Pourquoi Giannis Antetokounmpo ne doit PAS défendre sur Kevin Durant

DPOY la saison dernière, Giannis Antetokounmpo se sent prêt à se coltiner Kevin Durant. C’est pourtant une mauvaise idée.

Pourquoi Giannis Antetokounmpo ne doit PAS défendre sur Kevin Durant
Twitter is a bitch. Comme le disait Orelsan, « si c’est marqué sur internet, c’est peut-être faux mais c’est peut-être vrai. » C’est toute la problématique avec le World Wide Web : on y trouve de tout. Des analyses intéressantes et des conneries sans nom. Des arguments de qualités et d’autres débats complètement à côté de la plaque. Ça s’applique à tous les domaines, NBA y compris bien évidemment. Et sur Giannis Antetokounmpo, on peut lire un paquet de bêtises. Considéré par certains comme un « girafon » sans aucune technique, le Grec s’est développé une armée de détracteurs en marquant l’Histoire de la grande ligue. Parce qu’il est ce double-MVP qui montrerait des limites en playoffs. Celui qui ne saurait que « courir et dunker » pour reprendre les mots de James Harden. Parce qu’il est ce DPOY qui ne se coltine pas toujours le meilleur attaquant adverse. Et ça, ça agace une partie des passionnés de balle orange qui peinent à accepter qu’il ait reçu autant de trophées sans finalement passer le cap une fois la saison régulière terminée. La série très intéressante entre les Milwaukee Bucks et les Brooklyn Nets fait beaucoup parler. Et on peut lire après chaque match plein de suggestions sur ce que la franchise du Wisconsin n’a pas su faire, ou ce qu’elle aurait dû faire, ou ce qu’elle a mal fait. Alors qu’elle a pourtant gagné trois matches sur six jusqu’à présent. Au cœur des discussions, certaines limites du coach Mike Budenholzer. Notamment son manque d’ajustements – pour le coup, les Bucks en ont fait plusieurs sur le Game 6. Parmi les changements réclamés, celui de l’assignement défensif de Giannis Antetokounmpo. Mais pourquoi donc un joueur présenté comme l’un des « meilleurs stoppeurs de la ligue » ne prend même pas l’attaquant le plus prolifique au marquage ? L’ironie, c’est que ça, justement, c’est un ajustement que Budenholzer ne doit PAS faire. Parce que le raisonnement est erroné et résulte d’une mauvaise perception du basket actuel pratiqué en NBA. Un membre du forum Reddit s’est lancé dans une longue explication sur le sujet, histoire d’éduquer certains de ses pairs. Des points que nous allons reprendre, parce que nous sommes entièrement d’accord, avant de donner les nôtres, qui vont dans le même sens. Après le Game 5 et les 49 points de Kevin Durant, le « Greek Freak » assurait devant la presse qu’il se tenait « prêt » à défendre sur la superstar adverse. Budenholzer ne l’a pas écouté. Et heureusement. Plusieurs joueurs ont contribué à « limiter » KD à 32 points hier soir. Mais c’est essentiellement PJ Tucker qui a hérité du gros du boulot. Pour une victoire de Milwaukee, 104 à 89. La preuve que cet ajustement n’était probablement pas le plus nécessaire. Giannis s’incline : « KD est le meilleur joueur du monde » Il faut comprendre comment jouent les Nets et Durant. L’une de leurs principales stratégies consiste à poser des écrans très hauts sur son vis-à-vis en tête de raquette. Le plus souvent via Bruce Brown, qui est habituellement défendu par… Brook Lopez. Dans cette situation, Brown vient donc au niveau de la ligne à trois-points pour jouer le pick avec KD, qui dispose du ballon. Lopez sait très bien qu’il n’est pas assez vif pour venir se coller à Durant. Sous peine de se faire crosser et de le laisser driver facilement vers le cercle. Une option inenvisageable. Alors le pivot reste scotcher dans la raquette, en droppant très bas, pour couvrir l’accès au panier. La charge revient alors à celui qui défendait sur la star au départ de l’action. Il doit batailler à travers l’écran pour éviter de donner à son adversaire un tir trop facile à mi-distance. Et tout le monde sait les dégâts que peut faire le double champion NBA dès qu’il a l’occasion de prendre sa chance. On en vient à Giannis Antetokounmpo. Même s’il est mobile pour sa taille, il reste un joueur très grand. Et les grands sont rarement les plus rapides quand il s’agit de se déplacer latéralement. Il a plein d’atouts défensifs. Mais ça n’en fait pas partie. Et comme Lopez, il connait ses limites.
