La rupture entre Jaylen Brown et les Celtics est-elle inévitable ?

L’avenir de Jaylen Brown semble de plus en plus trouble et pourrait bien s’écrire loin des Boston Celtics.

La rupture entre Jaylen Brown et les Celtics est-elle inévitable ?

Que se passe-t-il avec Jaylen Brown, exactement ? Ces derniers temps, l’ailier et sa franchise nous donnent l’impression d’assister à un crash au ralenti, à un long accident dont on ne peut détourner le regard, un remake de Titanic. Peut-être nos sens nous trompent-ils, mais ce que nous fixons avec cette curiosité morbide ressemble beaucoup aux prémices d’une rupture entre Boston et sa seconde star.

« Signer sur le long terme avec les Celtics ? Je ne sais pas », hésitait Brown dans une récente interview pour The Ringer. Et si lui-même n’a pas la réponse, autant dire que personne ne sait à quoi s’en tenir et que tout le monde doute. L’athlète de 26 ans, auquel il ne restera plus qu’un an de contrat après cette saison, semble avoir l’esprit ailleurs.

Les fans de la franchise ne sont pas insensibles à ce constat et tentent tant bien que mal de retenir le joueur. Lundi, après qu’il ait marqué 41 points dans la victoire face aux Spurs en l’absence de Jayson Tatum, ils lui ont ainsi réservé une ovation pour lui témoigner toute leur affection. Sur le moment, un sourire chaleureux. À tête reposée, réaction glaciale.

« Je viens tous les jours et je fais mon travail, c’est tout ce sur quoi je me concentre », a-t-il balayé en conférence de presse, interrogé sur ce que ces encouragements représentent à ses yeux.

Que dire, si ce n’est que le ton de l’ailier est si froid qu’il pourrait régler le problème du réchauffement climatique ? Dans l’absolu, rien ne garantit que cela trahisse de sérieuses envies de départ, mais ça y ressemble furieusement. Les Hawks surveillent son dossier de près et ne sont certainement pas les seuls à planer au-dessus des C’s en espérant un faux pas.

Une relation avec les Celtics constamment mise à l’épreuve

Il faut comprendre l’exaspération de Jaylen Brown. Depuis sa draft en troisième position en 2016, la pépite de Berkeley n’a jamais fait défaut aux Celtics. En dépit des doutes, l’ailier s’est imposé dans le gratin de la ligue, en témoignent ses deux sélections au All-Star Game. Il a joué un rôle déterminant dans le retour de la franchise au plus haut niveau.

Pourtant, le natif de Géorgie a rarement passé plus de quelques mois hors des rumeurs. Ce bourdonnement ininterrompu est un fardeau difficile à porter. Même le fait d’atteindre les Finales NBA, en étant l’un des principaux artisans de cet exploit, ne lui a pas permis de faire taire les bruits.

En juillet, Shams Charania a révélé que Boston avait proposé Brown aux Nets comme contrepartie pour un transfert de Kevin Durant. Qu’a-t-il ressenti à ce moment, alors que son corps récupérait encore d’une lutte acharnée pour apporter un titre à la franchise ? Déçu, dépité, désabusé… le terme exact n’appartient qu’à lui. Ce qui est établi, c’est que cet épisode l’a clairement troublé.

« Les actions réalisées pendant cette période ne donnaient pas l’impression de suivre la direction prise par la franchise. Je ne sais pas. C’était difficile à dire en tout cas », a-t-il récemment confié.

Jayson Tatum raconte comment il a rassuré Jaylen Brown

Le front office a trop souvent envisagé la séparation pour que le joueur n’y songe pas lui-même. Lorsque l’on est habitué à avancer dans le brouillard, il n’est sans doute pas bien dur d’imaginer que l’herbe est plus verte ailleurs qu’au TD Garden. Encore davantage quand le jeune homme, très engagé dans son combat pour l’égalité, y a connu de « mauvaises expériences » et y a été confronté au racisme.

Brad Stevens, le président des opérations basket, était censé avoir contrôlé les dégâts du feuilleton KD. Un appel pour mettre les choses à plat avait supposément rassuré son poulain. Aujourd’hui, les séquelles laissées par toutes ces péripéties sont exposées au grand jour.

« Jaylen avait déjà connu cette situation, avec de nombreux bruits autour de lui depuis longtemps. C’est le quotidien des grands noms au fil des ans, non ? », esquissait Stevens au mois d’août, une fois l’affaire tassée.

C’est peut-être le cas, mais cela ne veut pas dire que c’est le quotidien auquel aspire Jaylen Brown. D’autant plus que les noms encore plus grands que le sien se retrouvent rarement dans cette situation. Tout le monde sait que Jayson Tatum ne bougera pas, que les Celtics tiennent trop à lui, qu’il s’agit de sa franchise. Son second n’a pas la même immunité.

