A peine arrivé à Paris avec la délégation des Pistons pour le NBA Paris Game 2023, Hamidou Diallo a choisi de passer du temps avec des jeunes plutôt que de faire du tourisme. C'est au Camp des Loges, le centre d'entraînement du Paris Saint-Germain, que l'arrière de Detroit a débuté le premier séjour parisien de sa vie.
Diallo, 24 ans, a tenu à rendre visite aux jeunes du centre de formation du PSG, afin de partager son expérience avec eux, de répondre à leurs questions et de voir de près les méthodes et le fonctionnement de l'académie la plus prolifique de la dernière décennie en Ligue 1.
Si la grande majorité des aspirants pros parisiens ne connaissaient pas Hamidou Diallo, leurs yeux se sont tout de même illuminés quand ils ont compris qu'ils avaient devant eux un type capable de remporter un Slam Dunk Contest du All-Star Game en sautant par-dessus Shaquille O'Neal, et de conserver une place dans la ligue la plus relevée du basket mondial.
A l'approche du Paris Game contre Chicago, on a eu la chance de discuter avec Hamidou, notamment de sa connexion avec l'Afrique et de son ADN new-yorkais, mais aussi de Killian Hayes ou Victor Wembanyama.
BasketSession : La première chose que tu as faite en arrivant à Paris, c'est de venir voir de jeunes athlètes et de passer un moment avec eux.
Hamidou Diallo : Venir voir les jeunes joueurs ici, c'est important pour moi parce que ça a commencé de cette manière-là pour moi aussi, dans une académie aux Etats-Unis. Ce sont de jeunes étoiles et c'est ici que le vrai travail se fait. C'est super de pouvoir être là et établir une connexion avec eux. Ce que j'ai vu m'a ouvert les yeux. Il y a tellement de gamins talentueux qui courent après leur rêve... Je ne joue pas au foot, j'ai toujours joué au basket, mais j'aime regarder. Messi est mon joueur préféré. Je sais que le PSG est un club performant depuis de longues années et qu'il a sorti des joueurs très talentueux. C'est aussi pour ça que je voulais voir à quoi ça ressemblait de l'intérieur.
Tu as toi-même été un prospect très suivi quand tu étais plus jeune. Comment est-ce qu'on gère la pression qui va avec ça ?
Hamidou Diallo : Ce n'est pas quelque chose que j'avais prévu. Je suis devenu un prospect 5 étoiles sur le tard dans ma formation. Donc quand il y a commencé à y avoir de l'attention médiatique, je savais que c'était parce que j'avais beaucoup travaillé. Je ne pouvais pas vraiment me laisser distraire, il fallait continuer. Quand tu deviens un prospect 5 étoiles, c'est simplement le signe que tu dois encore augmenter l'intensité de ton travail. Parce qu'à ce moment-là, tous les yeux se portent sur toi.
En parlant de prospect, on imagine que tu as entendu parler de Victor Wembanyama. Quel est ton avis sur lui ?
J'ai vu pas mal de vidéos sur lui, beaucoup de highlights. La plupart de ces choses sont incroyables. Il y a beaucoup d'attention et de hype autour de lui. Certaines personnes disent même que c'est le plus gros prospect de tous les temps. Je pense qu'il est déjà un super joueur. Il joue depuis longtemps et je suis impatient de le voir débarquer en NBA. Je ne vais pas dire que l'on pourrait jouer ensemble, ce serait presque du tampering (rires). On verra bien, en tout cas c'est clairement une possibilité !
De New York, je tire ma confiance. Quand tu grandis là-bas, tu es obligé d'avoir une certaine confiance en toi, un certain style et une mentalité différente. Je pense que c'est vraiment le cas pour tous ceux qui sont originaires de là-bas.
Au centre de formation du PSG, beaucoup des jeunes que tu as vu ont des origines africaines, comme toi, dont la famille est originaire de Guinée. A quel point tes racines sont importantes pour toi ? Je sais que tu es allé en Guinée en 2021 et que ton père est retourné vivre là-bas...
