Victime des Bad Boys et d'un Jordan tyrannique
S'il montre de bonnes choses durant sa saison rookie, il n'est d'abord que le back-up de Charles Oakley, garde du corps personnel de Michael Jordan et bizuteur en chef des jeunes recrues. Ce n'est que lorsque Oakley est tradé à New York à la surprise générale la saison suivante, sur décision de Jerry Krause, que Horace Grant monte en régime. Doug Collins fait de lui le poste 4 titulaire au côté du nouvel arrivant Bill Wennington. L'Amérique commence à s'éprendre de MJ, de ses Bulls et du truculent Horace, jusqu'à ce que les Pistons de Chuck Daly ne viennent casser l'ambiance. Malgré son talent, Grant est l'une des victimes les plus visibles des coudes saillants de Bill Laimbeer, Rick Mahorn ou John Salley et il ne parvient pas à masquer ses difficultés face aux Bad Boys. Michael Jordan se donne alors pour mission de le rendre un peu plus prêt à partir au combat. Il y a quelques semaines, Sam Smith racontait justement que lorsque Horace Grant passait à coté de certains de ses matches à l'extérieur, Jordan demandait au personnel de l'avion qui les ramenait à Chicago de priver son camarade de repas. Récemment, dans un podcast avec d'anciens Bulls, Grant a expliqué qu'il se dressait souvent face à MJ lorsqu'il utilisait ce type de méthodes et qu'il l'aurait "fracassé en un clin d'oeil" s'il l'avait vraiment privé de nourriture... En 1990, Grant découvre le style qui fera sa popularité. Souffrant de problèmes de vue, il se met à arborer des goggles, ces lunettes de protection pour ses lentilles, qui deviendront un accessoire de mode incontournable. Alors qu'il songe à les retirer une fois sa vue corrigée au laser, ses parents le supplient de conserver cet attirail tant ils ont remarqué qu'ils servaient d'inspiration à des enfants contraints d'en porter.A Orlando, il est le bourreau des Bulls et de MJ
Après cette déception et sans attendre un hypothétique retour de l'idole, Horace Grant profite d'être sur le marché pour accompagner l'évolution du Magic. Pendant qu'Orlando progresse à la vitesse de l'éclair grâce notamment à sa culture de la gagne - et son panier clutch lors de la série contre Boston - les Bulls sont orphelins. Avec ou sans Michael Jordan, les fans comprennent alors à quel point Grant était un rouage essentiel de la machine à gagner. En voyant leur ancien protégé briller de mille feux contre eux, puis jusqu'en Finales NBA face à Houston, les Bulls se mettent immédiatement en quête de son remplaçant, qui ne sera autre que Dennis Rodman.En beef avec Jordan et snobé du Hall of Fame
Il est un peu triste de voir ce que sont devenues les relations entre Horace Grant et Michael Jordan. Avant la sortie de The Last Dance, Grant était constamment positif et élogieux sur les années passées en compagnie de MJ et le chemin du combattant partagé jusqu'au Three-Peat. Le documentaire a ravivé des tensions et des incompréhensions. Grant nie toujours être celui qui a contribué à écorner l'image de Jordan dans le livre de Sam Smith, alors que le GOAT n'a absolument aucun doute à ce sujet. La façon dont il s'est exprimé dans certains des épisodes pour évoquer son ancien camarade ne pouvait pas manquer de faire réagir l'ami Horace."Il a dit que j'étais la source de Sam Smith dans ce livre. C'est un mensonge total. Un mensonge ! Si Michael Jordan a un problème avec moi, réglons ça comme des hommes. Parlons-en ou réglons ça d'une autre manière".On espère que comme d'autres anciens camarades réconciliés grâce aux effets du temps et de la discussion, ces deux-là parviendront à se rabibocher. Dans tous les cas, Horace Grant fait partie de ces joueurs dont on peut se demander aujourd'hui pourquoi ils n'ont pas été introduits au Hall of Fame. Les critères d'entrée sont toujours un peu flous. Mais d'autres joueurs moins titrés, moins impactants culturellement et moins talentueux tout court ont eu droit à cet honneur. Il est peut-être temps que l'on voit Horace et ses goggles délivrer un speech à Springfield devant un parterre de glorieux anciens.