Si vous suivez la NBA depuis moins de 20 ans, vous ne savez probablement pas de quoi était capable Grant Hill au meilleur de sa forme. Avant sa retraite en 2013, Hill était considéré par les plus jeunes comme un gentleman vétéran dont on leur avait vaguement dit qu’il était un temps annoncé comme une future superstar.
Difficile pour eux d’imaginer une époque où les publicitaires étaient prêts à s’arracher Hill pour qu’il devienne l’icône de leur marque et où la polyvalence de son jeu en faisait un Hall of Famer en devenir. Il reste heureusement quelques images de cette époque bénie pour l’ancien ailier de Duke, dont la carrière n’aura malheureusement jamais atteint les sommets auxquels on pouvait s’attendre, la faute à de graves blessures qui l’ont contraint à miser sur d’autres atouts.
La saison 1997-1998 n’est pas un très bon cru pour les Pistons, qui ratent les playoffs après deux premiers tours perdus contre Orlando et Atlanta les années précédentes. Grant Hill, qui dispute sa 4e saison en NBA, ne peut empêcher la franchise du Michigan de finir à une piteuse 11e place dans la Conférence Est. Malgré tout, le Texan (il est né à Dallas) reste très performant sur le plan individuel et décroche même une troisième sélection consécutive pour le All-Star Game. Mais de cette saison médiocre, les fans de Detroit retiendront tout de même une action devenue culte.
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Le 16 mars 1998, l’équipe alors entraînée par Alvin Gentry, se rend à Miami. Le Heat porte bien son nom cette année-là et enchaîne les succès à l’Est, derrière les intouchables Bulls de Michael Jordan. A cet instant, Detroit est à la ramasse. Doug Collins s’est fait virer quelques semaines auparavant et Motown n’a plus gagné en Floride depuis 9 matches.
Du côté du Heat, la confiance bat son plein, notamment grâce à l’énergie et aux muscles d’Alonzo Mourning, aux crossovers dévastateurs de Tim Hardaway et au boulot des trois autres membres du 5 : PJ Brown, Dan Majerle et Voshon Lenard. A l’époque, Pat Riley décrit « Zo » en ces termes :
« C'est un derviche tourneur, un cyclone. Il représente tout ce que l’on recherche chez un joueur NBA pour incarner notre franchise : il est passionné, engagé, agressif et infatigable ».
En face, Hill est accompagné de Joe Dumars, Lindsey Hunter (le GM du Jazz), Don Reid et du défunt Bison Dele (assassiné en mer par son frère en 2002). « Zo » est dans un grand soir. Il score (26 points), prend des rebonds, contre tout ce qui bouge et ouvre sa bouche à loisir pour intimider ses adversaires. Mais Grant Hill n’est pas en reste et est aux commandes du premier bon match de son équipe à Miami depuis longtemps. Avec 26 points (11/16), l’ailier porte son équipe et lui permet de prendre l’avantage dans le 4e quart-temps. Le duel avec Mourning cesse d’être à distance lorsque les deux hommes s’accrochent concrètement.
Grant Hill : Les diamants ne sont pas éternels
« Zo » pose un écran de camionneur sur Hill et l’attrape au passage. Plutôt que de subir le vice de son adversaire, le joueur des Pistons lui sort une prise de judo et l’envoie au sol. Les deux se relèvent et échangent quelques amabilités avant que les arbitres n'interviennent rapidement. Réputé pour être fair play et rarement dans les altercations, Grant Hill est pourtant sanctionné et le ballon est donné au Heat. Peut-être trop content d’avoir réussi à faire perdre son sang froid à son rival, Mourning manque sa passe et permet à Detroit de partir en contre.
Le ballon revient évidemment à Hill, tout heureux de pouvoir montrer à son futur camarade Hall of Famer, qu’il n’est pas qu’un surdoué placide. Il brise alors les chevilles de Dan Majerle et se dirige à toute allure vers le panier. Bien décidé à calmer l’avorton de deux ans son cadet, Mourning s’élève pour lui interdire l’accès au cercle. Mauvaise idée : la montée de Hill est surpuissante et Zo ne récolte que le bras gauche du Piston devenu Bad Boy l’espace de quelques secondes en plein poitrail. Le dunk est foudroyant, surpuissant et surtout humiliant pour l’intérieur du Heat.
« On savait en venant ici que si l’on voulait gagner, il fallait se battre avec eux. C’est une équipe qui nous a souvent intimidé par le passé et pour une fois, on n’a pas reculé », déclarera Grant Hill après coup.
Cette action hante probablement encore Alonzo Mourning aujourd’hui, même s’il possède une bague de champion à lustrer pour occuper ses vieux jours… Grant Hill, comme il l'avait expliqué au moment d'annoncer sa retraite, aura quelques vidéos à montrer à ses petits enfants pour leur prouver qu'il a un jour été l'un des meilleurs basketteurs de la planète. Ce dunk féroce passé à la postérité sera sans doute la pièce maîtresse de sa collection.
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