À peine trois mois après son transfert à Philadelphie, Nicolas Batum semble s’être parfaitement intégré dans sa nouvelle équipe. Samedi, il disputera déjà son trentième match avec les 76ers, à Denver. « Je cherche simplement à jouer mon jeu, à m’adapter et à veiller à ce que la machine tourne bien », a-t-il expliqué ce vendredi, lors d’une interview en visioconférence avec plusieurs médias français.
Avant l’affiche en Prime time qui oppose les Sixers de Joel Embiid aux Nuggets de Nikola Jokic, à 23h30 en France, sur BeIN Sports et le NBA League Pass, le capitaine des Bleus s’est ouvert sur sa transition au côté du MVP en titre, sur sa potentielle retraite à la fin de l’année et sur Victor Wembanyama.
BasketSession : Depuis que tu es arrivé à Philadelphie, tu sembles être dans ton élément. Peux-tu nous raconter comment se passe ton intégration dans ta nouvelle équipe ?
Nicolas Batum : C’est assez simple. Mon style de jeu n’est pas très compliqué, je ne demande rien. Je ne suis pas du genre à réclamer des systèmes, des plays, un certain nombre de shots ou à me plaindre si je n’atteins pas certaines statistiques. Mes stats varient d’un match à l’autre, mon jeu dépend du match et de ce qui se passe autour de moi. C’est aussi pourquoi je joue beaucoup. Je suis ce « glue guy », comme on dit ici. Donc, je cherche simplement à jouer mon jeu, à m’adapter et à veiller à ce que la machine tourne bien.
J’ai une bonne connexion avec Joel Embiid, j’essaie aussi de m’adapter à Tyrese Maxey et Tobias Harris, de discuter avec eux pour voir ce qu’ils veulent et ce que je peux faire. J’ai une très bonne relation avec Nick Nurse. Il me fait confiance et me fait beaucoup jouer dans les gros matches. J’ai quand même 35 ans, alors il me fait confiance dans de nombreux aspects du jeu. Je suis à un stade de ma carrière où je ne peux plus faire tout ce que je faisais avant, mais je peux encore faire beaucoup de choses à mon âge. Ça m’aide à m’intégrer dans une équipe comme celle-ci, d’autant plus qu’il est très facile de jouer au basket quand tu es entouré d’aussi bons joueurs.
Les Sixers sont considérés comme un candidat au titre cette saison. Quelles sont vos forces et qu’est ce qui fait de vous un contender ?
Déjà, on a un « one-two punch », ce qui est important pour une équipe qui veut aller loin. Joel Embiid est un joueur confirmé, tandis que Tyrese Maxey est en train de crever l’écran et devrait être All-Star. En tout cas, j’espère qu’il le sera, il le mérite absolument. On a beaucoup de bons joueurs autour, des remplaçants qui connaissent leur rôle, un entraîneur qui a été champion NBA récemment et une fanbase importante, qui rend les matches difficiles pour les adversaires. On a tous les ingrédients pour faire une belle saison. Plusieurs équipes peuvent prétendre à quelque chose, mais on sait que l’on en fait partie. Maintenant, ce n’est pas à dire, c’est à faire sur le terrain. Il faut confirmer.
« Je ne demande rien. Je ne suis pas du genre à réclamer des systèmes ou des plays, ou à me plaindre si je n’atteins pas certaines statistiques. »
Lundi, il a marqué 70 points. Peux-tu nous raconter ce match que tu as vécu aux premières loges ?
Participer à un match comme celui-ci, c’est incroyable. 70 points, ça n’arrive pas forcément souvent. En voyant ça au premier plan, au début, on ne s’en rend pas trop compte. À cinq minutes de la fin du troisième quart-temps, j’ai vu qu’il était à 50 points. Je n’avais pas remarqué qu’il était déjà là ! Ça montre aussi à quel point ça devient « banal » de le voir cartonner comme ça. En l’occurrence, on avait une certaine avance et on a essayé de l’aider, parce que c’est une marque importante, et il le méritait. C’est impressionnant d’être du bon côté d’une performance comme ça. Il fait une énorme saison.
Il a décidé de représenter Team USA lors des compétitions internationales. Qu’est-ce que cela signifie pour l’équipe de France et pour la sélection des États-Unis l’été prochain ?
Il a fait son choix, donc on n’en a jamais vraiment parlé. Ça ne change en rien la relation que j’ai avec lui, à l’amitié qu’il y a entre lui et moi, on s’entend très bien. On joue souvent ensemble sur le terrain, on est assis côte à côte dans le vestiaire, on se parle souvent. Je dis souvent que [les Américains] n’ont pas besoin de ça, qu’ils sont assez forts comme ça. Mais rajouter une telle arme, ça ne peut être que du bonus pour l’équipe — malheureusement pour les autres.
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En face d’Embiid, lorsqu’il y a marqué ses 70 points, il y avait Victor Wembanyama. Comment l’as-tu ressenti en te mettant plutôt du côté français ?
Il n’a pas pris tous ces points, mais je pense que c’est un bel apprentissage pour lui, parce que cela montre le chemin qu’il lui reste à parcourir. Ce genre de matches montre aussi sa force de caractère. Beaucoup de joueurs auraient pu abandonner, mais il ne l’a pas fait. Je ne l’ai pas vu baisser la tête une seule fois. Je ne l’ai pas vu reculer une seule fois. Il y est retourné à chaque fois. Je le respecte vraiment pour cela. Joel est un monstre physique et technique, mais le potentiel de Victor est peut-être plus grand. C’est indéniable.
« Victor Wembanyama est dans une classe au-dessus des autres. »
As-tu le moindre doute qu’il est le Rookie of the Year ?
Non. Il est dans une classe au-dessus des autres. Je sais qu’il y a le duel avec Chet Holmgren, j’ai regardé le match contre Oklahoma City. C’est vrai qu’il fait une énorme saison, avec un bilan collectif bien au-dessus, c’est extraordinaire. Mais en tant que Français, je choisis Wemby, parce qu’il a plus de pression et que ce qu’il montre est dingue. Dans cinq ans, quand il en aura 25, qu’est-ce que ça va donner ? Ça va être incroyable. Déjà maintenant, c’est fou, surtout avec un temps de jeu limité. Quand on le compare avec David Robinson ou Blake Griffin, qui jouaient 36 ou 38 minutes, je me dis que si on en laissait autant à Victor, il tournerait à 25 points, 13 rebonds et cinq contres. Et là, on parle des statistiques d’un All-Star confirmé.
Tu avais laissé entendre que tu prendrais ta retraite à la fin de la saison. Quelles sont les raisons qui te pousseraient à arrêter ?
Des raisons pour lesquelles je veux arrêter, j’en ai plein que je garde pour moi. Aujourd’hui, je préfère me concentrer sur ce que je fais. Ça se passe très bien ici à Philadelphie, donc je ne vais pas me prendre la tête avec ça.
Je peux déjà me concentrer sur demain, à Denver, avec un gros match à faire et à gagner. Ça va être une belle bataille entre encore deux monstres (Joel Embiid et Nikola Jokic) et deux bonnes équipes. Donc c’est là-dessus que je me concentre. [Ma retraite] on verra plus tard.
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