Les détracteurs, Jimmy Butler adore ça !
Et pourtant, encore une fois, Butler revient de loin. Son feuilleton avec les Wolves, qu'il voulait absolument quitter, a vraiment terni sa réputation. Souvent dépeint comme un "poison" au sein d'un groupe, l'ex-joueur des Bulls a été très critiqué. Beaucoup ont ouvertement remis en question le choix de Miami de lui confier les clés de la franchise. De lui offrir un contrat à 140 millions de dollars sur 4 ans. Mais de son côté, le vétéran de 30 ans adore ça ! Il se nourrit de ce contexte. Et surtout, il prend un immense plaisir à fermer des bouches."Les critiques ? Bien (en applaudissant, ndlr). Est-ce que ça m’a embêté ? Absolument pas. J’ai tout entendu sur ma façon d’être, ma façon d’être en tant que joueur, en tant que leader. Peu importe, je sais qui je suis. Je sais ce dont je suis capable. Je suis concentré sur le fait de gagner. Le reste, je m'en moque, le plus important c’est le groupe. C’est simple, si tu es à fond pour tout donner pour l’organisation, tu as ta place ici. Si ce n’est pas le cas, la porte est ici. Nous avons cet état d’esprit. On se moque de l’extérieur, ce n’est pas pour tout le monde ici. Mais c’est fait pour moi", a assuré Jimmy Butler lors d'un entretien accordé à ESPN.
Par contre, on sent tout de même que Butler a été piqué par les critiques sur son niveau. Au moment de son départ de Philadelphie, une franchise candidate pour un titre NBA, beaucoup ont pointé du doigt son manque d'ambition. Pourquoi partir d'un favori pour le trophée Larry O'Brien afin de rejoindre une équipe encore en construction ? Une question légitime après tout. Mais de son côté, le #30 pick de la Draft NBA 2011 n'avait pas besoin de s’interroger à ce sujet. Il savait où il voulait être, pourquoi et surtout ce qu'il pouvait faire."Les gens qui ont dit que je me moquais de gagner ? Alors que nous sommes en 18-6 ? (rires) Je sais ce dont je suis capable. Les gens pensent que je ne suis pas un bon basketteur, que je ne peux pas donner la confiance aux autres, que je ne peux pas les aider à gagner. Je ne dis pas que je suis le meilleur joueur du monde, je ne dis pas que je ne le suis pas (sourire). Mais quand tu as un groupe qui bosse vraiment, comme celui d'ici, tout est possible. Ils bossent dur, sont jeunes et professionnels. Ils jouent bien, avec confiance et on est seulement en décembre. Avec ces gars et moi, nous sommes spéciaux", a-t-il lâché.
Un leader dans le style du Heat
Cette mentalité, il faut le dire, n'est pas acceptée par tous les joueurs. Butler ne fait pas dans la demi-mesure. Et certains en ont fait les frais (coucou Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins). Est-ce qu'il faut avoir cet état d'esprit pour réussir en NBA ? Pas forcément. Mais est-ce qu'il faut avoir cette philosophie à Miami ? Très certainement. Et c'est aussi la différence avec ses précédentes expériences, Butler a le droit, mais aussi le devoir, d'être fidèle à lui-même en Floride."Ici, on peut dire la vérité aux gens sans que ça soit personnel. Je veux gagner, tu dois avoir envie de gagner, donc on surpasse ça. Certains ne le font pas, donc j’ai laissé des gens derrière. Mais ici, tout le monde est comme ça. On m’a dit d’être moi-même ici et je le suis vraiment (sourire)", a-t-il confié.
