Gorgui Dieng, un dur au mal
Début janvier, l'entraîneur des Minnesota Timberwolves se confiait au sujet des forces mais surtout des lacunes de ses jeunes joueurs dans une longue interview passionnante publiée dans la presse locale. Mitchell pointait du doigt le manque de fondamentaux de garçon comme Zach LaVine ou Andrew Wiggins. Les mots étaient durs mais réalistes. A l'image de la personnalité de l'ancien joueur NBA (mais aussi de Montpellier)."Il est ce genre de gars [dur]", témoignait Dieng au Star Tribune. "C'était un peu dur pour moi au début de la saison mais je m'y suis fait. Je fais attention à ce qu'il dit et à ce qu'il me demande sans me concentrer sur la façon dont il le dit."Gorgui Dieng n'a pas peur d'être secoué. Sa confiance ne s'est pas écroulé sous le poids des coups de gueule de son coach. Un caractère forgé par ses trois saisons passées sur le campus de Louisville sous les ordres du légendaire Rick Pitino.
[superquote pos="d"]"Pitino m'a préparé pour la NBA. Je n'aurais jamais pu accepter un coach comme Sam si je ne l'avais pas connu."[/superquote]"Personne ne me traitera de la façon dont il me traitait à l'université. Mais c'était vraiment une bonne chose. Il m'a préparé pour la NBA. Je pense que je n'aurais pas pu jouer pour un coach comme Sam si je ne l'avais pas eu comme entraîneur à la fac", poursuit le géant sénégalais.Dans son interview, Mitchell n'avait pas hésité à glisser une accolade à Gorgui Dieng en saluant la progression très rapide de son intérieur de 2,11 mètres. Les critiques l'ont rendu plus fort. Il a su accepter les méthodes de son coach et en a tirer un avantage. D'autres de ses coéquipiers, plus jeune et peut-être un peu plus fragile que lui, ont plus de peine à tenir le coup mentalement devant les exigences de leur coach.
"Il travaille dur et il progresse", notait encore une fois Sam Mitchell. "Nous sommes une bien meilleure équipe de basket lorsqu'il pose des bons écrans et roule vers le cercle. Il étire le jeu et offre des opportunités aux autres joueurs."
Gorgui Dieng, KAT, les tours jumelles des Timberwolves
[caption id="attachment_303451" align="alignleft" width="318"] Karl-Anthony Towns brille avec Gorgui Dieng à ses côtés.[/caption] Dieng a même gagné sa place dans le cinq majeur en l'absence de Kevin Garnett. Ses statistiques reflètent bien l'ascension rapide de l'ancien roc des Cardinals. Il tourne à 17,4 points (à 66% aux tirs et 80% aux lancers-francs) et 9,9 rebonds en 34 minutes sur les sept dernières rencontres. Il a fait son trou. Mobile, bon défenseur, efficace près du cercle et plutôt adroit à mi-distance, il dispose d'une panoplie intéressante."J'ai progressé en tant que basketteur et en tant qu'homme. Je défends sur les meilleurs intérieurs adverses. Je pense que je fais du bon boulot en défense sur les ailiers-forts. Je pense que je peux jouer sur deux postes (ailier-fort et pivot). J'ai progressé là-dessus et le coach me fait confiance."[superquote pos="d"]Les Wolves carburent avec Towns et Dieng dans la raquette depuis sept matches[/superquote]Sam Mitchell n'hésite pas à aller contre-courant en associant deux intérieurs "classiques" avec Gorgui Dieng et Karl-Anthony Towns. Un tandem efficace rendu possible par la polyvalence des deux jeunes hommes. Les tours jumelles des Timberwolves font des dégâts dans les raquettes adverses. Nouvelle illustration cette nuit avec la victoire contre les Chicago Bulls. 'KAT' a cumulé 26 points et 17 rebonds quand son partenaire battait son record en carrière avec 24 points mais aussi 13 rebonds et 7 passes. Les deux joueurs ont évidemment terminé la partie avec un différentiel positif. Complémentaires, ils se tirent vers le haut et entraînent leur équipe dans leur sillage. Ils font le boulot à l'intérieur, font des moissons aux rebonds et écartent le jeu afin de laisser Andrew Wiggins punir les défenseurs les moins attentifs. Lors des 178 minutes qu'ils ont passé ensemble sur le parquet au cours des sept derniers matches, les Wolves ont marqué environ 5 points de plus que leurs adversaires (sur 100 possessions) alors que Minnesota a perdu cinq des sept rencontres en question. La franchise a peut-être trouvé en Gorgui Dieng un complément idéal pour son crack Karl-Anthony Towns, promis au titre de Rookie Of The Year mais surtout à une très belle carrière dans la ligue. Le premier nommé a déjà fêté ses 26 ans et son potentiel n'est pas aussi intrigant et excitant que celui de certains de ses coéquipiers, Wiggins et Towns en tête, mais il a déjà dépassé les attentes placées en lui à sa sortie de Louisville. Il a prouvé qu'il était capable de se faire une place en NBA. Et même un peu plus.