Une part du problème pourrait justement résider dans cette question de statut. L’ailier, qui a en ce moment la tête dans les étoiles, rêve éventuellement de devenir une superstar. Boston ayant déjà son numéro un, les projets des deux parties seraient alors incompatibles.

« Lorsque vous avez l’occasion d’être le gars sur lequel tout le monde s’appuie, c’est un privilège, c’est un honneur. Je ne considère donc pas ces moments comme acquis », assurait le lieutenant lundi, en l’absence du leader de l’équipe, amplifiant encore les doutes.

Sur l’échiquier, seul le roi est irremplaçable. Le passionné d’échecs qu’est Brown en a parfaitement conscience. On ne peut pas attendre d’un joueur décrit comme « trop intelligent pour son propre bien » qu’il s’arrête de réfléchir et accepte simplement cette situation inconfortable.

Que fera Jaylen Brown cet été ?

Au-delà des spéculations et de l’analyse, il y a les faits. Et le fait est que l’intersaison à venir sera déterminante pour la suite.

L’ailier des Celtics est éligible à une extension de contrat de 165,2 millions de dollars sur quatre ans, d’après les calculs de Keith Smith de Spotrac. C’est vraisemblablement le deal qui sera sur la table cet été, si la star veut bien s’y asseoir.

« Il représente un élément essentiel de ce que nous faisons, et ce depuis six ans maintenant. Nous sommes impatients de faire de notre mieux pour qu’il reste ici pendant longtemps », a anticipé Brad Stevens à NBC Sports avant le début de l’exercice.

Les Celtics perdent l’un de leurs principaux assistants coaches

En réalité, il y a très peu de chances que Brown accepte une telle proposition. Quelle que soit son intention. S’il attend la free agency 2024 pour se réengager dans la franchise du Massachusetts, il pourra signer un contrat de 248,8 millions de dollars sur cinq ans, d’après les projections actuelles.

Cela représente un salaire moyen de 49,8 millions, contre 41,3 s’il choisit la première option. En l’état, il y a donc d’immenses chances que le joueur emprunte le chemin de la free agency. Cela serait bien sûr très angoissant pour son équipe, puisqu’il serait libre de claquer la porte après l’exercice 2023-2024. Ce serait comme un grand saut dans le vide sans garantie que l’élastique soit bien attaché.

Mais il existe aussi un scénario dans lequel les dirigeants pourraient jouer un gros coup dès cet été : si le All-Star est sélectionné dans une All-NBA Team. Dans ce cas de figure tout à fait envisageable, ils pourraient alors aligner 290,3 millions de dollars sur cinq ans avec la Designated Veteran Extension. Cela représenterait donc un salaire annuel de 58 millions, très difficile à refuser. Le front office découvrira certainement les nominés des All-NBA Teams avec la même appréhension qu’un démineur au moment de couper le fil d’une bombe.

Les Celtics bénéficieront quoiqu’il arrive d’un avantage majeur sur la concurrence. Ils pourront faire une offre bien plus lucrative à Jaylen Brown que toute autre équipe. Avec tous ces éléments en tête, le discours de l’athlète prend une tournure légèrement différente.

« Signer sur le long terme avec les Celtics ? Je ne sais pas. Tant qu’on a besoin de moi. Cela ne dépend pas seulement de moi. Nous verrons ce qu’ils pensent de moi et ce que je pense d’eux au fil du temps. J’espère que, peu importe la situation, cela aura du sens. Mais je resterai là où l’on veut de moi. Je resterai là où l’on a besoin de moi et où l’on me traite correctement », a-t-il dit.

Ces mots sonnent au premier abord comme ceux d’un futur agent libre encore indécis. Mis à la lumière de son contexte salarial, on peut aussi bien l’interpréter comme un levier dans les négociations.

« N’oubliez pas que c’est d’abord un business », glissait Marcus Smart cet été, par l’intermédiaire de CLNS Media, à propos des rumeurs de transfert avec Kevin Durant. Peut-être l’ailier a-t-il seulement retenu le conseil de son coéquipier. Cette déclaration a tout d’un message au front office pour préparer le terrain en vue d’arracher une énorme extension, une no-trade clause ou le quelconque objet de son désir.

Si tel est le cas, il se pourrait que Jaylen Brown ait en fait un coup d’avance. Il se pourrait également qu’il nous prenne de court et demande son transfert cet été, ou qu’il ne s’agisse au final que d’une mauvaise passe. On peut même envisager qu’il ait juste peur de trop s’engager publiquement, après ce qui est arrivé à Kyrie Irving, dont il reste proche.

Impossible de savoir à quoi s’attendre sans être dans la tête du joueur. La situation complexe de Brown, avec tous ses tenants et aboutissants, appelle un dénouement tout aussi complexe. Sera-t-il transféré ? On imagine souvent que la seule solution est de trancher le nœud gordien, alors que résoudre l’énigme requiert parfois simplement du temps et de la patience.

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