Isaiah Thomas, joue-la comme Allen Iverson
[caption id="attachment_338239" align="alignleft" width="300"] Allen Iverson, une source d'inspiration pour Isaiah Thomas.[/caption] Difficile de ne pas céder à la tentation de comparer Thomas à Iverson quand le meneur de poche des Boston Celtics détruit une défense à lui tout seul. Il dribble bas, à ras-du-sol, change de main et de direction puis explose vers le cercle. Le rapprochement avec l’ancienne superstar des Sixers est facile. Peut-être un peu trop, même s’il n’est pas nécessairement inexacte. Les 53 pts d’I.T. évoqueront des flashs des cartons d’A.I. quand ce dernier désossait la Conférence Est à coup de 40 pions par-ci, 50 par-là, lors des playoffs 2001. Le joueur des Celtics a l’avantage de pouvoir compter sur une équipe plus talentueuse que celle dont Iverson disposait à Philly à l’époque. En revanche, il a la malchance de tomber sur un LeBron James qui barre tout accès aux finales depuis 2011. Ce qui pousse à mettre les deux joueurs sur la même lignée, c’est évidemment la taille.« C’est plus facile pour une personne normale de se comparer à Allen. »
« Tout le monde veut être Michael Jordan mais tout le monde ne peut pas faire un mètre quatre-vingt-dix-huit », rappelait Thomas lors d’un podcast avec The Vertical. « C’est plus facile pour une personne normale de se comparer à Allen. »
C’est ce qu’il a fait. Il a toujours été le plus petit joueur sur un terrain de basket depuis les jours où, adolescent, il défiait les basketteurs adultes de la région de Seattle. Ses rêves de dépasser le mètre quatre-vingt se sont vite éteints et il a dû se faire une raison : pour atteindre ses objectifs, il faudra faire avec ses centimètres. Alors il s’est inspiré des plus grands « petits » joueurs de l’histoire. Les Tiny Archibald, Damon Stoudemire, Spud Webb, Muggsy Bogues, Calvin Murphy. Et bien sûr Allen Iverson. Les influences se sentent dans son jeu. Mais en plus moderne, tout de même. Il est aujourd’hui une machine à scorer tout aussi prolifique que ses aînés. L’adresse à trois-points en plus (38% derrière l’arc en saison régulière). De quoi glaner le respect de ses modèles.« C’était très tôt un matin. Allen Iverson m’a envoyé un message pour me dire ‘Continue à faire ce que tu sais faire, je t’observe.’ Et il ne le dit pas seulement par politesse, il m’a parlé de mon jeu et ça se sentait qu’il me suivait vraiment », racontait-il avec fierté fin novembre.
« Je sais que je peux être une superstar d’une équipe qui vise le titre. » ITIverson l’a validé à plusieurs reprises depuis. Il lui a donné du même coup une nouvelle dose de confiance en lui pour renverser les montagnes qui se dressent face à lui sur le parquet soir après soir. Comme son idole, il lutte contre les préjugés. « The Answer » voulait faire taire toutes les questions et les débats péjoratifs et injustes liés à sa couleur de peau, son style vestimentaire ou son attachement au ghetto. Thomas veut lui prouver qu’il est capable de mener une organisation au sommet tout en étant son franchise player.
« Je sais que je peux être une superstar d’une équipe qui vise le titre, pas juste le leader d’une équipe moyenne. »
Il l'a prouvé en playoffs. Les Celtics ont parfois eu du mal à assumer leur statut de tête de série à l’Est (notamment contre Chicago) et leur seul All-Star a connu quelques pannes au scoring. Normal, vu les conditions dans lesquelles il a dû aborder cette campagne avec le décès de sa petite sœur Chyna début avril. Il a fait son deuil tout en continuant à assurer sa présence sur le parquet, et ce malgré l’émotion et la fatigue liée aux allers et retours d’un bout à l’autre du pays. Parce qu’il a un grand cœur. Et des couilles grosses comme ça, aussi. Comme Allen Iverson, finalement. Maintenant, Isaiah Thomas apprend à jouer avec sa tête. Et ça, il le fait avec Kobe Bryant.L'instinct du Black Mamba
« Cela fait deux semaines que l’on se parle. Kobe m’a beaucoup aidé depuis le décès de ma sœur. On revoit les matches et on les analyse ensemble au téléphone. Il me donne ses conseils, il me dit ce qu’il voit. Il me montre des choses que je n’avais pas vu par moi-même en regardant la vidéo. Rien qu’avec son mental, vous comprenez qu’il est l’un des plus grands joueurs de tous les temps. »
[caption id="attachment_336876" align="alignright" width="300"] Kobe Bryant, nouveau mentor d'Isaiah Thomas[/caption] Boum. La déclaration du héros des Celtics au lendemain de ses 53 points contre Washington ont fait l’effet d’une petite bombe. Kobe Bryant en personne aiderait donc un joueur de Boston, légendaire rival des Lakers. Ce n’est pourtant pas une surprise. D’abord parce que le Black Mamba a donné des petits coups de main à plusieurs autres stars cette saison (Gordon Hayward, James Harden, Kyrie Irving, Russell Westbrook). Mais surtout parce qu’il partage des valeurs communes avec Thomas. Leur jeu est complètement différent. Ils n’ont pas le même profil. Mais la même envie d’anéantir l’adversaire. Comme Kobe avant lui, IT4 est un tueur. Un joueur « clutch » capable de prendre feu dans le quatrième quart temps et d’inscrire dix à quinze points dans les moments les plus chauds d’un match.« Il est une équipe à lui tout seul dans le quatrième quart temps », témoignait un Stan Van Gundy admiratif après que ses Pistons aient encaissé 24 de ses 41 pts dans les douze dernières minutes en janvier dernier.
« Il a définitivement la #MambaMentality » KobeA part un Russell Westbrook mangeur de possessions à Oklahoma City, personne ne marquait plus de points que lui dans le money time pendant la saison régulière. Il était également l’un des joueurs les plus prolifiques en fin de rencontre durant les playoffs. Quand le score est serré et le sort de son équipe en jeu, il n’hésite jamais à prendre ses responsabilités.
« Il a définitivement la #MambaMentality », tweetait Bryant à… Matt Bonner après que ce dernier lui ait demandé si Thomas pouvait être surnommé le « Mini Mamba ».
Ce qu’il fait aujourd’hui, ses idoles l’ont évidemment déjà accompli. Bien plus tôt d’ailleurs. C’est peut-être le dernier doute qu’il devra réduire en miettes. A 28 ans, Isaiah Thomas explose sur le tard. Difficile de savoir pendant combien de temps il pourra maintenir cette cadence infernale. Mais ses prestations sont rafraîchissantes. Elles ont donné de la saveur à des playoffs plats, sans suspense et donc assez ennuyeux. Elles réveillent les âmes des nostalgiques d’Iverson… et de Kobe. Ah, le fameux exploit de réconcilier les fans des deux joueurs. Vous avez forcément aimé l’un ou l’autre. Alors vous devez aimer Isaiah Thomas.