C'est le mouvement qui a lancé cette intersaison de folie en NBA. Détenteurs du premier choix de la Draft, les Boston Celtics l’ont échangé contre le troisième pick, détenu par les Philadelphia Sixers. Ils ont donc fait le choix de snober Markelle Fultz pour se consacrer à leur coup de coeur : Jayson Tatum.
Un choix surprenant sur le papier. Tout le monde semblait s’accorder sur le fait qu’il fallait jeter son dévolu sur Fultz. Mais du côté de Danny Ainge, c’était une évidence. Tatum est l’élu de son coeur. Et plus le temps passe, plus on comprend pourquoi l’ancien de Duke pourrait être le rookie avec le plus bel avenir de cette cuvée.
Le chouchou de Boston
Il faut tout de même se rendre compte de la prise de risque. Régulièrement raillé pour son côté frileux, rechignant à lâcher ses assets, le boss de Boston n’a pas hésité une seule seconde à faire l’impasse sur le jeune le plus attendu de toute la cuvée.
Jayson Tatum et les Celtics, c’est un coup de foudre qui a tout pour déboucher sur une belle histoire. Être choisi haut, avoir une belle réputation, c’est une chose. Mais le facteur le plus important pour un joueur dans sa première année, c’est de tomber dans la franchise adaptée.
Bien sûr, Markelle Fultz est apprécié aux Sixers, tout comme Josh Jackson aux Suns ou même Lonzo Ball aux Lakers (même si l’influence de son père a peut-être joué). Sauf que dans le Massachusetts, Tatum va avoir l’occasion de découvrir une des organisations les mieux gérées de la ligue. Et un groupe déjà taillé pour jouer les premiers rôles.
Un environnement sain
Avoir du temps de jeu est une donnée fondamentale pour un rookie. Cependant, il faut aussi analyser la qualité de ces minutes. Jayson Tatum sera probablement l'un des joueurs du top 10 avec le plus petit temps de jeu. Mais certaines minutes valent plus que d’autres.
Il est facile d’énumérer les joueurs sur-utilisés dès leur première saison. Or, parmi eux, seuls les vrais bons joueurs parviennent à les rentabiliser directement et sur le long terme. Très souvent, un joueur peut se cramer en étant trop exposé pour son âge. On ne lui souhaite pas mais Lonzo Ball a par exemple ce profil.
Un rookie doué dans une équipe faible, c'est un grand classique. La pensée traditionnelle dans le sport professionnel serait qu’on apprend davantage de ses défaites. Mais être dans une organisation stable et forte peut s’avérer plus avantageux. Même si cela implique de jouer 15 ou 20 minutes plutôt que 30.
La pression est importante pour un numéro 3 de draft. Mais ne comptez pas sur lui pour y céder ou pour s'enflammer en cas de hype. Tatum dispose d’un entourage très sain. Il se décrit lui-même comme « le plus grand fils à maman de tous les temps ». Il entretient des liens extrêmement forts avec Cole, sa mère.
Celle-ci s’est occupée seule du petit Jayson et lui a inculqué le sens du travail. C’est le genre de maman à emmener son fils en cours avec elle pour ne pas manquer l'opportunité de décrocher trois diplômes différents. Elle ne laisse donc pas son petit Jayson se reposer, que cela soit sur ou en dehors du terrain.
"Coach K ne va pas retirer ton maillot tant que tu n’auras pas été diplômé », lui rappelait-elle souvent. « C’est quelque chose d’important pour moi. Beaucoup de jeunes de Duke reviennent et obtiennent leur validation. Je lui ai dit, peu importe le temps que cela prendra. Il a vu à quel point j’ai travaillé dur", raconte-t-elle dans un sujet sur ESPN.
S’il n’a pas grandi à ses côtés, Jayson Tatum est le fils de Justin, un coach de basket. Son parrain n’est autre que Larry Hughes, l’ancien joueur des Cavs et des Wizards. Le gamin a côtoyé un entourage sain et déjà féru de basket, à l'image de Kyrie Irving et son "godfather", un certain Rod Strickland.
Brad Stevens, l’atout charme
L’influence d’un coach de qualité n’est même plus à démontrer en NBA. A ce niveau, le parcours de Tatum ressemble tout de même à une ruée vers l’or. Après avoir expérimenté les méthodes de Mike Krzyzewski à Duke, il s’apprête à côtoyer Brad Stevens, l’un des coaches les plus respectés de la ligue.
