Après un mois de compétition, les Golden State Warriors sont deuxièmes de la terrible Conférence Ouest avec 12 victoires en 17 matches. De quoi faire renaître un peu l’espoir d’une nouvelle campagne épique pour Stephen Curry, qui fêtera mine de rien ses 37 ans en mars. Il est toujours la plaque tournante de son équipe. Il est toujours l’un des meilleurs joueurs de la ligue. Et derrière lui, la recette est toujours la même… tout en étant unique dans l’Histoire récente de la NBA.
Expliquons-nous. Draymond Green est encore là et il excelle dans son rôle des deux côtés du terrain. Il est le patron de la défense de Golden State (107,5 points encaissés sur 100 possessions, quatrième). Il est aussi le deuxième playmaker de cette formation (5,9 passes par match). Mieux encore, il retrouve du mordant en attaque (42% à trois-points) et est resté plutôt sage sur le terrain depuis la reprise. Les principes de jeu et les hommes clés sont les mêmes qu’auparavant aux Warriors, même si Klay Thompson est parti. En revanche, ce qui est nouveau, c’est l’immense profondeur de banc dont dispose Steve Kerr.
« Strength in Number » était déjà le slogan de l’équipe sacrée en 2015. Mais il n’a jamais été aussi vrai. Parce que ce que fait le coach est inédit : 13 joueurs passent plus de 10 minutes sur le terrain en moyenne chaque soir. Kerr ne s’interdit rien et il utilise tout le monde. Parce qu’il a énormément de bons basketteurs à sa disposition, des jeunes Moses Moody, Jonathan Kuminga, Trayce Jackson-Davis et Brandin Podziemski aux vétérans Kyle Anderson, Gary Payton, Kevon Looney et Buddy Hield en passant par la surprise Lindy Waters. Tout le monde joue, tout le monde contribue.
Dans l’esprit, c’est super. Ça rend même sans doute les Warriors imprévisibles par moments et à même de s’adapter à chaque adversaire. Mais est-ce que ça peut vraiment durer ? En playoffs, les franchises se reposent rarement sur plus de 8 joueurs. L’union fait peut-être la force, mais l’union des talents encore plus. Vient donc la question : et si l’organisation sacrifiait une partie de sa rotation pour plus de talent justement ? Autrement dit, et si Golden State allait chercher une (vraie) deuxième star pour essayer d’offrir un dernier (ou pas) run à Curry ?
Le problème, c’est que les stars, par définition, sont rarement disponibles sur le marché. Lauri Markkanen, dont le nom est souvent revenu du côté de San Francisco, ne peut plus être échangé. Brandon Ingram, Zach LaVine, Julius Randle ou encore Anfernee Simons ont des chances d’être transférés d’ici la deadline de février mais pas sûr qu’ils soient assez forts ou complémentaires pour vraiment faire passer un cap aux Warriors, surtout en partant du principe que ces derniers lâcheraient d’autres assets en contrepartie. Kawhi Leonard est une piste intrigante mais extrêmement chère (49 millions la saison) et du coup beaucoup trop risquée vu le flou permanent autour de son état de santé. Les rumeurs autour de Giannis Antetokounmpo et Joel Embiid ne sont absolument pas crédibles en pleine saison.
Il reste donc une autre piste. La seule éventuellement plausible à nos yeux. Celle menant à Jimmy Butler du Miami Heat. Un joueur déjà âgé, souvent blessé mais qui a déjà fait ses preuves en playoffs. Un ailier capable de remplacer Andrew Wiggins en défense, ou au moins en partie, tout en étant plus fort en attaque. Un joueur qui évolue pour une équipe sur la pente descendante, avec un besoin de ramener de la jeunesse et des tours de draft.
Le trade de Jimmy Butler aux Golden State Warriors
Jimmy Butler échangé contre Andrew Wiggins, Jonathan Kuminga, De’Anthony Melton, Gui Santos, deux premiers tours de draft hautement protégés (2025 et 2027, top-14).
