Ce dimanche, Brett Brown participe au programme Jr NBA Coaches en ligne sur l'application OQLWO (voir plus bas pour s'y connecter). En marge de cette action pour transmettre son expérience et son savoir, on a eu la chance de discuter un peu avec l'ancien coach des Philadelphie Sixers, qui nous a parlé de sa nouvelle vie sans NBA, de son histoire avec l'Australie, de l'importance qu'a eu Gregg Popovich dans sa vie, mais aussi de son expérience mouvementée à Philadelphie.
BasketSession : Quand on a été comme toi un coach en NBA pendant autant d'années consécutives (13), que ce soit comme head coach ou comme assistant, comment est-ce qu'on gère cette nouvelle situation, sans poste dans un staff ?
Brett Brown : Comme tu l'as dit, j'ai été dans des staffs NBA pendant deux décennies et on s'habitue à un certain style de vie et à certaines responsabilités au quotidien. En toute honnêteté, ces deux dernières années ont été les meilleures de ma vie d'adulte. J'ai pu rendre visite très fréquemment à mes parents, qui ont 85 ans, et je suis en train de te répondre depuis la maison dans laquelle j'ai grandi, à Portland, dans l'état du Maine. Je vis toujours à Philadelphie et j'ai pu passer ces dernières années avec tous mes enfants sous le même toit pour gérer la pandémie. J'ai pu voir mon fils être considéré comme un prospect de high school et il vient de s'engager en NCAA avec l'université de Pennsylvanie. J'en suis très fier parce que tout le monde, lui le premier, a énormément travaillé pour ça. Ma vie était sur un rythme dingue pendant toutes ces années. J'ai disputé trois Jeux Olympiques, à Sydney, Atlanta et Londres, puis été obligé de travailler à chaque fois sur toute la durée de l'année en NBA, mais j'adorais ça. Pour faire simple, je dirais que ma vie est agréable aujourd'hui. J'ai 61 ans et je fais ce job depuis une éternité, c'était génial, mais cette période de Covid a été finalement propice et je l'ai transformée en une période où j'ai pris le temps le temps de faire les choses.
Pourquoi avoir accepté de participer au programme Jr NBA Coaches ?
Brett Brown : Je suis le fils d'un coach et même à 85 ans, mon père est le "vrai" coach de la famille. Il a pris sa retraite il y a une dizaine d'années et a été introduit au Hall of Fame de New England. Petit, j'ai vu énormément de coaches venir prendre conseil auprès de lui quand il était coach en première division NCAA ou au lycée. J'ai grandi dans cet environnement où on aide les gens. Donc j'essaye de partager mes trois décennies d'expérience internationale, puisque j'ai vécu presque 20 ans en Australie et j'ai épousé une Australienne. Je veux partager ma vision en tant qu'individu qui ne s'est pas limité aux Etats-Unis mais a vu le monde. La communauté basket est connectée à travers le monde. En tenant compte de ça et du fait que j'adore enseigner, j'aime beaucoup cette opportunité avec Jr NBA Coaches et je prends du plaisir à le faire.
Comme tu le disais, tu as passé près de 20 ans en Australie, après y être initialement allé en touriste. Avec toutes ces années passées là-bas pour jouer, coacher et vivre, d'où vient selon toi cet ADN de jeu et de caractère si particulier que l'on retrouve chez les athlètes australiens ?
Brett Brown : Si on veut creuser vraiment, ça vient de l'histoire de l'Australie, qui était une colonie vers laquelle on envoyait des prisonniers au bagne. La manière dont le pays s'est développé au fil des ans, la persécution dont ont été victimes les aborigènes, l'absorption de la culture de l'homme blanc... Toutes ces réalités historiques ont fait naître ce fighting spirit presque inné et de la dureté qui se construit dans la camaraderie. Le concept de 'mateship', comme on dit là-bas, d'amitié, est une philosophie qui te pousse à ne jamais laisser tomber tes camarades. Il y a une dureté quasi culturelle désormais. On parle d'un pays qui fait la taille des Etats-Unis mais qui ne compte que 25 millions d'habitants, presque tous regroupés sur le littoral puisque dans les terres c'est essentiellement un désert rouge. Les Australiens aiment historiquement le sport et la compétition. C'est aussi ce qui fait tourner le pays, avec le grand attachement qu'ils ont pour leur drapeau.
