L’énigme JaVale McGee bientôt résolue ?

L'imprévisible pivot des Nuggets sera attendu au tournant pour sa sixième saison dans la ligue. Brian Shaw saura-t-il favoriser son éclosion ?

L’énigme JaVale McGee bientôt résolue ?
Et si l'avenir appartenait à JaVale McGee ? Oui, oui, on sait, dit comme ça, ça fait un peu flipper. Mais à trop vouloir le classer dans la rubrique "bloopers", on finirait presque par oublier que l'intérieur des Nuggets, détient, d'un bout à l'autre de ses bras tentaculaires (2,30 m d'envergure !), un talent à même de faire de lui un des pivots les plus dominants de la NBA.
"Je vois en lui une star, sans l'ombre d'un doute. Ce gars devrait dominer la ligue", confiait en août dernier à FOX 26 le légendaire Hakeem Olajuwon, avec qui McGee, comme tant d'autres avant lui (Kobe, Stoud, Melo, LeBron, Dwight Howard...), a tenté de parfaire sa technique.   "Il dispose d'un talent incroyable. Je lui enseigné des moves. Il peut terminer (ses actions) et il a déjà ses propres moves. Je lui montre seulement comment les utiliser pour franchir un palier supplémentaire. McGee est incroyable parce qu'il n'est pas seulement un 7-footer. Il est très agile."
Olajuwon - dont McGee porte le n°34 - se disait alors très impatient de voir quelle serait la production de son élève la saison passée, la cinquième en carrière de McGee. Le résultat fut, disons, en demi-teinte. En raison du fait, notamment, que le courant n'est pas passé entre George Karl et son prometteur pivot de 25 ans (à son poste, JaVale McGee a donc encore du temps devant lui...). D'où un temps de jeu ultra réduit pour sa deuxième année de contrat dans le Colorado, avec seulement 18 minutes par match en moyenne, saison régulière (aucune titularisation), comme durant le premier tour de playoffs perdu face aux Warriors (2-4). Les stats de McGee :
  • Saison régulière : 9,1 pts à 57,5% (59,1% aux LF), 4,8 rbds (2 off), 2 blocks et 1,1 TO.
  • Playoffs : 7,2 pts à 58,1% (38,9% aux LF), 5,2 rbds (2,8 off), 1 block et 1,8 TO.
Reportées sur 36 minutes, elles prennent encore davantage de relief :
  • Saison régulière : 18 pts, 9,6 rbds (4 off), 3,9 blocks et 2,3 TO.
  • Playoffs : 13,8 pts, 10 rbds (5,5 off), 1,9 blocks et 3,5 TO.

George Karl voulait du Tim Duncan

Insatisfait du rendement de son intérieur, jugé trop peu régulier et consistant pour un joueur ayant signé en juillet 2012 un contrat de 44 millions sur 4 ans (l'an passé, McGee était le deuxième plus gros salaire de l'équipe - 10M, derrière Andre Iguodala - 14,9M), George Karl s'était fendu la saison passée de déclarations plutôt brutales.
[superquote pos="d"]"Il doit comprendre que la paresse et la folie, ça ne marchera pas" Karl[/superquote]"Il doit comprendre que la paresse et la folie (littéralement "lazy and crazy"), ça ne marchera pas", confiait Karl au Denver Post.   "On veut de la consistance, des fondamentaux", ajoutait le désormais ex-coach des Nuggets dans les colonnes du Washington Post. "On veut du spectaculaire mais seulement quand tout ça est réuni. Non pas forcer les actions, que ça marche ou que ça ne marche pas. (...) Je pense qu'il essaye d'être spectaculaire. Le basket est un sport qui se joue possession après possession, qui doit se jouer de la bonne manière : faire son boulot et laisser le spectaculaire venir tout seul. JaVale veut faire du spectaculaire, force la chose, alors que si vous laissez juste Andre Miller and Ty (Lawson) orchestrer le jeu, quelque chose de grand va se produire. Je veux qu'il soit davantage comme Tim Duncan. Je lui dit que j'aime Tim Duncan. Je veux du Tim Duncan. Voilà ce que je veux."
Ainsi, Kostas Koufos (23 ans, 8 pts & 6,9 rbds en 22 minutes) aura été préféré à McGee au poste de pivot titulaire tout au long de la saison, avec le marsupilami Kenneth Faried à ses côtés, dans le rôle de l'ailier-fort dynamiteur de défense. Pour l'ex-Wizard, la donne pourrait bien changer l'an prochain. D'abord parce que George Karl a été évincé de son poste de head coach, lui qui a été nommé... entraîneur de l'année 2012-2013 au terme d'une saison régulière réussie (57-25, 6ème bilan à l'Ouest) et spectaculaire (106,1 pts par match, meilleur bilan offensif de la ligue), sa neuvième consécutive aux manettes des Nuggets.

BRIAN SHAW, SON NOUVEAU MENTOR ?