C’est un pari risqué. Disons-le tout de suite. Butler a fêté ses 35 ans. Son corps le trahit de plus en plus et il n’est pas garanti qu’il soit à 100% au moment des playoffs. Mais, vu le caractère de compétiteur du bonhomme, il est fort probable qu’évoluer dans un environnement où il se retrouve en mesure de gagner sa première bague peut le pousser à ressortir une campagne de très haut niveau. C’est tout ce qu’il faut aux Warriors : une saison où Jimmy « Buckets » s’affirme à nouveau comme l’un des dix meilleurs joueurs du monde entre avril et juin. Avec Stephen Curry, Golden State aurait deux tops players. De quoi rivaliser avec Dallas, Oklahoma City ou Denver.
Surtout qu’autour, ça reste très solide. Green serait toujours là. Anderson, Looney et Hield aussi. Tous ces joueurs ont de l’expérience et des qualités recherchées par des candidats au titre. Jackson-Davis, Podziemski, Moody (qui est peut-être le meilleur prospect de ce club, même s’il joue peu) ont aussi du talent à revendre et même un rôle plus clair après ce trade. Il y a là l’effectif d’une équipe à même d’aller jusqu’en finales… sur le papier.
Il faut aussi raisonner en termes de pertes. Andrew Wiggins est revenu à son meilleur niveau et c’est ce qui peut refroidir les dirigeants au moment de l’échanger. Il plante 41% de ses trois-points cette saison. Il défend. Bref, il est excellent, comme il l’a été lors du sacre en 2022. C’est aussi ce qui peut pousser le Heat à accepter l’offre. Miami est dans une période de transition : les Floridiens sont redescendus dans la hiérarchie à l’Est et Butler n’a pas signé d’extension. Il va réclamer le max alors qu’il soufflera ses 36 bougies en septembre prochain.
Le Heat a besoin de nouveauté. Wiggins peut assurer le relais avec Bam Adebayo et Tyler Herro. Jonathan Kuminga aurait bien besoin d’un nouvel environnement – un autre système, une autre mentalité – pour passer un cap. Les Warriors, ou en tout cas Steve Kerr, n’ont pas l’air de le voir comme un futur All-Star. Le perdre est compensé par les minutes libérées pour Moody ou Podziemski.
De’Anthony Melton, très bon sur le début de saison, est malheureusement out jusqu’à l’année prochaine et son contrat arrive à expiration. Les Warriors sont fortement susceptibles de le transférer. Soit pour faire des économies, soit pour l’inclure dans un échange de ce type.
Le transfert est risqué pour Golden State dans la mesure où le départ de Wiggins laisserait un vide sur les années post-Curry si jamais la greffe ne prenait pas avec Butler. Mais le Canadien a déjà 29 ans. Serait-il capable de porter l’équipe sans Steph ? C’est peu probable. Au final, le prochain chapitre des Warriors s’écrira probablement sans lui quoi qu'il arrive. Son contrat étant abordable, Miami pourrait l’échanger à nouveau si le Heat décide de collectionner les picks. Sinon, il peut constituer une base solide avec Adebayo, Herro, Kuminga, Rozier, etc. Un groupe pas forcément armé pour aller loin mais avec plus de tours de draft pour la franchise, des finances plus saines et surtout plus de flexibilité.
Faire venir Jimmy Butler ne garantit évidemment pas non plus un titre aux Warriors, surtout que la fenêtre serait très courte. Peut-être juste sur un an. Mais l'Ouest est ouverte. Le Thunder manque encore un poil d'expérience. Les Nuggets n'ont pas de banc. Les Mavericks sortent d'une saison très longue. Des fois, il faut provoquer le destin pour aller au bout.
Le fit m'a effectivement l'air parfait!
Après, comme tu dis, y a pas beaucoup de joueurs forts et compatibles disponibles et envisageables. Et Curry a 36 ans, alors certes ça ferait un duo âgé, mais y a presque une obligation morale à tenter quelque chose pour offrir un dernier run à celui qui a tout apporté à la franchise. Quitte à se planter