Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Même s’il vient de se faire attaquer par une meute de loups féroces sur son propre territoire. Les Memphis Grizzlies ont perdu le premier match à domicile contre les Minnesota Timberwolves samedi (117-130), laissant déjà filer l’avantage du terrain. Mais la série promet d’être encore longue.
Difficile d’établir de vraies conclusions après une seule rencontre. Un constat se dégage tout de même sur ce Game 1, et il pouvait déjà être fait avant même le début de la série : le « star power » est en faveur de Minneapolis. La somme des deux meilleurs joueurs des Wolves, Karl-Anthony Towns et Anthony Edwards, est plus « élevée », même si ça reste abstrait, que celle des deux meilleurs joueurs des Grizzlies, Ja Morant et Jaren Jackson Jr. C’est encore plus frappant en ajoutant D’Angelo Russell d’un côté et Desmond Bane de l’autre.
Towns et Edwards trop forts pour Memphis
Il paraît que la défense fait gagner en playoffs. Peut-être. Mais ce n’est pas complètement vrai. L’attaque aussi. Encore plus à ce stade de la compétition. En s’appuyant un coup sur KAT, un coup sur Ant, les Timberwolves ont constamment trouvé des solutions offensives pour mettre à mal leurs adversaires. C’est ça, le bénéfice du « star power. »
Les Grizzlies ont été beaucoup plus brouillons. Morant a mis ses 32 points mais en se rendant essentiellement sur la ligne (16 sur 20 aux lancers). La défense l’a parfois poussé à lâcher la balle en doublant sur les picks-and-roll. Et dans ces situations, les joueurs de Taylor Jenkins sont plus fébriles sans un deuxième mâle alpha pour faire la différence en solo. Bane et Dillon Brooks en sont capables par séquences. Mais pas sur l’ensemble d’une série.
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Ce rôle, dans l’idéal, il reviendrait à Jaren Jackson Jr. L’intérieur de 22 ans, quatrième choix de la draft 2018 devant Trae Young, est un sacré projet. Une sorte d’ailier-fort-pivot du futur, un peu comme Evan Mobley. Un « two play player » en cours de formation. Sa défense est déjà au point et il figure clairement parmi les meilleurs éléments de cette ligue dans ce domaine. Ses 7 blocks sur le Game 1 peuvent d’ailleurs en témoigner.
Mais pour l’apport offensif, ça pêche encore. Il est capable de fulgurances – encore 16,3 points de moyenne cette saison – sans pour autant avoir complètement développé un arsenal qui lui permettrait d’apporter régulièrement autour des 20 pions. Il a fini avec 12 points, 4 sur 13 aux tirs, 0 sur 5 à trois-points et 4 rebonds en 24 minutes.
Jaren Jackson Jr, enfin un vrai 2 way player ?
Son manque de moves le pénalise. Il sait tirer à trois-points mais sans être une vraie menace de loin. Il est long mais ne domine pas nécessairement debout. Il est mobile mais ne punit pas la défense non plus. Sauf qu’il est capable de faire un peu de tout ça. C’est le moment idéal pour step-up. S’il s’affirme comme une deuxième option offensive crédible, ça peut tout débloquer pour Memphis. Avec une défense de Minnesota plutôt fragile qui devrait avoir du mal à le contenir à la fois lui et Morant sans laisser des espaces pour des tirs ouverts de Bane et Brooks.
JJJ est un attaquant de complément et ça ne suffit pas à ce niveau de la compétition. Surtout que même en défense, il va devoir essayer d’en faire encore plus. Il a peu défendu sur Towns, par choix du coach, et il a été gêné par des fautes. Du coup, le pivot de Minnesota s’est baladé en prenant constamment Steven Adams de vitesse. Là aussi, Jackson Jr peut avoir un rôle à jouer.
Si certaines équipes sont classées comme des spécialistes « de la saison régulière » c’est souvent parce qu’elles manquent de superstars. Du coup, elles haussent un peu moins leur niveau de jeu en playoffs. Il n’y a pas vraiment de secret, ce sont les principales individualités qui font le plus souvent la différence à ce stade. Alors si les Grizzlies, qui ont tout de même gagné 56 matches pour finir deuxième à l’Ouest cette saison, ne veulent pas basculer dans cette catégorie, Jaren Jackson Jr va devoir sérieusement confirmer tous les espoirs placés en lui. Et vite.