Joel Embiid est indéniablement un monstre. Sur le terrain, d’abord, où le pivot des Sixers s’impose peu à peu comme le favori pour le titre de MVP, passant devant Nikola Jokic pour de nombreux observateurs. En dehors, le mot « monstre » prend une tournure plus négative, car sa personnalité est loin de faire l’unanimité.
Certes, le terme est clairement hyperbolique. L’intéressé se définit plutôt comme un « bad guy », le méchant de la NBA aux yeux du public. Dans une interview pour Shams Charania de The Athletic, Embiid a expliqué avoir la sensation d’être impopulaire en dépit de son niveau de jeu et tente tant bien que mal d’apprécier cette situation.
« Les gens ont toujours pensé que j’étais fou quand je l’ai dit, mais je crois vraiment que je ne suis pas apprécié. Et ça ne me dérange pas, c’est très bien. Je serai le méchant. J’aime bien être le connard de toute façon. J’aime être l’outsider, alors ça me va », se rassure-t-il.
Malgré tout, le leader de Philadelphie tient à inspirer le respect. Joel Embiid est soucieux de l’héritage qu’il laissera au terme de sa carrière. Et s’il ne peut gagner la sympathie du public, il espère tout de même qu’il restera dans les mémoires pour son jeu.
« C’est difficile d’être le plus grand de tous les temps, parce qu’il faut gagner un tas de titres et que tout le monde n’a pas la chance de le faire. Une seule équipe peut gagner et il faut avoir les bons éléments autour de soi… Mais quand je prendrai ma retraite, je veux m’assurer qu’ils diront : personne ne l’arrêtait, ni offensivement ni défensivement, et c’était un monstre. C’est pour ça que je joue, pour le respect. J’ai trop travaillé », assume l’intérieur.
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Le MVP, pas une priorité, mais un débat qui anime Joel Embiid
Pour entrer dans l’Histoire, le très convoité trophée de MVP l’aiderait bien. Régulièrement dans les finalistes, mais pas encore récompensé, il assure néanmoins se concentrer sur la victoire et prendre les choses comme elles viennent. « Si je gagne le MVP, tant mieux. Sinon, ça me va », élude le natif de Yaoundé, au Cameroun.
Pourtant, le sujet semble toujours aussi sensible. Interrogé sur les critères du vote, que Giannis Antetokounmpo a qualifié de changeant, Embiid s’est lancé dans une longue explication trahissant une certaine frustration.
« Les critères changent effectivement. Si nous parlons des trois dernières années où j’ai été en lice, la première année, c’était parce que je n’avais pas joué assez de matches. L’année dernière, je suis revenu, j’ai joué suffisamment de matches, j’ai mené la ligue au scoring et, évidemment, Nikola (Jokic) l’a mérité et l’a gagné. Mais encore une fois, il a gagné en tant que sixième de la Conférence Ouest. Et puis cette année, je suis le meilleur scoreur de la ligue, je fais toutes ces choses sur le plan défensif… Je devrais aussi faire partie de l’équipe All-Defensive », s’égare-t-il un instant, avant de reprendre pour fustiger les analytics qui ne reflètent pas la réalité du terrain à son sens.
« Je m’en fiche, mais chaque année, il y a quelque chose. […] Je ne fais pas les règles, je ne choisis pas les critères qu’ils utilisent, donc c’est vraiment une question de préférences », conclut-il.
Aujourd’hui, ces préférences semblent doucement tourner en sa faveur — bien que les deux défaites consécutives des Sixers aient légèrement tempéré sa superbe dynamique du mois de mars. Il faudra attendre la fin de l’exercice pour obtenir une réponse définitive, après laquelle son discours changera peut-être un peu.
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