Que décidera Brian Shaw, le nouvel entraîneur de Denver, au sujet du temps de jeu de JaVale McGee ? Réputé proche des joueurs durant ses contrats d'assistant aux Lakers (2005-2011) et aux Pacers (2011-2013), l'ancien arrière des Lakers, avec qui il a remporté 3 bagues de champion (de 2000 à 2002), se dit décidé à favoriser l'éclosion de talents prometteurs. Deviendra-t-il le mentor dont JaVale a visiblement besoin pour franchir un cap ?
"(En tant que coach), vous devez vous montrer à la fois patient et ferme. J'accepte les erreurs, tant qu'un joueur travaille", confiait Shaw au Denver Post lors de son intronisation, lui qui signera cette saison son baptême en tant que head coach, à l'âge de 47 ans.
L'inconnue réside principalement dans le côté déjanté du 18ème choix de la draft 2008, dans sa part d'ombre si exposée, qui fait le bonheur du "Shaqtin' a Fool" de TNT. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=_WZa2M230cs[/youtube]   Le sympathique JaVale sait jouer au volley-ball (un goal-tending digne de NBA Jam !), rater des dunks tout seul en contre-attaque, revenir en défense quand son équipe attaque, échouer dans sa tentative de poster un meneur (Isaiah Thomas, en l'occurrence)... La liste est longue de ses "dingueries" en pagaille, dont certaines feraient le bonheur des fans des Harlem Globetrotters. Sur internet, Pierre McGee (son mystérieux pseudo Twitter...) fait également des siennes, entre son tweet sur sa maman "gangsta", son interprétation de "Someone Like You" d'Adèle, son piège tendu à de peu scrupuleux journalistes, ou son récent slalom entre les chaises de sa baraque, en réponse au "No Days Off" de Stephen Curry. Et bien sûr, la liste est non exhaustive... JaVale McGee est un univers à lui tout seul (que Lee Jenkins de Sports Illustrated décrivait à merveille dans un article écrit en avril 2012 et intitulé "JaVale being Javale"). Fou-fou. Facétieux. Troublant. Comique. Absurde. Créatif. Indéchiffrable. Un vrai révolutionnaire dans l'âme, s'amuse même Chris Ryan, du site Grantland. La folie "McGee-esque" est parfois digne de la fameuse scène de l'auto-stoppeur et des chauve-souris de Las Vegas Parano. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=lvFgnf0LHEU[/youtube]  

IMMENSE POTENTIEL

Mais après tout, pourquoi ne pas croire en ce joueur atypique, en sa capacité à révolutionner son propre jeu ? Si d'aventure son QI basket se calque dessus, son potentiel est immense, à l'image de son physique.
[superquote pos="d"]"Il est comme Dwight Howard" Barkley[/superquote]"C'est la première fois que je vois un 7-footer dominer les big men des Lakers Pau Gasol et Andrew Bynum", s'étonnait Kenny Smith lors du premier tour des playoffs 2012, après le 21-14 de McGee dans le Game 5.   "Il est comme Dwight Howard. Il n'y a que deux 7-footer capables de sauter comme ça", ajoutait Charles Barkley.
Ce n'est pas Andrew Bogut qui dira le contraire, lui qui s'est fait postériser par le loustic il y a quelques semaines, lors du Game 1 du premier tour Nuggets - Warriors. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=OIDKBHct1fY[/youtube]   La semaine passée, McGee a une fois de plus fait parler son envergure et sa détente lors de la Drew League. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=S3tzADKFl0o#at=39[/youtube]   Si les highlights faisaient le joueur, "The JaValevator" (son surnom à la fac de Nevada) serait déjà un cador, lui qui se signale par ses dunks tonitruants - même avec trois ballons !, ses claquettes dévastatrices (parfois décisives) ou ses blocks spectaculaires (2ème meilleur contreur en 2011 et 2012, 8ème l'an passé, avec 2 blocks par match). [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=nDWdmiqXq0I[/youtube]   Personne n'a oublié son triple-double "par les contres" face aux Bulls, un soir - certes lointain - de mars 2011. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=peBMOlr_0rg[/youtube]   Alors, l'énigmatique Mr. McGee fera-t-il mentir la saison prochaine ceux qui voient en lui un simple amuseur ? Constituera-t-il aux côtés du Manimal l'un des meilleurs duos d'intérieurs de la ligue, à l'instar des tandems West - Hibbert ou Marc Gasol - Z-Bo, par exemple ? Son jeu au poste est encore largement perfectible, tout comme son rendement sur pick-and-roll (la faute à un shoot encore en chantier) et son efficacité aux lancers-francs. Mais JaVale, fils de Pamela McGee (ex-basketteuse WNBA aussi connue pour son fameux bisou à Dr. J), a du talent à revendre. Et après tout, plus rien ne nous surprend avec JaVale McGee. Alors pourquoi ne pas croire en son éclosion...