Que ce soit pour incarner un personnage ou non, Joel Embiid est du genre sûr de lui. Au point de clamer de temps à autre qu'il est le meilleur joueur du monde, par exemple. Ou qu'il mérite le titre de MVP chaque saison, ce qui sera peut-être le cas dans quelques semaines s'il parvient à priver Nikola Jokic du three-peat.
Vu son parcours - il n'a commencé le basket qu'à 15 ans - on pourrait se dire que le Camerounais, qui fête ses 28 ans aujourd'hui, a mis un peu de temps avant de cultiver cette assurance. Les extraits du livre de Yaron Weizman, Tanking to the Top: The Philadelphia 76ers and the Most Audacious Process in the History of Professional Sports, montrent que dès la fin de sa première année à Kansas, Joel Embiid savait ce qu'il valait et ce dont il était capable.
Avant qu'une blessure au pied ne fasse chuter sa cote, les Cleveland Cavaliers étaient prêts à le drafter avec le 1st pick, qu'ils ont finalement utilisé pour sélectionner Andrew Wiggins, échangé un peu plus tard avec Kevin Love.
C'est le workout raconté par Weizman qui montre finalement le mieux quel genre de garçon était déjà Embiid.
"Un lundi soir, un peu moins de deux semaines avant la Draft, Joel Embiid est arrivé à Cleveland. [...] David Griffin a chargé Vitaly Potapenko, un assistant-coach et ex-joueur NBA de 2,08 m, de défendre sur l'agile Embiid au poste.
Embiid a traité Potapenko, 125 kg, comme une poupée de chiffon, raconte un observateur. Il l'a dominé en puissance et l'a facilement éloigné du cercle. 'Sa force était étourdissante'. Les inquiétudes autour de son dos ont été vite mises de côté.
Lancers-francs : Joel Embiid is the new James Harden
Les Cavs l'ont alors fait shooter à mi-distance. Son jump shot était fluide et élégant. Il a fini le workout en reculant à 3 points.
Il a mis le premier panier à 3 points. 'Comment-tu pourrais ne pas me drafter en 1', a-t-il crié à David Griffin. Puis il en a mis un autre. 'Regarde comment je suis fort !'. Puis un autre. 'Tu as besoin de moi Griff !' Et un quatrième : 'Allez, Griff, tu dois me drafter !'. Un cinquième. 'Je suis tellement bon !'. Un sixième. 'C'est moi le n°1' !' Un septième. 'Comment tu pourrais ne pas me prendre ?'
[...] Griffin racontera un peu plus tard que c'est le meilleur workout qu'il a jamais vu. 'C'était la réincarnation d'Hakeem Olajuwon', disait-il. 'Il nous a dit qu'il allait prendre Joel en première position', raconte François Nyam, l'un des agents d'Embiid à l'époque".
Peu après ce workout convaincant, Joel Embiid découvre qu'il a une fracture au pied et se fait opérer 6 jours avant la Draft. Malgré son envie de le recruter, David Griffin a des ambitions élevées et n'a pas le droit à l'erreur avec le retour prochain de LeBron James.
Il suit donc les recommandations du staff médical des Cavs et laisse l'opportunité à Milwaukee et Philadelphie de drafter Embiid à sa place. Les Bucks sont déjà fixés sur Jabari Parker. Ce sont donc les Sixers et leur architecte du Process, Sam Hinkie, qui le récupèrent.
La suite n'est qu'histoire. Ou du moins, une histoire en cours dont on peine encore à deviner comment elle s'achèvera pour celui qui est incontestablement l'un des pivots les plus doués de tous les temps.