Tu as toujours été un peu vu comme un coach très porté sur le relationnel avec ses joueurs. A quel point était-ce important dans ton approche et est-ce que tu restes en contact avec eux aujourd'hui ?
Brett Brown : Je continue de prendre des nouvelles de mes anciens joueurs. Je coache au niveau professionnel depuis que j'ai 24 ans, donc quand tu fais le calcul sur pas loin de 40 ans de carrière, tu te retrouves avec un nombre de joueurs et de coaches que tu as fréquentés incroyable. Les relations qui se sont créées à travers le monde m'ont fait intégrer une sorte de grande fraternité. Tout le monde a une vision différente de ce que doit faire un coach sur le plan relationnel avec ses joueurs. Il n'y a pas de mauvaise réponse, tant que ta manière de coacher est fidèle à la personne que tu es. C'est de cette manière que tu délivres ton message à tes joueurs. Chacun choisit son chemin, mais ce côté très proche des joueurs est quelque chose de très important pour moi et ça m'a défini. Pour moi, si tu es capable d'avoir une conversation avec quelqu'un dans n'importe quel contexte, tu es capable de le coacher. Dans le cas contraire, ce sera forcément difficile. De nos jours, la discussion n'est pas toujours simple, mais je pars du principe que c'est le rôle du coach d'y parvenir et de trouver les solutions.
Avec quel joueur NBA actuel que tu n'as pas eu sous tes ordres est-ce que tu rêverais de collaborer ?
Brett Brown : Le nom qui me vient immédiatement à l'esprit, pour tout ce qu'il représente, c'est Giannis Antetokounmpo. Il y a chez lui du professionnalisme, de l'humilité, un talent incroyable, une compétitivité féroce... Il semble aussi qu'il soit un super coéquipier. Quand on parle de lui, c'est autant pour ses qualités humaines que pour le don athlétique qu'il a reçu. Je l'ai toujours respecté et c'est vraiment le nom que je cite tout de suite quand on me demande avec quel joueur j'aimerais travailler.
Pop nous dit que c'est plutôt à Tim Duncan que l'on doit envoyer une carte de voeux lors des fêtes de fin d'année, parce que c'est grâce à lui que l'on a pu se payer des maisons et assurer l'éducation de nos enfants
Tu as été l'assistant de Gregg Popovich et un membre de l'organisation des Spurs pendant des années. Quelle influence Pop a-t-il eu sur toi ?
Brett Brown : Je ne sais même pas par où commencer. Rends-toi compte que j'ai un père au Hall of Fame de New England, que j'ai été coaché par Rick Pitino à la fac pendant quatre ans à Boston University - il est au Hall of Fame tout court - puis que j'ai travaillé pour Lindsey Gaze en Australie, puis avec Gregg Popovich, le coach le plus victorieux de l'histoire de la NBA. J'ai littéralement vécu au contact de la royauté en ce qui concerne le coaching. Chacun de ces coaches m'a appris des choses et enseigné des qualités. Avec Pop, ce qui ressort pour moi, c'est qu'il est absolument impeccable sur le plan humain. Quand tu le vois à la télé, avec son CV militaire, tu penses peut-être le contraire, mais ses proches et sa famille le savent, il est exceptionnel humainement. Il y a aussi son endurance dans la compétitivité. Il a gardé cette flamme pour la victoire tout au long de sa carrière. Il a changé ma vie et celle de ma famille. Pop nous dit que c'est plutôt à Tim Duncan que l'on doit envoyer une carte de voeux lors des fêtes de fin d'année, parce que c'est grâce à lui que l'on a pu se payer des maisons et assurer l'éducation de nos enfants (rires). Mais si Tim est le premier responsable pour nos comptes en banque, Pop doit au moins être le deuxième. Ces deux-là ont changé nos vies.
Vu de l'extérieur, cette aventure à Philadelphie a dû être émotionnellement compliquée à gérer avec des périodes très différentes au niveau des ambitions et de la compétitivité, entre le Process et la fin de ton histoire là-bas...