« C’est dur et je sais que je ne suis pas bon dans ce domaine », confiait l’intéressé il y a quelques jours.
L’envoyer en mission sur Durant, c’est prendre le risque d’offrir à l’un des meilleurs scoreurs de l’Histoire une quantité astronomique de tirs ouverts à mi-distance. Parce qu’Antetokounmpo mettra probablement trop de temps à recouvrir après chaque écran, et laissera donc son vis-à-vis en position pour dégainer possession après possession. La question se posait nettement moins face au Miami Heat et à Jimmy Butler. Malgré tout son talent, Jimmy « Buckets » est un piètre shooteur à trois-points. Plutôt que de batailler pour passer par-dessus les picks, Giannis Antetokounmpo n’avait qu’à passer dessous, quitte à inciter Butler à prendre sa chance derrière l’arc. Avec Kevin Durant ? Absolument impossible. Beaucoup trop adroit de loin. Deux joueurs différents, deux assignements différents. Mais surtout, encore et toujours une fausse idée. Celle selon laquelle le meilleur joueur d’une équipe devrait défendre sur le meilleur joueur de celle d’en face. Une pensée noble mais obsolète dans la NBA moderne. L’ère des isolations au poste haut, à 45 degrés ou au poste bas, l’ère des post-ups, l’ère du « Hero Ball » a presque disparu. Bien sûr que ces situations se retrouvent encore en match. Mais elles ont été remplacées par des dizaines et des dizaines et des dizaines d’écrans. Il n’y a plus un mec qui défend sur un mec. C’est comme si une partie du public pensait que le basket se jouait comme un un-contre-un sur un playground. Giannis Antetokounmpo va sur Kevin Durant ? En un ou deux picks, les Nets peuvent forcer un switch et laisser KD attaquer un autre défenseur. Si les franchises les plus ambitieuses se cherchent constamment plus d’ailiers polyvalents, de stoppeurs différents, ce n’est pas juste pour l’éventualité de rencontrer une « super team. » C’est parce qu’il faut bien cinq joueurs sans failles pour être sûr de ne pas être ciblé constamment sur les écrans. Autrement dit : compter sur Antetokounmpo mais aussi Khris Middleton, PJ Tucker, Jrue Holiday et compagnie, c’est l’assurance d’avoir au moins un bon défenseur en permanence sur Durant après chaque pick. Comment PJ Tucker se la joue « années 90 » pour freiner Kevin Durant Certains fans réclamaient la même évolution tactique aux Los Angeles Clippers après les deux défaites contre les Dallas Mavericks. Ils voulaient voir Kawhi Leonard sur Luka Doncic. Il s’est exécuté. Mais en réalité, il était loin d’être le seul à assurer la tâche. Marcus Morris, Paul George, Nicolas Batum. Ils se sont tous relayés selon les écrans posés par les Texans. La seule vraie différence entre les deux premiers matches et les cinq suivants, c’est le temps de jeu accordé à Patrick Beverley. Il se faisait manger par le Slovène. Parce que trop petit. Donc constamment ciblé. D’ailleurs, on notera quand même que Leonard, un double-DPOY, défend finalement très, très rarement sur le meilleur attaquant adverse. Et c’est logique ! Est-ce que vous imaginez la débauche d’énergie que ça représente ? De courir constamment, de se manger des écrans de loubards qui pèse plus de 110 kilos ? C’est un effort intense tout au long de la soirée. Ça demande du jeu. Sauf que les superstars sont aussi censées faire la différence en attaque dans une ligue bien plus rapide qu’il y a 30 ans. Elles ont besoin de garder de la lucidité pour faire les bons choix dans les moments importants. Elles ont besoin de jus. Et donc de ne pas trop en gaspiller en assurant un boulot herculéen des deux côtés du terrain. Ça ne veut pas dire que les meilleurs éléments ne doivent pas défendre, au contraire. Mais c’est mieux quand un joueur spécialisé dans le domaine se coltine la majeure partie du travail. Un PJ Tucker par exemple. Gardez ça en tête avant les prochains débats. Et n’oubliez pas, après tout, ça aussi, c’est juste un article internet. C’est peut-être vrai. Ou c’est peut-être juste une théorie bidon. A vous de vous faire votre avis.