Les Golden State Warriors ne sont qu'à deux victoires d'un back-to-back qui validerait leur entrée parmi les meilleures équipes de l'histoire. Si aujourd'hui Golden State est la place forte du basket en NBA, ce n'est pas le fruit du hasard. Ces dernières années, la franchise de la Bay Area a pris des risques et tenté des options originales que peu d'autres organisations auraient validé. Une succession de paris sportifs qui ont défini le visage de ce groupe.
13 mars 2012 : Trader Monta Ellis contre Andrew Bogut
On l'oublie souvent, mais pendant quelques années Monta Ellis a été ce qui ressemble le plus à un franchise player pour les Warriors. Le "Mississipi Missile" avait alors l'étiquette d'un croqueur invétéré et d'un scoreur de masse, mais ses performances laissaient penser qu'avec un supporting cast de qualité, il pouvait devenir l'un des attaquants majeurs de la ligue. C'est donc presque une surprise lorsque la franchise californienne annonce au beau milieu du mois de mars que son arrière est envoyé à Milwaukee avec Ekpe Udoh et Kwame Brown, contre Stephen Jackson (qui n'est plus que l'ombre de lui-même) et... Andrew Bogut.
L'Australien, ex-n°1 de Draft a connu plusieurs blessures très handicapantes ces dernières années, notamment un bras fracturé, et ne paraît pas être une plus-value phénoménale à ce moment de sa carrière. Ironie du sort, dès le lendemain du trade, les Warriors reçoivent les Bucks à l'Oracle Arena. Ellis connaîtra ensuite des expériences mitigées à Dallas et Indianapolis, pendant que Bogut revenait dans une forme acceptable et aidait les Warriors à se transformer progressivement en machine de guerre grâce à son agressivité et son goût du combat. Le départ d'Ellis coincide aussi avec la montée en puissance, du moins en termes de responsabilités, de Stephen Curry, qui serait probablement resté un deuxième arrière discret bien que talentueux pendant quelques années encore sans cette manoeuvre.
1er novembre 2012 : Stephen Curry prolonge malgré les blessures
Les débuts de Stephen Curry en NBA n'étaient pas forcément annonciateurs de l'époustouflante domination individuelle qu'il établirait quelques années plus tard. Tout le monde avait évidemment remarqué que le meneur des Warriors était un shooteur exceptionnel et un attaquant très doué. Malheureusement, la fragilité de ses chevilles donnait l'impression que l'on devrait se contenter de 50 matches par an de celui qui n'était alors que "le fils de Dell". Les Warriors ont heureusement la chance d'avoir dans leur organigramme des personnes compétentes et très inspirées.
Là où beaucoup de franchises n'auraient pas levé le petit doigt pour le prolonger afin de "mettre leurs billes" ailleurs, Jerry West, le conseiller du président, et Bob Myers, le General Manager, ont, avec l'aval du propriétaire Joe Lacob, rapidement dégainé une proposition de prolongation de contrat de 4 ans et 44 millions de dollars au "Baby-faced Assassin". Aujourd'hui, ces chiffres paraissent dérisoires au vu de l'impact de Curry, mais à l'époque beaucoup avaient critiqué ce choix et estimé qu'il ne se montrerait jamais à la hauteur de l'investissement. Sans cette prise de risques, les Warriors seraient peut-être encore dans le ventre mou de la Conférence Ouest aujourd'hui et le double MVP en titre ne jouirait pas d'une telle popularité.
5 juillet 2013 : Les Warriors misent gros sur Andre Iguodala
Au début de l'été 2013, Andre Iguodala sort d'une saison de transition à Denver, où il a été envoyé par les Sixers dans le cadre du blockbuster trade de Dwight Howard aux Lakers. "Iggy" a été sélectionné pour la première (et dernière) fois de sa carrière au All-Star Game l'année passée, mais il a davantage l'étiquette d'un second ou d'un franchise player au rabais que d'une vraie star. Les Warriors, que l'on dit à la base en quête d'un grand nom pour se joindre à la liste des contenders (Dwight Howard notamment), offrent alors 48 millions de dollars sur 4 ans à Iguodala et abandonnent deux premiers tours de Draft via un sign and trade. Ce n'est qu'après d'interminables négociations et le départ d'Andris Biedrins, Richard Jefferson et Brandon Rush (revenu l'an dernier) que Golden State réussit cette transaction jugée prioritaire en interne. L'argent s'avère finalement très bien dépensé, puisqu'après une saison de rodage sous les ordres de Mark Jackson, il endosse le costume de 6e homme et de "LeBron stopper", ce qui lui vaudra un titre de MVP des Finales NBA en 2015.