Brett Brown : Au départ, j'ai essayé de m'en tenir à ma philosophie et de me concentrer sur le fait d'aider les jeunes joueurs que j'ai coachés au début de l'aventure. Je savais qu'au final ça m'aiderait aussi. Mon idée première c'était : comment faire pour que ces jeunes-là restent en NBA ? Sur mes premières saisons, on s'est pris pas mal de droites dans les dents. J'ai accepté le job en sachant quel était le plan et que ce serait de la reconstruction totale. Je ne savais pas que ça prendrait autant, évidemment, à cause des blessures de Joel Embiid et Ben Simmons, qui a manqué aussi sa première saison, de la situation autour de Markelle Fultz, du fait que j'ai travaillé avec trois General Managers différents... Il s'est passé des choses qui ont prolongé cette période où on n'était pas compétitifs. En attendant, je me suis concentré sur les jeunes, puis on a quand même réussi à atteindre deux fois les demi-finales de l'Est lors de mes trois dernières saisons, en allant une fois jusqu'au game 7. On a fait avancer la franchise. De manière générale, j'ai adoré mon expérience à Philadelphie et je suis très reconnaissant d'avoir eu cette opportunité. C'est une ville dure, que j'ai appréciée grâce à ce que j'ai pu connaître aussi en Australie et à Boston avant ça. Même si ça a pu paraître tourmenté vu de l'extérieur, c'était quand même génial.
Tu as vu Joel Embiid grandir après des débuts compliqués en NBA. Quel jugement portes-tu sur le joueur qu'il est aujourd'hui ?
Brett Brown : Avec mon histoire là-bas, je continue bien sûr de suivre les Sixers et de leur souhaiter du bien. Je connais tous ces gars. J'étais là quand on a fait venir Tobias Harris ou qu'on a drafté Matisse Thybulle... La situation n'était pas simple cette année avec Ben Simmons et la blessure de Joel. J'ai d'ailleurs été déçu d'apprendre que Joel n'avait pas été élu MVP cette saison. Pour moi, ce devait être lui. La chose la plus plaisante pour moi, après l'avoir vu à son arrivée, c'est son développement en tant que personne, avec la maturité qui va avec. Il a une compagne, un fils... Tout ça l'aide à gérer ce formidable talent. J'ai pu voir son leadership, sa maturité, sa volonté de prendre des responsabilités et la manière dont il a pris soin attention à son corps, il était en mission cette année. Doc Rivers fait un superbe travail avec Joel et leur connexion est excellente. Il a le package complet comme joueur et comme personne désormais. Je suis heureux de continuer à suivre son développement.
On parle beaucoup de la possible naturalisation de Joel pour venir jouer en équipe de France. C'est quelque chose qu'il a déjà évoqué avec toi ?
Brett Brown : On n'a pas parlé de ça entre nous, mais je sais que c'est une possibilité pour lui. Tu penses qu'un frontcourt avec Joel, Rudy Gobert et le jeune gamin très grand qui arrive (Victor Wembanyama, NDLR), ce serait pas mal ou pas (rires) ?
Un petit pronostic pour les playoffs ?
Brett Brown : Je ne suis pas autant à fond sur la saison régulière que lorsque j'étais coach, évidemment, mais je le fais assez pour rester connecté avec ce qu'il se passe. Je suis les playoffs et je les adore. J'ai eu la chance de disputer 5 Finales NBA avec San Antonio et d'en gagner 4 grâce à Pop. C'est une expérience inimaginable. Pour ce qui est des prédictions, j'essaye de ne pas en faire parce que ça reviendrait à insulter le travail d'un ancien collaborateur ou d'un ami, c'est un jeu dangereux (rires).
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Le programme Jr. NBA Coaches - Online présenté par Gatorade® est hébergé sur OWQLO et propose 12 sessions virtuelles en direct de février à septembre pour les utilisateurs de l'application âgés de 16 ans et plus en France. La prochaine session avec l'ancien head coach NBA Brett Brown aura lieu le dimanche 22 mai. Pour plus d'informations, visitez owqlo.com, gatorade.
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