmi les rookies (28 minutes) mais cela ne se matérialise pas dans les stats (8 points à 37% et 4 rebonds). Marquese Chriss a un potentiel intrigant. La doublette des Nets (Isaiah Whitehead et Caris Levert) grappille des minutes au sein de la plus mauvaise formation NBA. Rien de très emballant.

Les rookies sont-ils de plus en plus nuls ?

Cette cuvée est peu croustillante en termes de statistiques mais elle s’inscrit malheureusement dans la tendance actuelle. Huit rookies tournaient à plus de 10 points la saison précédente, dont deux à plus de 15 pions (Jahlil Okafor et Karl-Anthony Towns). Mais cette draft était justement elle considérée comme chargée. Et sur ces huit joueurs, trois d’entre eux avaient déjà joué en professionnel en dehors des Etats-Unis : Emmanuel Mudiay en Chine, Kristaps Porzingis en Espagne et Nikola Jokic en Serbie. [superquote pos="d"]Le one-and-done pourrit la course au ROY [/superquote]En 2015, Andrew Wiggins, ROY, était le seul débutant à plus de 15 pts. Six autres dépassaient les 10 pts dont Nikola Mirotic, pro en Espagne avant la NBA, et trois joueurs US qui ont effectué un long cursus à l’université (Jordan Clarkson, Langston Galloway et Anthony Brown). L’année d’avant, Michael-Carter Williams était lui aussi l’unique bleu à aller au-delà de la barre des 15 unités. Les trois autres rookies à avoir fait mieux que 10 points par match cette année-là avaient tous passé plusieurs années à la fac. Les prospects américains sont de moins en moins performants. Ils sont surtout de moins en moins préparés. Et c’est bien évidemment le résultat du one-and-done, du système AAU, etc. Les exceptions comme KAT sont rares. La plupart des joueurs débarquent sans avoir les bases nécessaires pour briller en NBA ce qui rend la course au ROY de moins en moins passionnante. Les joueurs venus d’Europe et déjà habitués aux exigences du monde professionnel s’en sortent globalement mieux – ils sont nettement moins nombreux donc la comparaison est difficile voire impossible. Pour en revenir au trophée de Rookie Of The Year, la faiblesse de la cuvée rend Joel Embiid incontournable. Même avec 31 petits matches au compteur. Note de l'auteur : Jaylen Brown n'a pas été mentionné mais il a certainement l'un des potentiels les plus intéressants de la cuvée.