14 mai 2014 : Steve Kerr remplace Mark Jackson
En 2014, la cote de Mark Jackson en NBA est assez élevée. Les progrès des Warriors depuis son arrivée sont flagrants et sa gouaille passionnée est assez appréciée de la plupart de ses joueurs. Alors que son équipe s'est inclinée en 7 matches face aux Clippers, Jackson est démis de ses fonctions, les dirigeants estimant qu'une "nouvelle voix au sein du vestiaire était nécessaire". On sait aujourd'hui que le côté "illuminé de Jesus" et la volonté de responsabilités élargies de Jackson ont joué en sa défaveur. Peu d'équipes auraient toutefois osé limoger un coach avec un bilan aussi prometteur et des relations avec les cadres de l'équipe aussi bonnes.
Tout le monde envisage alors la venue d'un grand nom ou d'un technicien chevronné. Peu après le renvoi de l'ancien meneur des Knicks et des Pacers, le General Manager Bob Myers annonce pourtant la signature de Steve Kerr, l'ancien sniper des Bulls et des Spurs. S'il est très apprécié dans le milieu, Kerr n'a aucune expérience sur un banc de touche et donc pas vraiment le profil d'un homme capable de faire franchir un cap à cette équipe. D'autant que sa seule expérience au sein d'un staff s'est terminée en eau de boudin du côté de Phoenix... Là encore, le flair des dirigeants de Golden State a fait la différence. Kerr sera bien l'homme adéquat, sans perdre son côté gentleman, puisqu'il remerciera Mark Jackson pour les bases laissées en héritage au moment de recevoir son trophée de coach de l'année en mai dernier.
11 juillet 2014 : Shaun Livingston débarque
Au début de la saison 2014-2015, Bob Myers et Steve Kerr sont d'accord sur un point : Stephen Curry a besoin d'un back-up fiable pour composer avec ses éventuelles absences. Shaun Livingston, qui sort d'une saison intéressante à Brooklyn après une traversée du désert et des déménagements en pagaille, est l'heureux élu. Sur le papier, ce n'est pas sexy et beaucoup pensent que Golden State pouvait trouver mieux et moins risqué sur le marché. Myers sait lui que Livingston, s'il parvient à enchaîner les matches sans pépins physiques, peut-être l'un des pions essentiels de la rotation et un "match-up nightmare" grâce à sa taille (2.01m). La jugeotte de Myers se confirme à chaque fois que l'ancien phénomène de lycée entre sur le parquet, même pour une dizaine de minutes. Il est objectivement aujourd'hui l'un des deux ou trois meilleurs meneurs remplaçants de la ligue et beaucoup de franchises doivent se mordre les doigts de ne pas avoir tenté le coup.
Eté 2014 : Golden State refuse le trade Klay Thompson/Kevin Love
Au sortir de la saison 2013-2014, tout le monde est au courant : Kevin Love ne prolongera pas à Minneapolis et ses dirigeants sont contraints de trouver le meilleur deal possible pour ne pas le perdre sans contrepartie l'été suivant. Golden State est sur les rangs et des discussions avancées ont lieu avec les Wolves autour d'un trade envoyant Klay Thompson dans le Minnesota pour permettre à Kevin Love de retrouver sa Californie natale. Sur le papier, l'opération paraît extrêmement favorable aux Warriors, qui récupéreraient un All-Star capable, lorsqu'il le souhaite, d'enchaîner les matches à 20 points et 20 rebonds, perdant "seulement" un shooteur et un attaquant doué mais visiblement pas encore taillé pour être une option offensive majeure.
Tout le monde pense alors que la transaction va se faire entre les deux anciens amis d'enfance. C'est sans compter Jerry West, qui menace de démissionner si Thompson est tradé, et d'une partie du comité directeur favorable au statu quo. Love rejoindra finalement Cleveland dans le cadre d'un deal impliquant Andrew Wiggins et cherche encore aujourd'hui sa place chez les Cavs. Klay Thompson, lui, talonne son Splash Brother en matière de records et est un All-Star incontournable, peut-être bientôt auréolé d'une deuxième bague de champion NBA.