Des titres, des titres et encore des titres
Oui, c’est l’argument le plus évident et aussi le plus facile. Pour recruter un joueur de la trempe de KD, qui n’a toujours pas réussi à remporter sa première bague de champion NBA à 27 ans, il faut être en mesure de le persuader qu’il va gagner le trophée Larry O’Brien. Sur le papier, les Warriors disposaient de tous les arguments pour le convaincre sur ce point bien précis, même si OKC avait été finalement très proche de les battre lors des récents Playoffs. Et pourtant, selon l’excellent Marc J. Spears de The Undefeated, Durant avait des doutes, il avait peur de casser l’alchimie des Dubs. Des craintes qui ont été rapidement balayées par le discours collectif de Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green et Andre Iguodala, présents et actifs lors de cet entretien dans les Hamptons."Nous lui avons demandé combien de titres il pensait que nous étions en mesure de remporter actuellement. Combien de titres il pouvait gagner sans nous. Puis combien de titres il pensait que nous pouvions gagner ensemble", a partagé Green.En s’appuyant sur la fameuse devise qui a fait le succès de cette équipe, "Strength In Numbers", les Warriors ont donc invité Durant à se projeter sur un futur ensemble où ils allaient joindre leurs forces pour aller gagner des bagues et créer une dynastie. Et il faut se mettre à la place de la superstar, en répondant honnêtement aux questions posées par les Californiens, son choix devient tout de suite logique.
Des statistiques qui vont s’améliorer
Une star comme Durant a forcément un égo important, on n’arrive pas à un tel niveau sans. En s’engageant avec les Warriors, l’ailier prend un risque sur le plan individuel. Avec Curry, Thompson et Green, il va devoir partager la gonfle et ses statistiques individuelles pourraient donc souffrir. Mais avant même que cette question soit évoquée par le natif de Washington, les Warriors ont décidé de le rassurer à ce sujet en lui assurant qu’il allait pouvoir conserver son style de jeu."Nous lui avons dit qu’il n’allait pas avoir besoin de changer le joueur qu’il était. Il n’a pas besoin de changer sa façon de jouer. Nous allons lui donner l’opportunité d’avoir ses tirs. S’il tourne à 40% à longue distance en étant contesté, quel sera le résultat en étant ouvert ?", a continué Green.Et c’est peut-être l’une des prouesses réalisées par les Warriors sur ce dossier. Car bien évidemment, le risque pour KD de voir son influence sur le jeu diminuer au sein d’une telle armada est grande, mais les champions NBA ont réussi à le convaincre qu’il allait pouvoir continuer à jouer comme à OKC, tout en bénéficiant de l’apport des autres joueurs à ses côtés pour être encore meilleur. Encore une fois, sur le papier, c’est une offre séduisante et surtout réalisable dans le jeu collectif des Warriors (même si le partage de la gonfle sera intéressant à voir en réalité).
Stephen Curry est prêt à lui laisser le trône
Voici peut-être l’élément qui a aussi compté dans la réflexion de Durant ! Double MVP de la saison régulière, Stephen Curry est incontestablement le leader des Golden State Warriors. Il est le visage de cette formation. Il est le visage de la NBA. Sauf qu’il s’en fout... Sûrement marqué par le récent échec lors des Finales, dont il a assumé la responsabilité devant les médias, le meneur a clairement fait comprendre, par ses messages personnels envoyés après le rendez-vous entre KD et les Warriors, qu’il était prêt à lui laisser la place de numéro 1. Selon les indiscrétions d’une source visiblement sûre, Curry a expliqué à son nouveau partenaire qu’il se moquait "d’incarner" cette équipe, de recevoir les louanges des médias, de faire vendre (ils n’ont pas le même équipementier). Encore plus fort, le MVP des saisons régulières 2015 et 2016 a même assuré qu’il serait au premier rang pour applaudir Durant s’il venait à remporter le titre de MVP en étant un membre des Warriors. Une image forte. Pour résumer, Stephen Curry a simplement proposé à Kevin Durant de venir s’associer avec lui pour remporter un maximum de titres, en se montrant lui prêt à sacrifier tous les aspects individuels...Jerry West, ce sorcier...
En 1996, Shaquille O’Neal avait accepté de rejoindre les Los Angeles Lakers pour ensuite connaître de nombreux succès en Californie. L’homme qui avait réussi à convaincre le pivot de rejoindre les Angelenos ? Jerry West. Désormais membre de l’organisation des Warriors, le logo de la NBA a encore joué un rôle clé dans la venue de KD à Golden State. Après le rendez-vous entre les Californiens et l’ailier, West a personnellement appelé par téléphone le lendemain Durant pour lui dire qu’il allait être l’élément idéal pour compléter cette équipe. Pour marquer l’esprit de son interlocuteur, l'homme de 78 ans n’a pas hésité à s’appuyer sur sa propre expérience, puisqu’il affiche un bilan total de 1 victoire - 7 défaites lors des Finales NBA, pour expliquer à l’ancien patron de l’Oklahoma City Thunder qu’il allait regretter toute sa vie les occasions manquées de remporter une bague."Qu’est ce qui a été la clé pour recruter Kevin Durant ? Jerry West", a d’ailleurs assuré un membre de l’organigramme des Warriors.La peur de ne jamais remporter le moindre titre dans sa carrière, une faille que West a visiblement exploité à la perfection. Et quoi de mieux pour être dans les meilleures conditions pour gagner une bague que de rejoindre l’équipe qui vient d’atteindre deux saisons de suite les Finales NBA et qui paraît, même sans toi, armée pour le faire pendant encore quelques années ? "Si tu ne peux pas les battre, rejoint-les", la formule publiée (avec ironie) par Paul Pierce après l’annonce de la décision de Durant a été clairement un axe développé par les Warriors. Une dynastie. Des responsabilités inchangées. Un rôle de star offert par le patron actuel. Une histoire à ne pas rater. Le cocktail détonnant et payant qui a permis à Golden State d’enrôler Kevin Durant... et d'effectuer l’un des plus grands coups de l’histoire de la NBA ? L’avenir nous le dira.