Souvenirs d’insider : « A New Jersey, les Nets avaient un côté ‘Semi Pro’ »

Maxime Robin a passé pas mal de temps dans des vestiaires NBA et il a un paquet d’histoires à raconter. Aujourd’hui, retour sur les New Jersey Nets.

Souvenirs d’insider : « A New Jersey, les Nets avaient un côté ‘Semi Pro’ »
Pendant des années, Maxime Robin a travaillé aux Etats-Unis dans le domaine de la musique en tant que manageur et responsable des tournées d’artistes Hip Hop (Freddie Gibbs, Chance The Rapper, Lord Apex etc.) et en tant qu'envoyé spécial pour REVERSE et BasketSession. Vivant à New York et ayant ses entrées un peu partout, il en a profité pour mettre ses contacts à profit et il en a tiré des anecdotes à foison, notamment sur les dernières heures des New Jersey Nets avant qu'ils ne deviennent les Brooklyn Nets. En résidant à New York, Maxime avait la chance de pouvoir avoir une double ration de matches NBA en choisissant d’aller voir les New York Knicks ou les New Jersey Nets, avant qu’ils ne déménagent à Brooklyn. Comme nous le racontait également le journaliste Pascal Giberné dans le mook REVERSE spécial New York, ces deux franchises avaient beau être limitrophes, c’était en réalité comme si elles appartenaient à deux univers totalement différents.
« Ce qui était choquant, pour moi, c'était la différence d'accueil entre les New Jersey Nets, qui sont devenus les Brooklyn Nets plus tard, et les New York Knicks. Quand on allait dans le New Jersey, les Nets étaient vraiment dans une sale passe, c'était l'époque post Jason Kidd, Kenyon Martin, ils avaient Brook Lopez et quelques joueurs comme ça, mais ce n'était vraiment pas génial... On était trop bien traités, limite ils nous ciraient les pompes : "Reprenez une part de gâteau !" (rires). Le premier match que j'ai fait là-bas, c'était contre les Boston Celtics et ils nous placent juste derrière les panneaux, au troisième ou quatrième rang ! T'as ton petit ordinateur avec les stats, ta petite télé pour voir les ralentis... »
 

Une relation privilégiée avec les joueurs

Autant dire tout de suite que le traitement de la presse était radicalement différent de celui réservé à nos ressortissants au Madison Square Garden.
« A New York, tu te retrouves au quatrième étage, dans les ‘‘nose bleeds’’, tout en haut, où tu as des places à quinze ou vingt dollars, il faut sortir tes jumelles (rires). T'as pas d'écran avec les stats, t'as un mec qui t'apporte la feuille de stats à chaque quart-temps et encore, quand il a envie de te les apporter, c'est plus juste à la mi-temps et à la fin du match. Alors qu'aux Nets, même encore aujourd'hui à Brooklyn, les Européens sont placés au deuxième étage, ce qui est pas trop mal, tu es dans un virage, au-dessus de l'entrée des joueurs. »
Avoir l’occasion d’assister aux matches en étant aussi proche du terrain est une expérience incomparable.
« Quand tu passes au shootaround, déjà, et que tu vois Shaq ou Garnett, de près, ils sont juste impressionnants par leur stature et leur charisme. Et après, en match, quand tu vois un dunk de Shaq, même si c'était à sa période Boston où il n'était pas "fou", tu te rends compte de la puissance du type ! C'est pas comparable avec l'impression que ça te fait quand tu vois ça à la télé. Déjà en France, si des gens ont l'occasion d'aller voir un match de Jeep Elite, tu te rends compte que ce n'est pas du tout le même rythme que ce que tu peux voir à la télé. Quand tu vois les gabarits et la vitesse du jeu, de si près, tu comprends que c'est un autre niveau que tout ce que tu as pu voir avant. »
Souvenirs d’insider : Russell Westbrook a toujours été taré Et puis, forcément, vu la faiblesse de l’effectif des New Jersey Nets à l’époque, l’accès aux joueurs était également bien plus aisé.
« Aux Nets, tu as moitié moins de journalistes et moi j'y étais à une époque où personne ne voulait aller les voir jouer. Du coup, je kiffais plus aller voir un match des Nets et pouvoir parler avec Brook Lopez ou d'autres joueurs de l'époque, que d'aller au match des Knicks et de ne vraiment pas être sûr de pouvoir poser la moindre question. Ou alors avant le match, mais là il faut avoir de questions bien particulières ou bien reparler du match de la veille, mais les gars n'ont pas forcément envie de reparler de ça. A New Jersey, j'ai pu capter Shaq après un match, lui dire deux mots en off. A New York, ça serait impossible ! Jamais je n'aurais pu avoir Carmelo pendant deux minutes en off à sa sortie du vestiaire. Il avait toujours trente journalistes autour de lui, il sort il y a sa famille et je ne sais pas combien de gens qui veulent le voir, c'est impossible ! »

Une équipe nulle, oui, avec qui laisse rêver de nachos !

Dans le staff, dans le public, dans les vestiaires, l’ambiance était largement plus relâchée à la Meadowlands Arena qu’au Madison Square Garden.
« A New Jersey, il y avait un petit côté dérision parce qu'ils n'étaient pas très bons, la salle ne se remplissait pas, du coup ils faisaient vraiment des efforts. De A à Z, c'était plus sympa : tu arrives à la salle, les responsables presse sont sympas ; après tu arrives au buffet médias, les gens sont souriants ; les journalistes américains vont s'asseoir à côté de toi parce qu'ils n'ont pas leurs potes qui ne viennent qu'aux matches des Knicks, du coup ils te parlent un peu plus facilement. A New York, c'est des tables allongées alors que là c'était des tables rondes, du coup c'était plus facile d'échanger... Et puis les joueurs ont plus de temps à t'accorder et ils sont moins demandés, donc il y a pas mal de matches où, quand on allait à New Jersey, après le match les mecs ne parlaient à personne. Kris Humphries par exemple, à part quand il a eu son moment avec les Kardashian, le reste du temps, les gens ne lui parlaient pas trop et c'était un type plutôt sympa (rires). Du coup, même les adversaires des Nets étaient plus relax. Ils n'avaient pas forcément de famille à voir, alors que presque tout le monde a de la famille à New York qui vient les voir après le match. Il y a énormément de journalistes, de tous les pays. »
Au final, dommage que les performances de l’équipe n’aient pas été à l’image de leur capital sympathie, parce que sur le terrain, il n’est pas passé beaucoup de choses mémorable durant cette période...
« A part les matches où les gens sortaient en étant vraiment contents d'avoir gagné des nachos parce que leur équipe avait marqué 100 points ou des trucs comme ça, je n'ai pas beaucoup de souvenirs mémorables (rires). A la fin, à New Jersey, il y avait un peu un côté "Semi Pro", comme dans le film avec Will Ferrell (rires). C'était un peu pathétique… »
Suivez Maxime Robin sur ses réseaux sociaux : Twitter / Instagram L’anecdote folle du jour : Quand Jason Kidd annulait Noël pour pourrir les Bucks