Comment Houston a écrasé Golden State

Largement battus au premier match, les Houston Rockets ont réagi avec une victoire encore plus franchise contre les Golden State Warriors dans le Game 2 (127-105). Analyse.

Comment Houston a écrasé Golden State
Mike D’Antoni est l’un des pères fondateurs du basket moderne. Il n’est pas le seul ni le premier à l’avoir fait mais l’ex-moustachu a posé les bases de la NBA actuelle en prêchant le jeu rapide (seven seconds or less – sept secondes ou moins pour shooter), la disparition des postes et donc l’emploi du « small bal », la circulation de balle accrue sans vraie fixation intérieure, le pick-and-roll dans l’axe avec plusieurs tireurs d’élite autour ou encore une utilisation accrue du tir à trois-points. Mais ça, c’était aux Phoenix Suns. Il n’a pas renié tous ses principes en venant aux Houston Rockets. Au contraire. En revanche, lui-même l’avoue : le coach qu’il était à l’époque serait choqué par ce que sa propre équipe propose aujourd’hui. Le mouvement du ballon a été remplacé par des isolations. Et encore des isolations. Largement (très largement) plus que n’importe quelle autre formation en NBA. Parce que D’Antoni a choisi de s’adapter à ses joueurs et surtout à son meilleur élément, James Harden. « Le meilleur joueur de un-contre-un au monde », selon son entraîneur. Il a ainsi bâti une formidable machine à gagner autour de sa superstar et de son arsenal offensif très développé. Mais le système des Texans fatigue. Surprend. Agace. Et c’est quand il a été exposé en pleine lumière lors de la déroute contre les Golden State Warriors en ouverture des finales de Conférence Ouest que les passionnés et analystes ont réclamé du changement. Il n’y en a pas eu cette nuit. Aucun bouleversement vraiment radical. Le jeu reposait encore une fois sur les isolations. Paradoxalement encore plus que lors du Game 1 (46 isolations dans le Game 2 contre 45 au match précédent). Alors comment expliquer une telle différence de résultats ? Les Houston Rockets ont gagné de 22 points (127-105) après avoir perdu de 13. Alors, certes, le fond restait le même pour Mike D’Antoni et ses troupes. Mais il y avait plus d’agressivité sur les drives vers le cercle. Avec des passes lâchées plus rapidement quand la défense commençait à se précipiter vers le porteur de balle, en pleine pénétration. Des attaques plus franches dès la réception du ballon après la première ouverture. Et donc une défense plus rapidement mise à la faute car plus secouée. S’en sont suivis des tirs plus ouverts.

Chris Paul en guide des Houston Rockets

Les Rox ont bénéficié de 12 positions libérées à trois-points. Pour 6 réussites. Contre seulement 2 sur 5 lors du Game 1. Des occasions dorées converties par Eric Gordon, Trevor Ariza et P.J. Tucker. Ces gars-là ont su faire la différence pour leur équipe.

« J’ai eu de meilleures opportunités. Nous avions mieux fait circuler le ballon. Tout le monde rentrait ses tirs. Et une fois que nous faisons ça, qui peut nous arrêter ? Les gens veulent parler des isolations. Oui, nous jouons comme ça. Mais nous avons mieux fait tourner la balle pour les joueurs démarqués cette fois-ci », confiait justement Eric Gordon.

Chris Paul était aussi à l’origine de cette efficacité accrue en attaque. Le maestro n’a distribué « que » six passes décisives mais il était en contrôle. Il a fait jouer ses coéquipiers. CP3 a bénéficié de 16 isolations cette nuit contre 10 au premier match. Il a donc eu plus d’occasions de mettre le jeu en place. Alors qu’à l’inverse, Harden a eu un peu moins de possessions solos (16 contre 26 au Game 1). Mais tant mieux. Parce que le barbu est un scoreur avant tout même si c’est un formidable playmaker alors que Paul reste un meneur gestionnaire. Il a mis ses coéquipiers sur orbite. Et il a donc équilibré le flow. La marque était d’ailleurs nettement plus équilibrée avec 27 points pour Gordon, 22 pour Tucker et 19 pour Ariza. https://twitter.com/NBA/status/996976101992869888 Les Houston Rockets ont ainsi pu compenser la maladresse de leur MVP (27 points à 9/24). C’est tout le paradoxe. Ils ont gagné ce match alors qu’ils avaient perdu celui où il avait planté 41 points. Parce que cette équipe se porte mieux quand le danger vient de partout. https://twitter.com/NBA/status/996968552665141249

P.J. Tucker, facteur X

Un vétéran de 33 ans a particulièrement été précieux. P.J. Tucker a donc marqué 22 points, son record en playoffs. Il a atteint ou dépassé cette barre seulement quatre fois en plus de 500 matches NBA. C’est dire à quel point sa performance était inattendue. D’abord réputé pour ses qualités défensives, cet ailier dur-au-mal est fréquemment laissé libre par l’équipe adverse. Les Warriors doivent déjà se concentrer sur Paul et Harden. Alors il y a forcément des trous. Et des espaces pour Tucker, peu surveillé. Ça fait toute la différence quand il fait payer ses vis-à-vis en mettant dedans. 8/9 cette nuit. Avec 5 paniers primés. L’ailier a respecté à la lettre la philosophie de son GM (et employeur) Daryl Morey : aucun tir dans les zones « proscrites ». Que du tir à trois-points dans le corner et des layups ou dunks près du cercle. L’efficacité maximale. https://twitter.com/NateDuncanNBA/status/996950181823184896?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.theringer.com%2Fnba%2F2018%2F5%2F17%2F17363894%2Fp-j-tuckers-game-2-was-a-moreyball-clinic&tfw_site=ringer P.J. Tucker ne sortira pas le match de sa vie à chaque fois. Mais c’est justement ce basket particulier proposé par les Houston Rockets, ces isolations agressives qui mènent à des tirs ouvertes, qui peut permettre à des joueurs de l’ombre de s’illustrer et de faire la différence. Il faudrait que ça arrive encore au moins trois fois de plus pour que la franchise texane aille au bout de son rêve en accédant aux finales NBA.