Il y a parfois en NBA des petits moves, à la marge, qui passeraient presque inaperçues et s’avèrent en réalité décisif plusieurs mois après. Comme lorsque les Golden State Warriors ont préféré Gary Payton II à l’expérimenté Avery Bradley en amont de la saison 2021-2022. Quand les Milwaukee Bucks ont signé Joe Ingles en juillet dernier, ça a éventuellement fait réagir brièvement les passionnés et les analystes. Mais sans non plus retenir grandement leur attention.
Après tout, l’Australien reste un vétéran de 35 ans qui sort d’une année sans avoir disputé le moindre match en raison d’une déchirure des ligaments du genou. Qui sait dans quel état il allait revenir. Puis la saison a débuté, l’actualité NBA a repris le dessus. Et plus personne ou presque n’a vu venir le retour d’Ingles et l’impact que ça pouvait avoir pour la franchise du Wisconsin.
Pas encore opérationnel en début d’exercice, il a repris le chemin des terrains le 19 décembre dernier. Il n’a joué que 10 matches pour l’instant mais celui de lundi soir, contre les New York Knicks, était sans doute l’un des plus aboutis et des plus encourageants. Il a été aligné sur le parquet pendant 28 minutes, le temps d’inscrire 17 points – son meilleur total cette saison – de prendre 3 rebonds et de distribuer 5 passes décisives.
Joe Ingles a surtout mené la révolte et le comeback héroïque des Bucks, menés de 17 points en seconde mi-temps. Les champion NBA 2021 sont revenus au score à coup de paniers extérieurs et il en a planté 5 (en 11 tentatives) à lui tout seul. Une performance qui fait office de rappel de ce que l’ancien arrière du Utah Jazz peut apporter à une équipe aussi ambitieuse que celle de Milwaukee.
Il avait déjà compilé 14 points et 10 passes contre les Minnesota Timberwolves il y a quelques jours. Mais ce sont encore des coups d’éclat isolés entre une série de prestations beaucoup moins flatteuses. Ses statistiques brutes restent faiblardes avec 6 points, 34% aux tirs et 32% derrière l’arc. Rien d’illogique pour un joueur qui doit tout simplement reprendre le rythme. Et il donne justement l’impression de retrouver des sensations progressivement.
Joe Ingles : les Clippers s’en veulent encore 8 ans après
Il renvoie déjà le sentiment qu’il peut aider dans cet effectif. Les Bucks sont vraiment armés une fois au complet. Mais il leur manque (manquait ?) un ou deux basketteurs solides pour densifier leur rotation au-delà du top-7 habituel. Joe Ingles a les atouts pour assurer ce rôle. Il n’est pas rapide, encore moins après sa blessure, mais il est rusé. Technique. Adroit. Bon passeur. Ce n’est pas un stoppeur mais il a de la taille et un peu de vice. C’est un créateur intéressant en sortie de banc et un joueur de complément susceptible d’être associé à Giannis Antetokounmpo, Khris Middleton et/ou Jrue Holiday.
« C’est génial d’avoir un gars comme Joe qui peut créer, mettre des tirs importants et organiser le jeu en attaque. Il a beaucoup d’expérience, avec ses dix années de NBA et tous les tournois FIBA qu’il a joué. Il connaît le basket. Je suis heureux qu’il soit dans notre équipe », déclarait le Grec.
Les dirigeants des Bucks doivent aussi être heureux. Ceux de leurs concurrents directs risquent de regretter de ne pas s’être penchés sur le dossier. Parce que si Joe Ingles n’est pas encore très régulier pour l’instant, un peu à l’image de son équipe, il engrange du rythme. Et il risque bien de peser à partir d’avril.