"Quand je regarde Jayson Tatum et son jeu, ça me fait penser à une version mûre du mien. Genre le joueur que j'étais après, 6, 7 ou 8 ans en NBA".
On pourrait penser que l'amour que porte Paul Pierce aux Boston Celtics lui fait survendre un peu le chouchou du moment de la franchise de son coeur. Mais "The Truth" porte simplement bien son nom. La comparaison et l'éloge font sens. A 19 ans, Jayson Tatum joue un basket mature, que l'on croirait proposé par un vétéran qui est passé par la case "rookie mistakes" il y a bien longtemps déjà. En fait, il est presque irrationnel que Tatum, produit du one-and-done à la sauce Duke-Krzyzewski, soit déjà aussi bon. Et quand on dit bon, ce n'est pas dans le sens "je tourne à 20 points et 10 rebonds dans une équipe qui tanke", ce qui est déjà très respectable. Ce que fait Jayson Tatum avec seulement une saison NCAA et 15 matches en NBA dans les jambes, c'est bien plus fort. Les lacunes inhérentes à l'inexpérience chez 90% des rookies ne se voient pour le moment pas chez lui. L'ailier s'est déjà mis au niveau d'exigence requis pour évoluer dans une équipe qui ne vise rien d'autre qu'une place en Finales NBA. Tatum est bon dans le sens intelligent, propre et efficace. Il transforme le rien en quelque chose. Ne surjoue pas. S'adapte à une situation qu'il n'avait peut-être pas envisagé au départ : celle d'être starter de la meilleure équipe de la Conférence Est.Jayson Tatum.... Turning nothing into something. #NBARooks pic.twitter.com/j7sIXqQ7n5
— NBA Draft (@NBADraft) November 12, 2017
Tatum compris
Ce que l'on avait cru percevoir chez lui à la fac était en fait erroné. On avait bien senti la fluidité offensive et la qualité de finition. Pas la discipline tactique et le QI basket qu'il dégage chez les C's. Les craintes logiques sur une palette un peu trop réduite à des shoots à mi-distance plus aussi fiables qu'avant en NBA (no offense DeMar DeRozan) ? Balayées. Depuis le début de la saison, Jayson Tatum ne prend que 30% de shoots à mi-distance. 70% de ses tentatives sont à 3 points ou près du cercle. Exactement ce dont ont besoin les Celtics. Qu'il en soit venu à cette conclusion de lui-même ou sur conseil du staff, le fait qu'il soit capable de l'appliquer au plus haut niveau sans fléchir est absolument remarquable. L'intention est bonne, mais l'exécution aussi. Derrière ses 14 points de moyenne par match, se cache une adresse globale épatante (50%, pour 9.3 shoots/match) et une sérénité sur le shoot extérieur effarante (48.9% pour 3 tentatives/match). Plus fort encore, l'ADN de clutch player qu'il revendique déjà. Sur l'ensemble des quatrièmes quart-temps, le gamin de St Louis (Missouri) tourne à 59% à 2 points, 55% à 3 points et 90% sur la ligne. Quand on sait que Brad Stevens peut déjà s'appuyer sur l'un des joueurs les plus mortels de toute la NBA dans le crunch time en la personne de Kyrie Irving...Step up immédiat
Combien de General Managers auraient cherché à renforcer leur équipe avec un vétéran une fois Gordon Hayward à terre ? Danny Ainge a poussé sa logique jusqu'au bout et ne s'est même pas posé la question d'un remplacement externe à l'ancien ailier du Jazz. S'il a trade-down pour récupérer Jayson Tatum, c'est aussi parce qu'il était conscient que le garçon pouvait être un contributeur immédiat et répondre aux attentes en cas de coup dur. Le coup dur est malheureusement arrivé, mais la réponse est pour le moment exceptionnelle. Si Boston est sur une série de 13 victoires de suite, c'est évidemment grâce à Brad Stevens et la gestion de son groupe. Mais la façon dont les plus jeunes, Tatum et Jaylen Brown en tête, épousent leur rôle y est aussi pour beaucoup."Je crois que j'ai toujours été comme ça. Je ne me monte pas la tête ou ne m'excite pas trop vite parce que j'ai réussi quelque chose. Les plus expérimentés du groupe m'aident beaucoup aussi", a expliqué Tatum au Boston Globe.
En interne, les membres du staff des Celtics ne cachent pas qu'ils ont rarement vu un jeune joueur capable d'apprendre et d'appliquer aussi vite. Il est beaucoup trop tôt pour prédire à Jayson Tatum une aussi belle carrière dans le Massachusetts que Paul Pierce. Ce que l'on a vu de lui sur ce petit échantillon donne toutefois de solides raisons de croire en lui.