Les San Antonio Spurs sont synonymes de modèle pour la grande majorité des équipes NBA. La franchise texane est symbole de réussite, de succès et d’unité et elle a su conserver les mêmes joueurs majeurs et le même coach pendant de longues années. Un fait extrêmement rare dans le sport professionnel. Mais les Spurs ne se sont pas faits en un jour et, comme les autres franchises, ils ont dû traverser certaines épreuves.
Les Spurs tels que nous les connaissons ont bien failli ne jamais exister. Outre le coup de pot lors de la loterie 1997 (pour récupérer le premier choix et donc Tim Duncan), les éperons sont passés à un match de licencier Gregg Popovich. Oui, « Pop », le coach légendaire adulé et respecté, n’a pas toujours eu ce statut.
L’histoire remonte à début mars… 1999. Popovich, GM de la franchise, a licencié Bob Hill (qui restait sur deux saisons à 62 et 59 victoires !!!!) après quelques semaines lors de la saison 1996-1997. Privé de plusieurs de ses cadres – David Robinson, Sean Elliott – il terminera l’exercice avec un bilan négatif. Welcome, Tim Duncan.
Un an plus tard, malgré l’arrivée du prodige, San Antonio ne fait pas mieux qu’une demi-finale de Conférence. Troisième saison, raccourcie pour cause de lockout. Les Spurs débutent mal avec 6 victoires pour 8 défaites avant ce fameux déplacement face aux voisins texans. Tout de suite, les joueurs texans comprennent que l’enjeu dépasse celui d’un simple match.
« C’était différent. Notre échauffement et notre préparation d’avant match était différente. David Robinson avait pour habitude de ne pas parler beaucoup et de se contenter de réciter une prière lors du huddle. Ce jour-là, il répétait sans cesse : ‘On doit le faire, c’est un grand match, on doit le faire’ », raconte Malik Rose, un ancien joueur des San Antonio Spurs.
« Gregg Popovich ne me parlera plus, il ne m'aime pas », explique un ancien des Spurs
Le public texan gronde depuis plusieurs jours et Gregg Popovich est au centre des critiques. Malgré l’association de deux intérieurs dominants comme David Robinson et Tim Duncan, les « twin towers », les Spurs ne décollent pas. En cas de défaite face aux Houston Rockets de Hakeem Olajuwon, Charles Barkley et Scottie Pippen, le coach aurait pris la porte. Ou du moins, il aurait été renvoyé à son rôle de GM.
« Ils allaient virer ‘Pop’ et prendre Doc Rivers », poursuit Rose. « C’était la rumeur. Mais elle avait l’air réelle vu le sentiment de gravité qui régnait dans le vestiaire. Je n’oublierai jamais ce moment-là. »
« ‘Pop’ n’était pas encore ‘Pop’ à cette période. Il ne s’était pas encore fait un nom. Les fans ne savaient pas encore qui il était vraiment, » ajoute Steve Kerr.
Doc Rivers est un ancien All-Star passé par les San Antonio Spurs. Il est alors consultant pour une chaîne locale et il a les faveurs du public. Ancien meneur de jeu, « Doc » est présenté comme un leader naturel taillé pour un poste de coach. Il attend juste la bonne opportunité. En cas de victoire des Rockets sur les Spurs, il coachera Tim Duncan et David Robinson.
« On devait absolument gagner ce match. Il y avait des spéculations autour d’un licenciement de ‘Pop’ et d’une arrivée de Doc Rivers. Alors David Robinson et moi sommes allés rendre visite au coach chez lui », témoigne Avery Johnson, le meneur des Spurs. « C’était vrai. ‘Pop’ nous a parlé et on a compris qu’il fallait absolument gagner contre Houston. »
« J’ai prêté serment d’allégeance à Gregg Popovich car il croyait en moi. Je pense que s’il avait été viré, j’aurais été en partie responsable car je n’étais pas vu comme un meneur capable de diriger un favori pour le titre NBA. J’ai pris les choses de manière très personnelle. David a donné un discours d’avant match incroyable. »
Et les Spurs ont gagné... Mieux, ils ont terminé la saison en trombe avec 31 victoires et 5 défaites. Les troupes de Gregg Popovich étaient alors injouables. Ils ont peu après décroché leur premier titre NBA et « Pop » a évidemment été conservé. Doc Rivers a lui été nommé à la tête du Magic à l’issue de la saison.
Un an plus tard, il sera nommé Coach Of The Year et essayera de recruter Tim Duncan à Orlando. Avec des « si », on refait l’histoire. Certes. Mais il est parfois passionnant de se replonger dans le passé et de se rendre compte à quel point une dynastie tient à si peu de choses...