Une interview en deux parties.
BS : Tu rates le rassemblement des Bleus à cause d'une blessure. Encore une inflammation au niveau du pied ?
FC : Ces deux derniers mois, avant chaque match, je devais faire une piqûre anti-inflammatoire. Et malgré la piqûre, ça continuait à me gêner énormément pendant les matchs. C'est une blessure qui traîne... C'est ce que j'ai dit à Vincent Collet. J'aurais pu venir et jouer encore sous infiltrations. Mais ça pouvait « péter » à tout moment. Et si ça pète, comme lorsque j'étais à Cholet, derrière c'est une absence de 5 mois... J'avoue, c'est un choix personnel. Je pense à moi. Mais c'est presque un choix par défaut. Je n'ai jamais refusé l'équipe de France avant. Même lorsqu'on m'avait appelé pour jouer les sparring-partners, j'étais venu sans rechigner. J'avais même été sélectionné au final. Je sais très bien que des gens ne vont pas comprendre...
BS : Donc si tu n'avais pas été blessé, tu serais venu ?
FC : Évidemment ! Il n'y a même pas discussion là-dessus. Le break va me faire du bien, tant au niveau de mon pied qu'au niveau mental. Ok, on s'est fait éliminer tôt, j'aurais peut-être pu avancer la date de mes infiltrations. Mais j'avais besoin de prendre un vrai break, de me retrouver avec ma famille en France. Je sais très bien qu'en équipe de France je vais progresser à l'entrainement et que je vais jouer des rencontres importantes. Après il faut se dire que je n'ai pas un rôle aussi important que d'autres... Même si je n'ai jamais refusé ce rôle ou que je m'en suis jamais plaint.
BS : Vincent Collet ou tes coéquipiers, comme Ali Traore, n'ont pas essayé de te convaincre de revenir sur ta décision ?
FC : Non, ils savent ce qu'il en est. Ali est très bien placé pour savoir puisqu'il a vécu cette situation. Après, oui, c'est sûr, là il fait le forcing. Mais il y a un risque niveau blessures. Et surtout, sur mon poste, cette année, il y a beaucoup de monde donc quand bien même j'y sois allé, je n'avais aucune assurance d'être pris à la fin. Puis bon, tout le monde le sait, Ali est spécial... Il aime le risque ! (rires)
BS : Rafael Nadal a eu beaucoup de problèmes au pied. Finalement, il a trouvé une solution en utilisant des semelles spéciales.
FC : J'ai le même docteur que Rafael Nadal à Vitoria ! (rires) C'est lui qui m'a fait mes infiltrations cet été. Le traitement que j'ai reçu au pied est celui que Nadal a eu au niveau du genou. Sinon j'ai un podologue qui me fait changer mes semelles toutes les trois semaines. Mes chaussures, dès qu'elles sont usées, je dois les changer. Mon jeu m'oblige à beaucoup forcer sur mes appuis du coup le fond de la semelle s'use vite. J'ai aussi beaucoup de soins après les entraînements. Voilà, ça fait partie de ma carrière et ça en fera toujours partie.
BS : Tu passes de Cholet à Vitoria. Qu'est-ce que ça fait de se retrouver entre Nocioni et San Emeterio ?
FC : Au début ça fait bizarre. Andres Nocioni a une grande carrière, San Emeterio aussi. Ils ont beaucoup de titres. Nemanja Bjelica, c'est le jeune prodige. Puis ce sont de super mecs. Ça se passe très bien, l'adaptation s'est bien déroulée et j'ai de bons contacts avec tout le monde donc je suis heureux là-bas.
BS : Barcelone et le Real Madrid mis à part, que penses-tu du niveau de la Liga Endesa ?
FC : C'est vraiment au-dessus de la Pro A. Je ne vais pas dire qu'aucune équipe française ne peut battre une équipe espagnole, mais tous les weekends tu dois te battre. Et pourtant, on avait une grosse équipe. On va à Murcia où l'on gagne de justesse sur la fin. Les équipes du bas de tableau sont vraiment très dures à aborder. Par exemple, à Fuenlabrada, dans la banlieue de Madrid, c'est vraiment très dur à y gagner. Ça m'a vraiment marqué. Il n'y a pas de match facile, tout le monde peut battre tout le monde. Après, il y a aussi le fait que nous jouions deux-trois matchs par semaine. En France, on va un peu plus vite. Mais techniquement et tactiquement, la Liga Endesa est au-dessus de la Pro A.
BS : Est-ce que Thomas Heurtel t'a aidé à t'intégrer ?
FC : Énormément ! Je suis arrivé sans parler un mot d'espagnol. Enfin si, j'avais mes bases scolaires. Mais bon... (rires) J'avais besoin de lui car les changements de clubs me stressent toujours un peu. J'ai un peu peur de ne pas bien m'adapter. Je lui ai posé beaucoup de questions pour qu'il me conseille. Il a vraiment été parfait avec moi, il m'a montré où aller dans la ville. Idem pour la communication. Dusko Ivanovic parle un très bon français mais pas les assistants; donc au début je ne comprenais pas très bien.
BS : Le Pays basque, et plus particulièrement Vitoria, est une vraie terre de basket. tu as dû découvrir une sacrée ferveur.
FC : Oui, c'était incroyable. Il y avait des matchs où c'était vraiment très chaud. Les gens sont géniaux, j'ai eu un très bon accueil. Je pense qu'ils aiment les gens qui travaillent, qui se donnent à fond sur le terrain. C'est un peu leur caractère. Même si tu n'es pas bon, tant que tu te donnes à fond, ils vont continuer à te soutenir. C'est motivant. Puis là-bas, tu ne peux pas te balader dans la rue sans te faire arrêter pour prendre des photos ou signer des autographes. Tout le monde sait qui tu es. Entre le basket et le club de football d'Alavés, ce sont des fous de sport.