Oui, exactement. Etablir une connexion avec ses racines, c'est essentiel pour moi. C'est mon identité et je veux que le monde le sache. Voir des joueurs originaires d'Afrique réaliser leurs rêves dans une ville comme Paris, c'est formidable. C'est pour ça que les centres de formation sont importants aussi. Ils donnent une chance à des jeunes qui n'ont pas toutes les opportunités d'y parvenir. On essaye de construire de plus en plus de choses en Afrique pour que les Africains ne soient pas oubliés. Il y a énormément de talent sur ce continent que ce soit sur le plan sportif, le business... C'est une terre d'opportunités où il est possible de développer des projets. Il faut simplement que l'on s'y mette tous ensemble. Une fois que ce sera le cas, j'ai le sentiment que le ciel sera la limite. L'Afrique pourra être aussi puissante qu'elle peut l'être.
Tu as grandi à New York. Qu'est-ce qui fait que les joueurs originaires de ce coin du pays ont toujours l'air différents et quelle partie de ton jeu est selon toi 100% New York ?
Hamidou Diallo : De New York, je tire ma confiance. Quand tu grandis là-bas, tu es obligé d'avoir une certaine confiance en toi, un certain style et une mentalité différente. Je pense que c'est vraiment le cas pour tous ceux qui sont originaires de là-bas. Sur le plan du basket, il se passe tellement de choses et tu peux faire tellement de choses différentes... Les New Yorkais sont plus "durs" que la moyenne à cause de la nature-même de cette ville, du style de vie qu'ils y ont connu. Tout va tellement vite à New York (il claque des doigts à plusieurs reprises). Les gens n'ont pas forcément le temps de se soucier de ce qui ne va pas pour les autres. Tout le monde est toujours occupé et cherche à atteindre son but. En tant que basketteur, tu peux facilement être oublié quand tu joues là-bas. C'est pour ça que la plupart des joueurs new yorkais ont cet espèce d'envie de prouver et ce sentiment d'urgence dans leur jeu. New York me manque tout le temps. C'est la meilleure ville du monde pour moi !
Le jeu de Shai parle de lui-même. Rien ne lui a été donné, il est allé chercher tout ce qu'il accomplit aujourd'hui. S'il continue comme ça, il peut devenir l'un des meilleurs joueurs du monde.
Ce n'est que le deuxième match officiel de NBA à Paris dans l'histoire, qu'est-ce que ça te fait d'y participer ?
Hamidou Diallo : C'est super de venir dans un autre pays, de jouer pour une fanbase différente de celle de d'habitude. L'atmosphère et l'espace changent aussi. Jouer à Paris, c'est une bénédiction. Beaucoup en rêvent et pour nous c'est une réalité.
Tu parles un peu français ?
Hamidou Diallo : Je parlais un peu français avant, mais j'ai perdu la majorité de ce que je savais avec le temps. Mon père, ma mère, mes soeurs aussi, parlent français par contre.
On imagine que Killian Hayes est enthousiaste à l'approche de l'événement.
Hamidou Diallo : Killian est vraiment excité à l'idée de venir jouer en France et à Paris. Il n'était pas revenu depuis un certain temps. Pouvoir jouer devant sa famille et ses amis, c'est génial et il se frotte les mains à cette idée.
A Kentucky, tu as joué avec Shai Gilgeous-Alexander, qui est en train de devenir un joueur majeur et un All-Star en NBA. Est-ce que tu as toujours su qu'il deviendrait le joueur qu'il est aujourd'hui ?
Hamidou Diallo : Oh, tu peux le dire, c'est un All-Star maintenant (rires) ! J'ai toujours su que Shai serait un super joueur parce que c'était un bosseur. Il est comme ça. En NBA, quand tu es capable de travailler, tu peux atteindre n'importe quel objectif. Une fois qu'il a eu l'opportunité de le montrer, il n'a plus jamais regardé en arrière. Son jeu parle de lui-même. Rien ne lui a été donné, il est allé chercher tout ce qu'il accomplit aujourd'hui. S'il continue comme ça, je pense qu'il peut devenir l'un des meilleurs joueurs du monde. Sans aucun doute.