Autour de cette équipe, l'atmosphère reste particulière. Avec Pat Riley à sa tête, cette franchise a toujours eu des ambitions élevées. Et n'a pas eu peur de se donner les moyens de ses objectifs. Sans même revenir sur la période Big Three, les dirigeants du Heat n'ont pas hésité à prendre le risque Butler pour jouer les premiers rôles cette saison. Et c'est un vrai risque de miser autant sur un joueur de 30 ans. Mais il faut gagner à Miami. Et donc il fallait un patron. Peu importe le prix. Dans ce style, Butler colle à ce club."Je me sens bien ici car j’apprends. Je pense que j’étais plutôt un bon joueur avant d’arriver ici. Mais je pense que je m’améliore ici car j’apprends à vouloir gagner encore et encore. La culture est différente ici. On s’en moque des individualités, seul le titre compte. J’adore ça. On est toujours concentré sur l’objectif principal. (...) Je suis heureux tout simplement. L’organisation, il faut bosser toujours ici. Tout est ici pour le titre, tout le monde pense de la même manière. Tout est mis en œuvre pour gagner. Et ça c’est moi. J’ai toujours pensé comme ça donc c’est le lieu parfait pour moi. Dwyane Wade m’a toujours dit que j’avais ma place ici. Que je correspondais aux critères. Et j’ai l’impression que oui", a-t-il analysé.
Un énorme ego, et alors ?
Que ce soit dans son attitude, mais aussi au niveau de ses performances, Butler se montre en tout cas à la hauteur. Avec ses 20,6 points, 7 passes décisives et 6,9 rebonds de moyenne, il assume parfaitement son statut. Sur le parquet, il montre la voie. Mais sans trop en faire. Ses coéquipiers ont également des responsabilités. Dans cette jeune équipe, il a trouvé sa place, celle du mâle alpha. Cependant, il a aussi trouvé une vraie meute. Et cette fois-ci, il ne s'agit pas de loups apeurés face à lui. Il y a du répondant, des jeunes avec les crocs. Et si vous connaissez un peu le personnage, le #22 du Heat se régale dans un tel groupe."Les joueurs me ressemblent plus. Au début de ma carrière, personne ne connaissait mon nom aussi. Ils ont envie d’écouter, mais aussi de prouver. Je me retrouve en eux. C’est moi quand j’avais 20 ou 22 ans. Je sais à quel point je voulais gagner et aider. C’était facile de venir ici pour les aider. Nous avons de vrais joueurs", a-t-il apprécié.
Comme la majorité des meilleurs joueurs de la NBA, Butler déborde de confiance. Peut-être même à l'excès dans son cas. Son ego est énorme. Sûrement pour contre-balancer avec les doutes dont il a fait l'objet. Il croit en lui et ne s'en cache pas. Et il croit aussi en cette équipe et ne le cache pas. Et dans une franchise en reconstruction, ça peut faire la différence. Une telle confiance a forcément un impact sur Adebayo, Nunn ou encore Herro. Sur l'ensemble d'un collectif même. Bien sûr, cela ne suffit pas, mais Butler ne se trompe pas en disant qu'il a du talent, que ce groupe a du talent. Et donc avec en plus un excellent coach comme Erik Spoelstra, une bonne dynamique et donc une énorme confiance, tous les ingrédients sont réunis pour biller. Jusqu'à où ? L'arrière a bien une idée..."Est-ce que vous pensez vraiment que je ne pensais pas qu’une équipe, avec moi, n’allait pas être aussi forte ? Je suis plutôt surpris de ne pas être numéro 1 à l’Est pour dire la vérité. Nous allons être encore plus forts quand le coach aura mis en place ce qu’il veut. A l’intérieur, personne n’est surpris. On a une grande confiance. Ce n’est pas une surprise, on a parlé de ça depuis l’été. On a parlé de ça au training camp, on en parle tous les jours. On sait à quel point on peut être bon, on ne se compare à personne, mais on peut vraiment jouer au basket. Les Finales NBA ? Pourquoi pas (sourire) ? Pour l’instant, il s’agit simplement d’un petit échantillon de notre potentiel", a prévenu Butler.
Aimé ou détesté, Jimmy Butler ne fera jamais l'unanimité. Mais il faudrait être malhonnête pour ne pas reconnaître sa forte personnalité, son talent et son leadership. Car oui, à Miami, il s'impose comme le leader parfait.