Au début du mois, Sylvain Francisco était de passage au Quai 54. Et d'ici quelques jours, c'est sous le maillot bleu qu'on le verra afin de préparer la Coupe du monde 2023. Un grand écart qui dit tout du parcours unique de celui qui a su garder ses valeurs et devrait porter les couleurs du Bayern Munich la saison prochaine.
Venir au Quai 54, c'est un passage obligé chaque été ?
Sylvain Francisco : J'étais là lors de la première édition. J'étais tout petit, mais mes grands-frères jouaient. C'est toujours un rêve d'en être. Quand je ne le fais pas, c'est parce que je suis aux Etats-Unis. Là, j'avais hésité, mais j'ai dit à Hammadoun (Sidibé) que je venais pour essayer de regagner un titre. Il y a aussi des personnes que je n'avais pas vues depuis dix ans, ça m'a fait plaisir de les revoir.
Qu'est ce qui te parle dans la façon de jouer au Quai, dans le streetball ?
En fait ça me rappelle mon enfance, quand je jouais des 5 vs 5 contre mes grands frères ou des amis quand j'étais à Sevran. C'est vraiment un tournoi dur, parce que c'est un tournoi de rue. J'y prends du plaisir. J'aime trop qu'il y ait du show, du monde, que ça crie, qu'il y ait de la pression, que ça joue dur...
On a l'impression que le tournoi et toi, c'est comme si vous aviez grandi ensemble....
C'est clair. Avant j'étais avec Django Squad. La Fusion, je la voyais quand j'étais petit avec Amara, la famille Sy, Georgi Joseph... Je me disais que ça pourrait être cool de jouer avec eux. Là maintenant je suis avec eux, et c'est incroyable.
Quand tu vois le petit Sylvain qui participait à la Lillard Academy (2015 à Paris) et le grand Sylvain qui va participer à la Coupe du monde avec les Bleus, comment tu juges ton parcours ?
En fait, je n'arrive toujours pas à y croire, mais je me dis que c'est normal. Il y a certains joueurs pour qui la ligne est droite, déjà tracée. Pour d'autres, ce sont des zigs-zags, ils sont obligés d'en passer par là pour atterrir là où ils veulent aller. La Damian Lillard Academy, j'ai l'impression que c'était hier. Je vois vraiment une marge de progression. Je me dis qu'en fait je n'ai pas fini de progresser. C'est incroyable. Je sais qu'il y a toujours eu des personnes et elles le sont toujours, ça fait plaisir.
Le monde va pouvoir découvrir Sylvain Francisco
On voit à travers ta route qu'il est important de ne pas mettre un joueur dans une case...
En vrai, je ne me suis pas laissé faire. Depuis mon plus jeune âge on me disait que mon jeu était trop américanisé. Quand je suis revenu des Etats-Unis, j'ai essayé de voir quel coach pouvait me laisser jouer mon jeu. J'ai essayé de mélanger le jeu européen avec mon jeu américain. J'ai bossé pour et, jusqu'à maintenant, ça a porté ses fruits. Au début, c'était dur, mais je pense qu'au bout d'un moment ils ont été obligés d'accepter. Certaines personnes me disent "c'est toi qui a ouvert les portes". Mais ce n'est pas moi, ça s'est fait tout seul. Maintenant, on voit beaucoup de jeunes qui ont un jeu inspiré des joueurs NBA. On a beaucoup de talents ici en France et ça fait énormément plaisir.
C'est une fierté d'être arrivé en équipe de France en gardant ton jeu et tes valeurs ?
C'est vraiment une fierté. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées depuis Levallois. Les gens ne pensaient pas que j'arriverais jusque là. Mais j'ai toujours cru en moi, ma famille aussi. Même à Roanne personne ne pensait que j'irais en équipe de France. On voit que ces quatre dernières années je suis passé par beaucoup de chemins. Arriver en équipe de France et faire la Coupe du monde, il n'y a rien de mieux. Je sais que j'ai encore beaucoup de choses à accomplir, mais de voir mon parcours jusqu'à maintenant, c'est incroyable.
Sur les dernières saisons, tu as aussi eu la chance d'avoir croisé les bonnes personnes au bon moment, comme Choulet, Spanoulis...
Même (Freddy) Fauthoux et Sacha (Giffa) me disaient de faire ce que je savais faire, de jouer mon jeu. Quand j'étais avec Jean-Christophe Prat, c'était la même chose, Jean-Denys aussi. Avec Pedro Martinez, il était bien mais au début il voulait me casser. Au fur et à mesure, il m'a dit de jouer mon jeu car il a vu qu'on ne pouvait pas changer une personne. Spanoulis, quand il m'a appelé, je n'ai pas hésité. J'étais content car je voulais vraiment apprendre de lui et c'est ce qu'il s'est passé. J'ai beaucoup appris de lui.