Vous avez probablement déjà entendu parler des joyaux de la prochaine cuvée de rookies qui devrait débarquer en NBA cet été. Les Luka Doncic, DeAndre Ayton, Marvin Bagley, Trae Young. Peut-être même Michael Porter Jr. Nous avons aussi présenté Mohamed Bamba. Mais le nom de Jaren Jackson Jr vous dit-il quelque chose ? Si oui, vous savez alors déjà qu’il s’agit là d’un bon jeune au potentiel intéressant. Si non, il est temps de retenir le patronyme et le CV du bonhomme. Parce qu’il pourrait bien faire le bonheur de votre équipe préférée d’ici quelques mois (années).
Ses exploits ne sont pas aussi retentissants que les cartons de Young ou Doncic. Ses statistiques ne sont pas non plus aussi effrayantes que celles de Bagley ou Ayton. Même s’il est l’un des seize joueurs de l’Histoire à avoir été élu meilleur freshman de la semaine (de sa Conférence) à au moins trois reprises. Le jeune homme commence donc à attirer de plus en plus les regards vers lui.
Malgré ça, il intègre tout de même le second chapeau. Il y a les potentielles superstars au-dessus (encore une fois, les Ayton, Doncic et Bagley, auxquelles peuvent éventuellement se mêler Young et Porter Jr selon la franchise qui pioche au-delà du podium de la draft). Le deuxième troupeau est celui des jeunes joueurs au potentiel intrigant sans pour autant être perçu comme des prospects immanquables. D’excellents lieutenants en puissance, dans le meilleur des cas. S’ils se développent bien – le fameux best-case scénario – ils seront un jour les deuxièmes ou troisièmes options d’une équipe NBA. Mais ils ont donc a priori au moins les caractéristiques pour se faire vraiment une place au sein d’une rotation.
C’est peut-être d’autant plus vrai pour Jaren Jackson Jr. Superstar au lycée, comme quasiment tous les freshmen des universités majeures, il était classé parmi les dix meilleurs joueurs de sa génération avant de débarquer sur les bancs de la faculté. Il n’a pas choisi n’importe quel programme. Michigan State. Les mythiques Spartans, équipe historique de Magic Johnson ou plus récemment Draymond Green et Denzel Valentine. Belle ironie pour un mec originaire de l’Indiana. Il a aussi choisi le légendaire Tom Izzo. Et une formation taillée pour aller loin lors de la March Madness. C’est ainsi dans un vrai contexte compétitif qu’il a entamé sa première – et probablement unique – année de préparation pour la grande ligue.
Avec ses 211 centimètres et ses 110 kilos, le gamin de 18 ans a des mensurations susceptibles de faire saliver les scouts. Il a le corps pour survivre parmi les intérieurs NBA. Surtout à l’ère du « small ball ». Il ne s’agit plus d’être tout puissant mais bien de pouvoir miser sur sa vitesse. En ce sens, il est parfaitement en raccord avec son époque.
« C’est l’ailier-fort moderne », assure un scout. « Il court, peut finir au cercle, scorer au poste, shooter à trois ou bien passer la balle. La faculté qu’il a à switcher sur les écrans ou à bloquer des tirs impacte aussi le jeu. Il est déjà bon et il va continuer à progresser. »
Le définir comme taillé pour le jeu actuel est presque un euphémisme. En effet, deux de ses principales qualités correspondent exactement à ce qui est le plus recherché par les coaches NBA. Il est capable de changer de vis-à-vis sur les écrans en défense et d’étirer le jeu en attaque. Ce sont presque les deux attributs les plus importants dans le basket aujourd’hui.
Jackson Jr est long mais il est fin – sans être maigre. Il est donc très mobile. Léger sur ses appuis. Ses bras tentaculaires (son envergure est mesurée à 2,23 mètres) font de lui un excellent protecteur du cercle en NCAA. Il cale déjà 3,3 blocks en à peine 23 minutes de temps de jeu aux Spartans. Sur ce point, il affiche des similitudes avec Hassan Whiteside, machine à contrer en NBA qui faisait lui aussi des dégâts à la fac. Un aspect de son jeu qu’il devrait donc garder chez les pros. Et rien qu’avec ça dans sa manche, il peut gratter quelques minutes sur le poste cinq.
Mais c’est vraiment sa capacité à naviguer à travers les écrans pour passer d’un gabarit à l’autre qui séduira le plus les scouts, coaches et dirigeants. Chaque franchise se cherche son nouveau Draymond Green, au moins en défense. Et de côté du parquet, le gamin est vraiment très bon. Il figure d’ailleurs parmi les cinq meilleurs joueurs NCAA au +/- défensif, une statistique avancée aussi très répandue à l’échelon supérieur.
La superbe prestation de Jaren Jackson Jr contre Duke
https://www.youtube.com/watch?v=AipnrqPO22A
Il a nettement moins de maturité offensive pour l’instant. Même s’il y a des signes là encore très intéressants. Très moderne, une fois de plus. Jaren Jackson Jr court en transition pour glaner des paniers faciles. Surtout, il shoote. Un panier extérieur réussi par rencontre. 43% à trois-points et, peut-être encore plus parlant, 81% aux lancers-francs. Les scouts rappellent souvent que la réussite sur la ligne réparatrice est plus parlante que l’adresse extérieure à l’université (la ligne à trois-points étant rapprochée en NCAA) quand il s’agit d’analyser les qualités de shooteur d’un prospect.
Ses 81% sur la ligne des lancers suscitent donc l’enthousiasme. La mécanique n’est pas des plus classiques mais la routine est là. Les résultats aussi. Ce n’est de toute façon pas un scoreur, ce qui le met justement d’office un cran en-dessous des ogres de cette promotion. Il n’a pas encore développé de move ou d’agilité suffisante pour créer son propre tir. D’où la possibilité de l’imaginer d’abord dans la peau d’un joueur de devoir. Mais son potentiel analytique – il ne tire que dans la raquette ou à trois-points – est un autre bon point aux yeux des adeptes du Money Ball. Et ils sont légions en NBA.
Jaren Jackson Jr n’est pas le meilleur joueur de Michigan State (Miles Bridge est la star de l’équipe, une autre bonne pioche potentielle) mais il est maintenant le plus coté. Sa valeur ne cesse de grimper et le voilà désormais annoncé entre la sixième et la dixième place de la prochaine draft. Il pourrait même concurrencer Bamba en tant que troisième intérieur phare de la cuvée.
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