Olivia Epoupa est l'une des deux joueuses françaises à avoir débuté la saison en WNBA, avec Lou Lopez Sénéchal des Dallas Wings, avant que Gabby Williams ne retourne à Seattle après les Jeux Olympiques. A 30 ans et pour la première fois de sa carrière, la meneuse internationale (quatre médailles d'argent à l'Eurobasket avec les Bleues et 99 sélections au compteur) a découvert la meilleure ligue du monde, au sein d'une franchise mythique, les Minnesota Lynx.
Epoupa a disputé 15 rencontres avec les Lynx, sous les ordres de la coach de Team USA, quadruple championne WNBA, Cheryl Reeve, et y a fait belle impression. Minnesota pointe actuellement à la 2e place du général à quelques encâblures de la fin de la saison régulière. En sortie de banc, Olivia Epoupa a apporté toute son énergie, son playmaking et sa défense, en participant pleinement au bon parcours de son équipe jusqu'à la trêve olympique.
Tradée à Washington avant la deadline, puis libérée par les Mystics, la Parisienne nous a parlé de son aventure aux Etats-Unis, au cours d'un entretien dans le cadre de sa participation au prochain MOOK, dont on ne vous dévoile évidemment pas encore la thématique, mais qui devrait normalement vous plaire... 😊 Ceci est donc un petit extrait de l'entretien, uniquement consacré au passage d'Olivia en WNBA.
Olivia, c'était super de te voir avec Minnesota pour ta première saison en WNBA, surtout que ça faisait pas mal d'années qu'on se demandait ce que ça donnerait pour toi là-bas. Comment est-ce que tu as vécu cette expérience chez les Lynx ?
Olivia Epoupa : L'expérience a été super enrichissante. Je repars grandie à tous les niveaux. J'ai découvert une équipe extraordinaire sur le plan humain et sportif. C'est vrai qu'en tant qu'athlète, pouvoir être dans un groupe où il y a une synergie dès le premier jour, c'est génial. Il faut savoir que dès le training camp il y a eu cette alchimie, cette connexion, avec tous les membres de l'organisation et des joueuses. Je pense que l'on s'est chacune senties à sa place et on a même oublié qu'on était dans une compétition. Il ne faut pas oublier que si des filles avaient déjà leur place, d'autres comme moi jouaient leur sélection à chaque instant. C'était un peu comme un quart de finale, à tout moment tu peux rentrer chez toi et être coupée.
Il y a eu cette belle énergie positive de vouloir apprendre et grandir ensemble, ça a facilité la tâche à tout le monde. Lorsque les supporters te disent qu'ils adorent l'équipe et qu'ils sentent qu'il y a une belle alchimie dès le premier match de pré-saison à domicile, c'est plaisant. C'était vrai et authentique. Personne ne surjouait, c'est spécial et ça vaut plus que des médailles pour ma part.
Pour vivre une expérience sportive et humaine comme ça, c'est bien d'être dans une telle franchise, avec une coach comme Cheryl Reeve...
J'étais encadrée par un staff accompli. Il y a Cheryl Reeve, évidemment, mais pas seulement. Elle a un staff composé d'assistants qui ont une expérience remarquable, sur ou en dehors du terrain. En tant que joueuse, c'est un plus. Et surtout, il y a de la bienveillance, ce qui est important pour ma part. L'aspect humain, pouvoir échanger avec la coach et le staff, créer des liens, c'est important. Ce sont des choses qui m'ont permis de bien vivre cette aventure américaine qui s'es terminée par un titre (la Commissioner's Cup, NDLR). Un titre c'est un titre, ce n'est pas négligeable. Etre plus près de la culture américaine et imprégnée du système, c'était enrichissant.
L'expérience s'est terminée sur un trade et un départ de Washington, du coup on a envie de savoir ce que tu as prévu pour les mois qui viennent.
Pour le moment, je vais prendre un petit break, j'en ai besoin. J'ai envie de me reconnecter à moi-même et de passer du temps avec les gens qui me sont chers. Puis je vais travailler sur d'autres perspectives, tout en en gardant le basket en tête, ça a toujours été mon mindset. Ce n'est pas la première fois que je dois intégrer une équipe en cours de saison, j'y suis habituée. Lorsque l'on joue à l'étranger comme c'était mon cas et que l'on enchaîne avec la WNBA, il n'y a pas de moment de répit, les gens n'en ont pas forcément conscience. On n'est pas des machines et dans mon équilibre de vie, c'est important d'avoir un moment pour me poser et recharger les batteries pour repartir. On verra ce qui se passera pour moi, mais j'ai vécu l'expérience à 100 000 à l'heure, à fond. Même si j'ai de l'expérience, c'est quelque chose qui marque à jamais, quel que soit ce qui se passe dans la saison. On n'est pas à l'abri d'être tradée et ça a été mon cas.
"Je ne ferme pas du tout la porte à la WNBA"
Est-ce que revenir en WNBA à l'avenir est un objectif pour toi ?
Je ne ferme pas les portes à la WNBA. Même si là c'était différent pour moi, j'étais rookie, avec moins de responsabilités, mais à chaque fois que j'ai pu fouler le terrain, j'ai pu montrer de quoi j'étais capable. Les gens et le staff l'ont vu. Il y a des éléments que l'on ne maîtrise pas, mais ça a été un plaisir. Sur notre poste de jeu, on était trois joueuses avec un gros CV et après on doit respecter les choix du coach. Lorsqu'elle appelait mon nom, je sais qu'elle avait confiance en moi. Donc je ne ferme pas du tout la porte à la WNBA.
Tu as encore affronté quelques unes des meilleures joueuses du monde lors de ton passage, même si tu les avais déjà affrontées en Europe par le passé. Ces filles-là ce sont des sources d'inspiration ?
Je suis quelqu'un de très multisports. Le basket, je l'ai découvert au fur et à mesure. Quand j'étais au Pole du Nord Pas de Calais, j'avais eu la chance d'assister à un match d'Euroleague entre Valenciennes et le CSKA Moscou. Wow... Je me suis demandée ce qui se passait, dans quel univers on était. J'ai été marquée par Diana Taurasi, Lauren Jackson, Deanna Nolan et d'autres. En les voyant, ça m'a vraiment donné envie. Elles dégageaient une telle assurance, de la confiance et de la sérénité dans la performance. Elles étaient elles-mêmes, qu'on les aime ou pas.
La longévité de ces filles-là, c'est quelque chose qui m'inspire. J'adore le tennis et le foot, donc c'est pareil pour Serena Williams, Federer, Djokovic, Cristiano Ronaldo... Ce sont des gens inspirants par leur éthique de travail, leur mode de vie. L'âge n'est pas un problème, bien au contraire et tu peux continuer à être performant, même à 40 ans. Parfois, on a tendance à se dire, à partir d'un certain âge, notamment en France, il est temps pour toi de partir à la retraite et de laisser la place. Les athlètes que j'ai cités ont tout gagné, mais gardent l'humilité de se dire qu'ils doivent mettre les moyens pour atteindre leurs objectifs face à une concurrence rude. Pour ma part, j'essaye de faire pareil.