"Je veux être l'un des meilleurs joueurs à avoir jamais joué au basket". Jaden Ivey n'est pas du genre à arriver sur la pointe des pieds lorsqu'il est invité quelque part. Le combo guard de Purdue a trop souvent été mis de côté et sous-coté à son goût pour ne pas profiter de l'exposition qui va être la sienne à partir d'aujourd'hui. Ivey, 20 ans, sort de deux saisons chez les Boilermakers, en dehors des radars réservés aux prospects de Duke, Kentucky et consorts. Sa progression entre la première et la deuxième année y a été fulgurante, ce qui l'a fait passer d'un anonymat relatif au statut de talent le plus éléctrisant à son poste de toute la Draft 2022.
Le premier pas de Jaden Ivey, sa capacité à dynamiter une défense en attaquant le cercle ou en enquillant les shoots, sont sans commune mesure dans cette cuvée et c'est ce qui a convaincu Detroit de miser sur lui avec le 5e pick. Il ne faut pas s'attendre à ce que Ivey, 1,93m sous la toise, joue la discrétion pour ses premiers mois en NBA. Le garçon est calme, posé, réfléchi, mais terriblement ambitieux et déterminé à prouver qu'il aurait dû être considéré comme le meilleur arrière de sa génération depuis plus longtemps.
Sur son téléphone, Jaden a noté tous les objectifs qu'il s'est fixés jusqu'à la fin de sa carrière. Ceux-là même qui, lorsqu'il les a évoqués la première fois, ont fait rire ceux qui ne croyaient pas en lui après qu'il n'ait pas passé le cut dans l'équipe de son lycée, du côté de Mishawaka dans l'Indiana à ses débuts. A la manière d'Arya Stark avec le nom de ses ennemis, il entend rayer les objectifs un par un : être drafté, être MVP de Summer League, Rookie de l'année, multiple All-Star, MVP, dans le top 15 des meilleurs scoreurs all-time, le top 50 des passeurs et le top 100 des rebondeurs. Rien que ça.
Jaden Ivey et Jalen Duren, la draft rêvée des Pistons
Si Jaden Ivey respire autant le jeu et le basket, ce n'est pas un hasard. Sa mère, Niele Ivey, n'est pas n'importe qui. L'ancienne meneuse a remporté le titre NCAA avec Notre Dame en 2001, avant de passer plusieurs saisons en WNBA - notamment à Detroit - de devenir assistante-coach en NBA chez les Memphis Grizzlies où elle a travaillé avec Ja Morant, puis de succéder à l'emblématique Muffet McGraw sur le banc de Notre Dame en 2021. La confiance, le goût du travail et l'envie de forcer des portes a priori fermées sont autant d'attraits que Jaden tient de sa mère.
Les qualités athlétiques supérieures à la moyenne, c'est plutôt du côté de Javin Hunter, son papa, ancien wide receiver NFL, coéquipier de Shane Battier en high school et sauteur en longueur référencé, qu'il faut chercher.
Ivey still letting those emotions show hours after getting drafted 🥹🥹 pic.twitter.com/msDlVYt0VB
— Def Pen Hoops (@DefPenHoops) June 24, 2022
A la manière d'un Morant, justement, Ivey a l'explosivité, la capacité à se contorsionner et à jouer les illusionnistes avec ses adversaires, en même temps qu'une confiance irrationnelle qui peut le faire passer pour un garçon arrogant. Morant a montré rapidement à Memphis que c'était avant tout une preuve qu'il fallait lui confier le leadership de l'équipe.
Avec Cade Cunningham à Detroit, Jaden Ivey n'aura pas besoin d'être le playmaker principal de son équipe. Il pourra former avec le n°1 de la Draft 2021 un tandem redoutable, bien que cela se fasse probablement au détriment de Killian Hayes dans un premier temps. Dwane Casey a en tout cas de quoi travailler et modeler son roster avec une identité de jeu qui lui conviendra. Avec les profils qui se dessinent, on ne peut qu'imaginer un basket survitaminé, spectaculaire, mais aussi mature. C'est par là que passe probablement le renouveau d'une franchise qui n'a disputé que deux séries de playoffs en 12 ans, à chaque fois avec un sweep à la clé.