Jamal Murray n'a pas été le grand artisan de la victoire des Denver Nuggets face au Miami Heat (108-95) lors du Game 4 des Finales NBA. D'ailleurs, la rédaction de Basket Session lui a seulement attribué la note de 6/10 pour sa performance. Et il ne mérite pas vraiment plus.
Car limité à 15 points avec un très moyen 5/17 aux tirs, le meneur de jeu de la franchise du Colorado a été bien maîtrisé sur le plan individuel. Problème, les hommes de Michael Malone se reposent sur un véritable collectif, malgré deux stars bien définies.
Du coup, même sans briller lui-même, Murray peut continuer d'avoir un impact. Pour permettre à des joueurs comme Aaron Gordon, Bruce Brown ou même Jeff Green de mettre des paniers déterminants.
Jamal Murray a su s'adapter
Car dès le début de la partie, le plan du Heat a été clair : limiter au maximum les points marqués par le Canadien. Sur pick-and-roll, la défense floridienne a gagné en intensité par rapport aux matches précédents. Pour mettre une pression maximum sur Murray.
Et sur le papier, le pari était plutôt intéressant. On peut même dire qu'il a été payant sur la copie individuelle du joueur de 26 ans. Gêné dans ses pénétrations, il n'a pas eu son impact habituel au scoring. Mais sans paniquer, il a su s'adapter pour tout de même peser sur ce match.
"Ce soir, j’ai eu l’impression qu’ils étaient agressifs sur le moindre pick-and-roll, pour limiter mes tentatives aux tirs. Et je n’ai pas voulu me battre contre ça. Vous le savez, nous avons une équipe. Nous avons plusieurs gars qui peuvent impacter un match et jouent avec confiance.
Donc je ne vais pas me battre contre ça, je vais faire des passes faciles. C’est pour cette raison qu’il y a 4 autres gars avec moi sur le terrain. Et ils ont fait un super boulot. Je ne suis pas dans une équipe où j’ai besoin de forcer les choses ou de garder le ballon. Je le donne avec plaisir et nous gagnons des matches", a analysé Jamal Murray en conférence de presse.
Résultat, Murray a enfilé son plus beau costume de playmaker. Une habitude sur cette série avec toujours au moins 10 passes décisives. Sur ce Game 4, il a d'ailleurs atteint la barre des 12 offrandes. Sans perdre le moindre ballon !
Dans l'histoire des Finales NBA, il est ainsi devenu le 5ème joueur à atteindre les 10 caviars avec 0 turnover. Après Robert Reid (17 en 1986), Magic Johnson (13 en 1987), Danny Ainge et Derek Fisher (10 en 1985 et 2000). Du jamais vu donc depuis 23 ans.
"Il va trouver un moyen d'avoir un impact sur le jeu. Le plus impressionnant pour moi, c'est qu'il a marqué 15 points ce soir, à 5 sur 17 au tir. Mais il a délivré 12 passes décisives et n'a commis aucune erreur. Il s'est dit que s'ils mettaient deux adversaires sur lui, il fallait qu'il fasse le bon choix.
Il ne s'est pas ennuyé en faisant les bons choix. Il ne s'est pas dit 'je vais nous sauver et essayer de porter l'équipe'. Il s'est contenté de lire la défense, de faire la bonne action et de faire confiance. C'est une grande partie de notre culture qui consiste à se faire confiance les uns les autres.
Je pense que Jamal a fait confiance à ses coéquipiers ce soir à un très haut niveau", a admiré son coach Michael Malone.
Et surtout, même dans ce rôle de créateur, il ne s'est jamais caché en assumant pleinement ses responsabilités.
Jamal Murray voit son duo avec Nikola Jokic au sommet de la NBA
Une mentalité de gagnant à Denver
Le meilleur exemple de son leadership ? Son assurance après la sortie de Jokic. Et pourtant, le momentum n'était clairement pas favorable. Au début du quatrième quart-temps, le Heat a poussé avec un 8-0 pour revenir à 5 petits points (86-81)
Dans le même temps, le Serbe, à 5 fautes, a été contraint de faire un tour sur le banc. Il ne s'agit pas d'un secret, les Nuggets ont normalement du mal sans le Joker (-367 points en saison régulière sans lui). Mais cette fois-ci, Murray a pris les commandes.
Ses actions dans l'ordre ? Un panier primé, un cadeau pour un lay-up de Gordon, un décalage parfait pour un tir à trois points de Green et un nouveau service pour Brown. 10 points créés en moins de 3 minutes pour repousser l'assaut du Heat sans Jokic sur le terrain.
"Je pense que c'est là que l'on voit le développement et la maturité de son jeu. Je pense qu'il a été incroyable aujourd'hui. Bien sûr, il y a des soirs où l'on rate, d'autres où l'on réussit. Mais c'est notre leader et nous le suivons", a même souligné Nikola Jokic.
"Nous sommes concentrés et prêts à faire ce qu'il faut. Nous sommes prêts à gagner un championnat. Nous avons les outils pour le faire. Cela fait un moment que nous y pensons. Nous sommes déterminés. Je ne pense pas qu'il faut trop réfléchir. Nous sommes prêts à gagner", a résumé de son côté Murray.
Sur cette campagne de Playoffs, Jamal Murray s'est rappelé aux bons souvenirs de la bulle NBA 2020. Et justement, il a prouvé que ses performances en Playoffs à Disney n'étaient pas un heureux hasard.
Dans le système collectif des Nuggets, le natif de Kitchener s'épanouit. Et après ses galères physiques, il se trouve à une victoire de faire passer un message : il a les épaules pour être un leader d'un champion NBA. Un seul succès pour justifier une mentalité irréprochable.
Une devise claire pour les Nuggets de Nikola Jokic : encore une !