Parmi ceux qui auraient pu s’occuper de lui, ils sont peu à proposer un bagage aussi intéressant que l’ancien head coach de Butler en NCAA. S’il n’a pas été nommé parmi les trois finalistes pour le titre de CoY, c’est surtout dû à l’énorme concurrence.
Il suffit de voir l’évolution des joueurs passés sous les ordres de Stevens. Ils ont tous progressé. Les jeunes en particulier. L’éclosion de Terry Rozier a surpris beaucoup de gens. Marcus Smart est devenu un vrai bon 6e homme. Surtout, au même poste, un joueur comme Jaylen Brown commence à développer une panoplie impressionnante après seulement un an aux Celtics.
Le cas Tatum représente d’ailleurs un challenge pour Stevens qui n’a eu qu’à développer des joueurs très bons défensivement à l’origine (Smart, Brown, Crowder etc..). Ici, il dispose d’un élément déjà doué offensivement. Bon élève, le rookie est l’exemple-type de l’éponge, capable d’assimiler très vite beaucoup d’informations.
Souvent, Jayson Tatum est comparé à Carmelo Anthony ou même Paul George. C'est sans doute un peu prématuré et peut-être erroné. Son profil se rapproche plus de celui de Gordon Hayward, son futur coéquipier.
C'est un fait : un jeune apprend bien plus en côtoyant des grands joueurs au quotidien. De qui Markelle Fultz va-t-il apprendre en Pennsylvanie ? A Los Angeles, Lonzo Ball n’a toujours pas de mentor. Pareil pour Josh Jackson à Phoenix. Seul De’Aaron Fox peut se vanter d’avoir à ses côtés des briscards comme Zach Randolph, Vince Carter ou George Hill.
Prudence tout de même. Aux Celtics, le risque d'une overdose d’ailiers existe. Un souci pour certains, mais une vraie source d'inspiration pour Tatum. S’il peut apprendre offensivement d’un All-Star comme Hayward, s’entraîner avec des Jae Crowder ou autre Marcus Morris va aussi l’endurcir.
Un rôle idéal
Au vu de la profondeur de banc à Boston, Tatum ne risque pas d’être surexposé, un atout pour un garçon de 19 ans. Il devra tout de même se faire une place dans la rotation de Brad Stevens. Pour cela, son style de jeu lui sert de ticket d’entrée. Il a beau être un énième ailier sur le papier, son profil est en réalité plutôt unique à Bean Town.
Gordon Hayward va assurer le scoring à l’aile dans le cinq de départ. Aux côtés d’Isaiah Thomas, ils seront les leaders, ceux qui doivent porter l’équipe quand cela va moins bien. On peut supposer, au vu des dernières déclarations de Stevens, que deux autres ailiers composeront le cinq de départ. Jae Crowder tient la corde, certainement accompagné de Marcus Morris ou alors (déjà) de Jaylen Brown. Les trois sont davantage de bons défenseurs pouvant mettre quelques points en complément d’un vrai scoreur.
Jayson Tatum n’a rien à voir avec eux. S’il est loin d’être ridicule défensivement, c’est de l’autre côté du terrain que son talent s’exprime le mieux. Son tir extérieur est déjà assez fiable pour son âge. Il maîtrise les mouvements nécessaires pour se créer lui-même ses points (tir après dribble, post-up, drive). Un bagage technique qui devrait lui assurer un rôle fondamental dans l’effectif de Boston.
Le banc des Celtics manque de profils comme celui de l’ancien de Duke. Marcus Smart, Terry Rozier, Marcus Morris ou Jaylen Brown, Aron Baynes : autant de joueurs utiles mais limités offensivement. Aucun n’est capable de vraiment créer et de mettre des points régulièrement chaque soir. Il suffit de voir l’importance qu’avait (offensivement) un Kelly Olynyk la saison dernière.
Dans ce contexte, Tatum a un vrai bon coup à jouer. Sans être non plus un aimant à ballons, il va largement avoir de quoi montrer pourquoi il a bluffé Danny Ainge.
Doué, bien éduqué, et promis à un rôle intéressant dans l’une des meilleures franchises de la ligue... Jayson Tatum toutes les cartes en main pour devenir LE joueur de cette Draft 2017.